Jean Dorel regarde des films: Seijun Suzuki (1923-2017)

jeudi 23 février 2017

Seijun Suzuki (1923-2017)

La Voix sans ombre, L’Age de l’extrême nudité, Abattez la voiture de police, La Jeunesse de la bête, Détective Bureau 2-3, La Barrière de chair, Les Fleurs et les vagues, La Vie d’un tatoué, Histoire d’Akutaro, née sous une mauvaise étoile, Elégie de la bagarre, Le Vagabond de Tokyo, La Marque du tueur, Histoires de mélancolie et de tristesse. Voici quelques uns des titres des films que Seijun Suzuki a tournés pendant son âge d’or, entre 1962 et 1967.

Rien que les titres donnent envie de regarder les films, de voir ce qui se cache derrière. Plusieurs choses font la marque de Seijun Suzuki. Un cadre cinémascope qu’il utilise de différentes façons, il le triture, le modèle, le remplit, le vide. Il faut découvrir le split screen étonnant dans une salle de classe dans Elégie de la bagarre, les décors nus dans Le Vagabond de Tokyo, la profondeur de champ oblique dans La Marque du tueur ou Le Vagabond de Tokyo.

Et les couleurs vives et tranchées, les néons des cabarets, les beaux costumes, les révolvers dressés, sans oublier son acteur fétiche, l’étrange Joe Shishido aux joues bombées, interprète de nombreux de ses films, tour à tour flic, voyou, amant. Seijun Suzuki, mort le 13 février 2017 à 93 ans, laisse une œuvre importante dont on ne connait que le bout de l’iceberg, mais ce sont sans doute ses meilleurs films. J’avais pu voir au cinéma Le Vagabond de Tokyo, projeté en 35mm, c’était en décembre 2002. On y entendait la chanson suivante.

Tetsyua Watari chantait : « Peu importe où il vit, le vagabond, à la dérive, toujours seul. Où sera-t-il demain ? Demande au vent. Demande au cœur de cette jolie fille. Aah, le vagabond de Tokyo. Parti pour une dérive sans bornes, jusqu’à oublier tout de Tokyo. Ne pleure pas, pluie nocturne, une vie d’homme tourbillon rouge. Aah, le vagabond de Tokyo. » Et dans notre tête, nous reprenions en chœur le titre du film en japonais, « Tokyo Nagaremono ». Voici un hommage à Seijun Suzuki en 50 images de ses films (tous édités par HK Vidéo).