Toutes
les radios l'annoncent, à New York, à Paris, à Londres. Le
célibataire le plus prisé du moment va se marier. Il s'appelle
Michel Marnay (Charles Boyer, j'indique les noms tels qu'ils sont
écrits dans les sous-titres). C'est un tel événement que la presse
se rend au navire que le playboy prend à Naples pour se rendre à
New York. Il va épouser Lois Clark (Astrid Allwyn), jeune femme
fortunée. Des groupies demandent à Michel des autographes et il
s'exécute sans bonne grâce.
Sur
ce même navire, embarque Terry McKay (Irene Dunne), chanteuse de
cabaret, elle aussi célibataire qui est attendue à New York par Ken
Bradley (Lee Bowman). Bien évidemment, ils vont se rencontrer sur le
pont. Michel lit un télégramme d'une de ses nombreuses maîtresses,
le papier s'envole et Terry le rattrape. Malicieuse, elle demande
s'il est le propriétaire de ce télégramme et d'en donner le
contenu. Dès le départ, elle sait à qui elle a affaire.
Ils
ont huit jours à passer ensemble. Ils vont au bar boire leur
breuvage favori : du champagne rosé. Ils prennent leur dîner à
la même table, mais se rendent vite compte que les regards des
autres passagers sont remplis de soupçon. Sont-ils déjà amants
alors que leurs conjoints les attendent à l'autre bout de l'océan ?
Pour faire taire ces vilaines rumeurs, pour être tranquilles sans
être constamment observés, ils choisissent de ne plus se croiser.
Mais
le destin en a décidé autrement. Lors d'une escale à Madère,
Michel va voir sa vieille grand-mère (Maria Ouspenskaya), elle vit
seule dans une maison sur une colline depuis qu'elle est veuve.
Michel suggère à Terry de l'accompagner et elle trouve la demeure
de la grand-mère paradisiaque. La vieille dame a du flair, elle
perçoit que Terry serait la compagne parfaite pour Michel. Terry
apprend des éléments intimes de la vie de Michel et notamment qu'il
est peintre.
Cela
constitue la partie la plus mièvre de Elle et lui. La musique
doucereuse ne s'interrompt jamais dans cette séquence entre la
grand-mère et les deux tourtereaux. Mais c'est le pêché mignon de
Leo McCarey qui me gêne le plus : sa bondieuserie. Terry va se
recueillir dans la chapelle de la grand-mère et se rend compte, dans
ce lieu, que sa vie précédente ne valait rien. Elle décide de se
repentir. Pêché mignon, car le cinéaste accentuera encore plus
dans ses films suivants ses diatribes religieuses.
Terry
et Michel se font une promesse le dernier jour du voyage. Se
retrouver le 1er juillet à 17 heures au 102ème étage de l'Empire
State Building. Ainsi, s'ils sont seuls, ils se marieront. Pour
l'instant, quand ils débarquent à New York, chacun croise le fiancé
de l'autre, Leo McCarey fait passer Terry entre Michel et Lois et
Michel entre Terry et Ken, comme un signe des croisements amoureux
qui vont se produire dans leur vie.
Ce
rendez-vous sur l'Empire State Building, haut symbole du romantisme
qui sera repris en 1957 dans le remake de Elle et lui par Leo
McCarey lui-même n'aura jamais lieu. Après avoir travaillé six
mois comme chanteuse de cabaret à Philadelphie, Terry a un accident
de voiture au moment précis où elle aurait dû se trouver tout
là-haut. Pendant ce temps, Michel attendra jusqu'à minuit l'arrivée
de sa belle.
Tout
cela commençait en belle comédie et se termine en mélodrame.
C'était ainsi en 1939, une personne handicapée avait honte d'elle
et se considérée comme un poids. Leo McCarey passe les 20 dernières
minutes à tendre des cercles où Terry et Michel puissent enfin à
nouveau se rencontrer et à nouveau s'aimer. Lui peint des toiles et
des panneaux publicitaires, elle est soutenue par Ken. Dans un
dernier geste, Michel accomplit le destin promis par sa grand-mère
et offre le châle de cette dernière à Terry.
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