mercredi 15 février 2017

Ip Man3 (Wilson Yip, 2015)

Dans Ip Man 2, Bruce Lee enfant venait voir le maître du wing chun. Ip Man 3 se situe en 1959 et dans la séquence d'ouverture, un jeune homme, fin, musclé arrive dans l'école d'arts martiaux de Ip man (Donnie Yen). « Vous vous souvenez de moi, je suis Siu-lung », dit un Bruce Lee (David Chan) désormais adulte qui revient dans l'espoir de devenir le disciple du maître. Et c'est parti pour une scène échevelée d'esquives, Ip Man s'allume une cigarette, le pied de Bruce tente de d'atteindre l'allumette, puis la cigarette, chaque fois, comme si ce n'était qu'un brise de vent, Ip Man continue son train train quotidien.

Bruce Lee ne deviendra pas l'élève de Ip Man mais tout le film se concentre autour de cette notion d'élève, de disciple, de maître et d'apprentissage. D'ailleurs, le lieu central de Ip Man 3 est une école, celle que fréquente le fils cadet du maître et qui est menacée par Frank (Mike Tyson). Patron d'un chantier naval, il veut s'approprier des terrains et des bâtiments sans payer, en menaçant (vieux scénario à la hongkongaise, ces biens mal acquis étaient déjà en 1974 dans La Fureur du dragon) et pour cela, Frank a un gang de gros bras dirigé par Sang (Patrick Tam) et le soutien du chef de la police, un Britannique.

Ip Man et ses hommes vont aider à surveiller l'école, ce qui désespère l'épouse du maître. Cheung (Lynn Hung) ne voit plus son mari. La partie maritale dans Ip Man 3 est très présente et se développe sur deux axes. Le premier est mélodramatique. Cheung apprend qu'elle a un cancer très avancé. Elle va d'abord seule à l'hôpital puis Ip Man finira par prendre soin d'elle, par l'accompagner constamment au détriment de son école de wing chun. L'autre axe est plus romantique. Cheung veut apprendre à danser avec son mari qui oublie de venir aux cours. Mais il se repentira et deviendra un mari modèle.

Le récit est riche en rebondissements et en personnages. D'un côté Frank et Sang, deux personnages très occidentalisés. Frank pratique la boxe et Sang s'habille en rocker, veste rouge et lunettes de soleil. Totalement à l'opposé de Ip Man avec ses tenues noires traditionnelles. De l'autre côté, les autres maîtres de kung-fu, dont Tin (Leung Kar-yan), emblèmes d'un passé voué à disparaître, celui d'une Chine des traditions, de la loyauté et de la piété familiale. Et au milieu, l'inspecteur Po (Kent Cheng) qui sert autant de tampon qu'il conspue la corruption des étrangers qui viennent coloniser Hong Kong (comme Ip Man 2, le film verse dans la xénophobie).

Il reste un élément clé à présenter. Ip Man se voit défier par Tin (Max Zhang) qui ne jure que par la pureté du wing chun. Il va jusqu'à appeler son fils « disciple » et se faire donner du « sifu » au lieu de papa. D'abord allié (il défend l'école contre Sang et ses hommes), il se laisse corrompre, puis achète la presse pour se faire de la publicité. Tin défie Ip Man après avoir défié tous les maîtres d'arts martiaux. Mais Ip Man ne viendra pas. Wilson Yip offre un montage parallèle où Ip Man prend enfin des cours de danse (donnés par Bruce Lee, ironiquement) tandis que Tin et ses hommes attendent solennellement la venue du maître du wing chun.

Evidemment Ip Man 3 ne serait pas aussi efficace sans ses combats de kung-fu. Il faut donc parler des chorégraphies des combats signés par Yuen Woo-ping. L'un a lieu dans le hangar des chantiers navals, Tin et Ip Man se battent contre des dizaines d'hommes. Après l'immensité du hangar, l’exiguïté d'un ascenseur où Ip Man, qui part avec sa femme de l'hôpital, est pris à partie par un thaïlandais. Dans les deux cas, la mise en scène des espaces fait des merveilles. Le dernier combat voit s'affronter Tin et Ip Man. Une bonne dizaine de minutes composée de longs plans amples, sans une seule parole échangée entre les deux adversaires.




















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