samedi 18 février 2017

Les Liaisons dangereuses (Stephen Frears, 1988)

C'était le premier film américain de Stephen Frears, et depuis 1988, il navigue entre les deux continents, des films avec des stars à Hollywood et des comédies ou drames sociaux en Grande Bretagne, et parfois l'inverse. C'était aussi son premier film en costumes d'époque, il en raffolera. J'imagine que si Warner a engagé Stephen Frears, c'est parce qu'il a tourné trois films sur la sexualité, My beautiful laundrette, Prick up your ears et Samy et Rosie s'envoient en l'air (que je n'ai pas pu revoir).

Les Liaisons dangereuses n'est pas un adaptation directe du roman de Choderlos de Laclos, mais celle d'une pièce de théâtre écrite par Christopher Hampton d'après le roman. Soit deux Britanniques qui font un film produits par les USA mais tourné en France avec des interprètes américains, qui bien évidemment parlent tous en anglais. Glenn Close est Madame de Merteuil et John Malkovich est le vicomte de Valmont, ils sont les meneurs du jeu, ils sont égaux dans le libertinage mais de manière différente.

Le générique, sans dialogue, illustre la théâtralité de leur pouvoir. Merteuil est devant son miroir, elle attend de se farder, de se vêtir, de se coiffer, ses nombreux domestiques l'aident. Le visage de Valmont n’apparaît pas, contrairement à celui de Merteuil. Caché sous ses draps, de dos, portant un masque et sa perruque, et enfin, il montre son vrai visage face caméra, le sourire ironique. Les voilà tous les deux portant les habits de la vertu mais bien décidés à fomenter quelques mauvais coups contre les hérauts de la pudeur.

Merteuil lance un rude pari à Valmont, séduire la jeune Cécile de Volanges (Uma Thurman, censée avoir 15 ans) qui doit épouser un comte du double de son âge. Il s'agirait, avant le mariage, de lui faire perdre sa virginité. Valmont préfère séduire Madame de Tourvel (Michele Pfeiffer), parangon de vertu qui séjourne chez la vieille tante de Valmont, Madame de Rosemonde (Mildred Natwick). Il n'en faut pas plus à Valmont pour se rendre chez sa tante où il va séduire la Tourvel et mettre enceinte Cécile.

Protégée par sa mère Madame de Volanges (Swoosie Kurtz) qui a eu écho des exploits de Valmont, la jeune Cécile est amoureuse du chevalier de Danceny (Keanu Reeves), son professeur de harpe, trop pauvre aux yeux de Madame de Volanges. Pervers, la Merteuil et Valmont vont tout faire pour que Cécile et Danceny puissent s'aimer, en tout cas, ils le prétendent. Chacun va dicter des lettres que les jeunes tourtereaux s'enverront tout en les piégeant. Le duo expérimente toutes les possibilités sur leurs cobayes avant que tout se retourne, tragiquement, contre eux.

Dans un mouvement inversé à celui du générique d'ouverture, Valmont et Merteuil vont petit à petit se défaire des masques qu'ils portent devant tous les autres. C'est surtout que s'ils étaient égaux dans le libertinage et le mensonge, ils sont incapables de s'avouer leur amour mutuel et réciproque. Ces fins tragiques, c'est un duel fatal entre Danceny et Valmont, c'est les huées pour Merteuil quand elle se rend au théâtre dont elle ne maîtrise désormais plus la mise en scène.

Je n'avais pas revu Les Liaisons dangereuses depuis sa sortie en mars 1989 et je ne l'avais pas aimé à l'époque et pas plus aujourd'hui. Les visages de Glenn Close et John Malkovich expriment immédiatement leur perversité, même quand ils prétendent aider. Ça m'a toujours gêné. La scène la plus célèbre du film est scandée par la phrase « it's beyond my control » qui servira de refrain à Mylène Farmer pour une de ses chansons en 1991, mais je suis plus fan du sketch des Nuls où Bruno Carrette et Chantal Lauby font des pataquès, c'est-à-dire des liaisons mal-t-à propos.




























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