Split
(M. Night Shyamalan, 2017)
J'avais
déjà bien aimé The Visit, projet modeste sur des ogres, le
cinéaste poursuit sur ce thème. Kevin (James McAvoy), crâne rasé,
grosses lunettes, chemise grise, kidnappe Casey (Anna Taylor Joy) une
jeune fille qui sort d'un anniversaire. Les regards caméra des deux
personnages qui se jaugent sont étonnants, si l'on est pris par ce
jeu de confrontation dès le début, tout fonctionne, sinon... Deux
enjeux sont à l'œuvre. Raconter un kidnapping à l'ancienne, avec
tentative d'évasion, angoisse des enlevées, ce film-là est joué
par les deux filles kidnappées avec Casey, une vision banale du
genre. Et à côté, Casey et Kevin développent une autre partition.
On sait dès l'affiche que Kevin est dinguos. James McAvoy joue
seulement quatre personnages, Barry le styliste gay, Hedwig le gamin
zozotant, deux compositions plutôt comiques, et aussi Dennis le
kidnappeur et sa mère Patricia, dans une variation hitchcockienne où
vient s'ajouter la psychiatre (et un plan « hommage »
d'un escalier en plongée).
Loving
(Jeff Nichols, 2016)
Décidément,
je n'arrive pas à aimer un film de Jeff Nichols, ni à m'intéresser
à son histoire, son sujet, ses thèmes, sa mise en scène. Le
cinéaste prend le parti pris rivettien de la lenteur, de la
langueur, de l'étirement, sans que je ne sache si cela est
volontaire ou non. La scène d'ouverture « je suis enceinte »,
longue pause, contre-champ « très bien », longue pause,
champ, est exemplaire de la méthode, voire du système de Jeff
Nichols, de rendre tout anti-spectaculaire. Le film de vengeance
(Shotgun stories), le film catastrophe (Take shelter),
la SF (Midnight special) passent à la moulinette de cette
déstructuration et paradoxalement, tout se ressemble, comme si le
cinéaste cherchait à tout prix à clamer haut et fort qu'il est un
auteur avec un univers et une esthétique. Cela dit, cette méthode
est radicalement moderne comparée à la pléthore de pathos des
films récents qui accablent avec leur récit édifiant.
Alibi.com
(Philippe Lacheau, 2017)
Il
faudra un jour que je comprenne cet engouement de la comédie
française actuelle pour les années 1980. Ici, le personnage de
Philippe Lacheau a comme film préféré Bloodsport avec
Jean-Claude Van Damme et comme chanson favorite Partenaires
particuliers. (Brice de Nice 3 jouait sur le même tableau, et
d'autres films également, voir la Fuego de Kad & Olivier). Il
doit y avoir une sorte d'innocence perdue là-dessous à retrouver,
une madeleine enfouie dans cette médiocrité des années 1980. Et le
film la trouve, la retourne comme une crêpe avec des gags dignes
d'une comédie de boulevard d'Anémone, de Lhermitte, de Balasko des
années 1980, vous vous rappelez Nuit d'vresse, Le Mariage
du siècle, Les Hommes préférèrent les grosses, Ma
femme s'appelle reviens ? Alibi.com cherche son
comique dans cette direction et souvent, c'est hilarant et oublié
dès la sortie du cinéma.
Rock
'n roll (Guillaume Canet, 2017)
Un
soupçon de Grosse fatigue (l'acteur qui déprime et qui
décide d'un exil intérieur), un zeste de Les Acteurs (le
Blier bourré de caméo qui jouent leur propre rôle avec second
degré) et bonne dose de monstruosité dans le dernière demi-heure
(mais il paraît qu'il ne faut pas raconter). Tout n'est pas réussi
dans Rock 'n roll, mais quand c'est réussi, c'est très
drôle, souvent caustique et parfois mélancolique. Je sais bien que
beaucoup de gens détestent Guillaume Canet et que son narcissisme
affiché et proclamé dans son dernier film ne va pas les
réconcilier, mais c'est très rare un tel masochisme au cinéma,
c'est devenu rare de parler du corps de l'acteur, de sa fonction, de
son prix et d'en faire le sujet d'un film. Guillaume Canet ne parle
que de son corps minable qu'il déteste quand tous les autres acteurs
ne lui parlent que de rôle, de box office, de césar (qui servent à
faire tenir la table basse chez Marion Cotillard). Je l'aime bien
Guillaume Canet.
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