C'était
le premier film américain de Stephen Frears, et depuis 1988, il
navigue entre les deux continents, des films avec des stars à
Hollywood et des comédies ou drames sociaux en Grande Bretagne, et
parfois l'inverse. C'était aussi son premier film en costumes
d'époque, il en raffolera. J'imagine que si Warner a engagé Stephen
Frears, c'est parce qu'il a tourné trois films sur la sexualité, My
beautiful laundrette, Prick up your ears et Samy et
Rosie s'envoient en l'air (que je n'ai pas pu revoir).
Les
Liaisons dangereuses n'est pas un adaptation directe du roman de
Choderlos de Laclos, mais celle d'une pièce de théâtre écrite par
Christopher Hampton d'après le roman. Soit deux Britanniques qui
font un film produits par les USA mais tourné en France avec des
interprètes américains, qui bien évidemment parlent tous en
anglais. Glenn Close est Madame de Merteuil et John Malkovich est le
vicomte de Valmont, ils sont les meneurs du jeu, ils sont égaux dans
le libertinage mais de manière différente.
Le
générique, sans dialogue, illustre la théâtralité de leur
pouvoir. Merteuil est devant son miroir, elle attend de se farder, de
se vêtir, de se coiffer, ses nombreux domestiques l'aident. Le
visage de Valmont n’apparaît pas, contrairement à celui de
Merteuil. Caché sous ses draps, de dos, portant un masque et sa
perruque, et enfin, il montre son vrai visage face caméra, le
sourire ironique. Les voilà tous les deux portant les habits de la
vertu mais bien décidés à fomenter quelques mauvais coups contre
les hérauts de la pudeur.
Merteuil
lance un rude pari à Valmont, séduire la jeune Cécile de Volanges
(Uma Thurman, censée avoir 15 ans) qui doit épouser un comte du
double de son âge. Il s'agirait, avant le mariage, de lui faire
perdre sa virginité. Valmont préfère séduire Madame de Tourvel
(Michele Pfeiffer), parangon de vertu qui séjourne chez la vieille
tante de Valmont, Madame de Rosemonde (Mildred Natwick). Il n'en faut
pas plus à Valmont pour se rendre chez sa tante où il va séduire
la Tourvel et mettre enceinte Cécile.
Protégée
par sa mère Madame de Volanges (Swoosie Kurtz) qui a eu écho des
exploits de Valmont, la jeune Cécile est amoureuse du chevalier de
Danceny (Keanu Reeves), son professeur de harpe, trop pauvre aux yeux
de Madame de Volanges. Pervers, la Merteuil et Valmont vont tout
faire pour que Cécile et Danceny puissent s'aimer, en tout cas, ils
le prétendent. Chacun va dicter des lettres que les jeunes
tourtereaux s'enverront tout en les piégeant. Le duo expérimente
toutes les possibilités sur leurs cobayes avant que tout se
retourne, tragiquement, contre eux.
Dans
un mouvement inversé à celui du générique d'ouverture, Valmont et
Merteuil vont petit à petit se défaire des masques qu'ils portent
devant tous les autres. C'est surtout que s'ils étaient égaux dans
le libertinage et le mensonge, ils sont incapables de s'avouer leur
amour mutuel et réciproque. Ces fins tragiques, c'est un duel fatal
entre Danceny et Valmont, c'est les huées pour Merteuil quand elle
se rend au théâtre dont elle ne maîtrise désormais plus la mise
en scène.
Je
n'avais pas revu Les Liaisons dangereuses depuis sa sortie en
mars 1989 et je ne l'avais pas aimé à l'époque et pas plus
aujourd'hui. Les visages de Glenn Close et John Malkovich expriment
immédiatement leur perversité, même quand ils prétendent aider.
Ça m'a toujours gêné. La scène la plus célèbre du film est
scandée par la phrase « it's beyond my control » qui
servira de refrain à Mylène Farmer pour une de ses chansons en
1991, mais je suis plus fan du sketch des Nuls où Bruno Carrette et
Chantal Lauby font des pataquès, c'est-à-dire des liaisons mal-t-à
propos.
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