samedi 11 février 2017

Charlotte et Véronique ou Tous les garçons s'appellent Patrick (Jean-Luc Godard, 1957)

Tourné en 1957, Charlotte et Véronique est plus connu avec son deuxième titre Tous les garçons s'appellent Patrick. Jean-Luc Godard, dans son court générique introductif écrit de sa main inimitable, annonce que le scénario est d'Eric Rohmer (le cinéaste a tourné en 1951 Charlotte et son steak et fera Véronique et son cancre en 1958). Jusqu'à quel point le script de Rohmer a-t-il utilisé par Godard ? Ni la légende ni l'Histoire ne le disent vraiment, mais la mise en scène est déjà bien speed, c'est la vitesse qui fait la différence entre les deux cinéastes. De toute façon, Jean-Claude Brialy a toujours raconté que Godard avait improvisé les répliques qu'il donnait aux deux filles. Seul le squelette scénaristique subsiste : deux filles se font draguer par le même garçon.

Charlotte (Anne Colette), cheveux courts et Véronique (Nicole Berger), cheveux longs, vivent ensemble dans un petit appartement. Un seul lit double et sur la tapisserie un poster d'une exposition de Picasso. Une salle de bains où une immense affiche de La Fureur de vivre avec un James Dean qui fait presque la taille des actrices. Véronique doit partir, Charlotte lui donne rendez-vous plus tard au jardin du Luxembourg. Elle lisait sur son lit Hegel, elle lira dans le parc un polar (déjà la passion des livres de Jean-Luc Godard utilisés comme citations). Au Luxembourg, Charlotte se fait draguer par Patrick (Jean-Claude Brialy), ils prennent un verre dans un café et à peine partie, il croise Véronique qu'il drague aussi et ils prennent un verre dans un café. Les deux amies se retrouveront plus tard et parleront de leur après-midi.

Dans les deux cas, son baratin triomphe. Il parvient à les inviter au cinéma, l'une le samedi, l'autre le dimanche. Les dialogues se font sur le mode du match de tennis. Les répliques de Patrick sont des smashs et celles des filles sont de fond de court. Il leur sort à peu près la même chose, notamment une réflexion sur Henri IV qui aurait été le premier roi à avoir fait planter des arbres dans Paris. L'une prend un lait grenadine « c'est snob » lui dit-il, l'autre boit un Coca « c'est tellement démodé ». Il porte des lunettes de soleil avec Charlotte puis c'est Véronique qui en aura. Une fois rentrées chez elles, les filles se lanceront les phrases banales que Patrick leur a proférées. Là réside la grande part de l'humour du film, tout comme dans cet homme au café qui lit Arts (l'hebdo dans lequel écrivaient Godard et Truffaut) ou Véronique qui pose un exemplaire des Cahiers du cinéma sur la table.















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