Dans
Ip Man 2,
Bruce Lee enfant venait voir le maître du wing chun. Ip
Man 3 se situe en 1959 et dans
la séquence d'ouverture, un jeune homme, fin, musclé arrive dans
l'école d'arts martiaux de Ip man (Donnie Yen). « Vous vous
souvenez de moi, je suis Siu-lung », dit un Bruce Lee (David
Chan) désormais adulte qui revient dans l'espoir de devenir le
disciple du maître. Et c'est parti pour une scène échevelée
d'esquives, Ip Man s'allume une cigarette, le pied de Bruce tente de
d'atteindre l'allumette, puis la cigarette, chaque fois, comme si ce
n'était qu'un brise de vent, Ip Man continue son train train
quotidien.
Bruce
Lee ne deviendra pas l'élève de Ip Man mais tout le film se
concentre autour de cette notion d'élève, de disciple, de maître
et d'apprentissage. D'ailleurs, le lieu central de Ip
Man 3 est une école, celle
que fréquente le fils cadet du maître et qui est menacée par Frank
(Mike Tyson). Patron d'un chantier naval, il veut s'approprier des
terrains et des bâtiments sans payer, en menaçant (vieux scénario
à la hongkongaise, ces biens mal acquis étaient déjà en 1974 dans
La Fureur du dragon)
et pour cela, Frank a un gang de gros bras dirigé par Sang (Patrick
Tam) et le soutien du chef de la police, un Britannique.
Ip
Man et ses hommes vont aider à surveiller l'école, ce qui désespère
l'épouse du maître. Cheung (Lynn Hung) ne voit plus son mari. La
partie maritale dans Ip Man 3
est très présente et se développe sur deux axes. Le premier est
mélodramatique. Cheung apprend qu'elle a un cancer très avancé.
Elle va d'abord seule à l'hôpital puis Ip Man finira par prendre
soin d'elle, par l'accompagner constamment au détriment de son école
de wing chun. L'autre axe est plus romantique. Cheung veut apprendre
à danser avec son mari qui oublie de venir aux cours. Mais il se
repentira et deviendra un mari modèle.
Le
récit est riche en rebondissements et en personnages. D'un côté
Frank et Sang, deux personnages très occidentalisés. Frank pratique
la boxe et Sang s'habille en rocker, veste rouge et lunettes de
soleil. Totalement à l'opposé de Ip Man avec ses tenues noires
traditionnelles. De l'autre côté, les autres maîtres de kung-fu,
dont Tin (Leung Kar-yan), emblèmes d'un passé voué à disparaître,
celui d'une Chine des traditions, de la loyauté et de la piété
familiale. Et au milieu, l'inspecteur Po (Kent Cheng) qui sert autant
de tampon qu'il conspue la corruption des étrangers qui viennent
coloniser Hong Kong (comme Ip
Man 2, le film verse dans la
xénophobie).
Il
reste un élément clé à présenter. Ip Man se voit défier par Tin
(Max Zhang) qui ne jure que par la pureté du wing chun. Il va
jusqu'à appeler son fils « disciple » et se faire donner
du « sifu » au lieu de papa. D'abord allié (il défend
l'école contre Sang et ses hommes), il se laisse corrompre, puis
achète la presse pour se faire de la publicité. Tin défie Ip Man
après avoir défié tous les maîtres d'arts martiaux. Mais Ip Man
ne viendra pas. Wilson Yip offre un montage parallèle où Ip Man
prend enfin des cours de danse (donnés par Bruce Lee, ironiquement)
tandis que Tin et ses hommes attendent solennellement la venue du
maître du wing chun.
Evidemment
Ip Man 3
ne serait pas aussi efficace sans ses combats de kung-fu. Il faut
donc parler des chorégraphies des combats signés par Yuen Woo-ping.
L'un a lieu dans le hangar des chantiers navals, Tin et Ip Man se
battent contre des dizaines d'hommes. Après l'immensité du hangar,
l’exiguïté d'un ascenseur où Ip Man, qui part avec sa femme de
l'hôpital, est pris à partie par un thaïlandais. Dans les deux
cas, la mise en scène des espaces fait des merveilles. Le dernier
combat voit s'affronter Tin et Ip Man. Une bonne dizaine de minutes
composée de longs plans amples, sans une seule parole échangée
entre les deux adversaires.
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