jeudi 9 février 2017

La Mort aux trousses (Alfred Hitchcock, 1959)

C'est une certitude, La Mort aux trousses est le film d'Alfred Hitchcock que j'ai le plus regardé et celui que je préfère. Ça a commencé quand il n'y avait que trois chaînes de télévision, en version française évidemment, ça a continué au cinéma puis en DVD. J'ai vu le film deux fois en salle en 35mm. La première fois au Grand Action, rue des Ecoles à Paris, projeté sur l'écran concave de la salle Henri Langlois, une version sublime qui venait d'être restaurée. La deuxième fois au Ciné-club de Grenoble sur un écran plat. Là, il est apparu une chose incroyable. Nous (les spectateurs) avons pu découvrir les micros au dessus de Cary Grant et des autres interprètes et puis dans le grand finale sur le Mont Rushmore les projecteurs qui éclairaient les cartons pâtes. Ce n'était pas une hallucination collective, le format avait été respecté par l'opérateur projectionniste, il avait tout simplement oublié de mettre les caches sur l'appareil de projection, en haut et en bas, pour donner l'aspect rectangulaire au film.

Autre certitude : à peu près déjà tout a été écrit sur La Mort aux trousses, le film est puissant, il possède un scénario redoutablement bien écrit, il est admirablement bien joué, ses scènes d'anthologie sont nombreuses, son influence sur les pairs d'Hitchcock est essentielle (Arizona dream est resté dans les mémoires pour sa parodie par Vincent Gallo de la scène de l'avion). Et la musique de Bernard Herrmann, quelle partition magnifique, toute en boucles, en répétitions, en fulgurations (Steve Reich et Philip Glass lui doivent tout). La modernité du film tient à son mode de narration, une linéarité de récit sur un personnage qui n'existe pas (le fameux George Kaplan) qui va enfin prendre corps grâce à un type ultra-conformiste (Roger Thornhill), l'Américain col blanc que joue avec tant de classe Cary Grant. Alfred Hitchcock mettait le spectateur à la place de ce pauvre Roger et lui déversait tout un flot d'aventures dont il devait, tant bien que mal, se sortir. Une révolution cinématographique qu'il réitérera dans Psychose avec Marion Crane.

Aucun autre acteur (d'Hitchcock) n'aurait pu jouer Roger Thornhill comme Cary Grant, ni James Stewart, ni Gregory Peck, ni Henry Fonda, ni Montgomery Clift. Un de mes amis cinéphiles (et admirateur de Cary Grant) m'a toujours donné l'indice suivant : tout tient dans les chemises blanches et si bien repassées que Cary Grant porte. Je me suis amusé à faire une série de captures d'écran (d'après le DVD édité par Warner Bros), ce ne sont donc que des images avec Cary Grant. Il porte ces délicates chemises blanches dans toutes les scènes (à l'exception de celle où il devient le porteur des valises d'Eva Marie Saint sur le quai de la gare pour passer inaperçu). En costumes cravate, sans cravate, en caleçon, jamais Cary Grant ne froisse ses chemises. Pas même lors des trois scènes d'action, la descente en voiture inconscient, l'attaque par l'avion, l'escalade du Mont Rushmore. Plus que l'énigme sur l'identité de George Kaplan, qui met James Mason et Martin Landau dans tous leurs états (-unis) de New York au Dakota, c'est bien ce pli parfait et l’immaculé de ce blanc qui ne cessent de faire sens et de créer le personnage de Roger Thornhill.


























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