Zigoto,
en voilà un nom rigolo. L'acteur et réalisateur Larry Semon n'est
plus très connu aujourd'hui, mais Lobster avait édité quelques une
de ses courts métrages dans des coffrets Laurel et Hardy avant
qu'ils ne soient en duo. Huns and hyphens (les boches et les
traits-d'union) est titré en français Zigoto vicomte par amour.
En effet, Zigoto se fait passer auprès de Vera Bright (Madge Kirby)
une jeune femme pour un vicomte, bien habillé, digne et qui lui fait
la cour.
Il
n'est absolument pas aristocrate comme la scène suivante le
démontre. Il file dans une minuscule automobile (enfin, une carriole
pour enfants tractée par d'autres voitures grâce à une corde), il
rentre dans un restaurant. Tous les serveurs s'approchent, retirent
les vêtements de Zigoto qui enfile son tablier et devient lui aussi
serveur. Un de ses collègues pose sur sa main un plateau, il ne lui
reste plus qu'à aller en salle.
Vicomte
ou serveur, Zigoto garde le même regard quand il se change mais
s'énerve tout rouge quand un client du restaurant ne se lève pas
pour l'hymne national. Faut dire que les traîtres sont légion. Ces
traîtres ont prêté allégeance au Kaiser (on est donc dans les
derniers mois de la première guerre mondiale) et ces gredins veulent
voler les plans élaborés par Vera Bright, elle a construit un
masque à gaz.
Parmi
tous ces renégats, on trouve le valet de Vera qui alerte ses
complices, tout simplement le patron du restaurant, mais aussi tous
les autres serveurs et un client qui est interprété par Stan
Laurel. Stan fait semblant d'être un simple client, mais il vole des
œufs, Zigoto lui donne un coup de pied au cul. Les œufs se cassent
et il en sort des poussins aux pieds de Stan. Le comique de Larry
Semon est aussi empreint de poésie.
Passé
le splastick facile à la mode dans le comique de l'époque (coups de
pied, baffes, chutes, envoi d'objets, un serveur qui se déplace à
quatre pattes), Larry Semon règle admirablement les entrées et
sorties de ses personnages dans la grande scène des portes qui
claquent. Pour pimenter le tout, il détruit tout le décor en
balançant les traîtres sur les murs qui s'effondrent, telle une
métaphore de la fin de l'Empire allemand.
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