lundi 27 février 2017

Elle et lui (Leo McCarey, 1939)

Toutes les radios l'annoncent, à New York, à Paris, à Londres. Le célibataire le plus prisé du moment va se marier. Il s'appelle Michel Marnay (Charles Boyer, j'indique les noms tels qu'ils sont écrits dans les sous-titres). C'est un tel événement que la presse se rend au navire que le playboy prend à Naples pour se rendre à New York. Il va épouser Lois Clark (Astrid Allwyn), jeune femme fortunée. Des groupies demandent à Michel des autographes et il s'exécute sans bonne grâce.

Sur ce même navire, embarque Terry McKay (Irene Dunne), chanteuse de cabaret, elle aussi célibataire qui est attendue à New York par Ken Bradley (Lee Bowman). Bien évidemment, ils vont se rencontrer sur le pont. Michel lit un télégramme d'une de ses nombreuses maîtresses, le papier s'envole et Terry le rattrape. Malicieuse, elle demande s'il est le propriétaire de ce télégramme et d'en donner le contenu. Dès le départ, elle sait à qui elle a affaire.

Ils ont huit jours à passer ensemble. Ils vont au bar boire leur breuvage favori : du champagne rosé. Ils prennent leur dîner à la même table, mais se rendent vite compte que les regards des autres passagers sont remplis de soupçon. Sont-ils déjà amants alors que leurs conjoints les attendent à l'autre bout de l'océan ? Pour faire taire ces vilaines rumeurs, pour être tranquilles sans être constamment observés, ils choisissent de ne plus se croiser.

Mais le destin en a décidé autrement. Lors d'une escale à Madère, Michel va voir sa vieille grand-mère (Maria Ouspenskaya), elle vit seule dans une maison sur une colline depuis qu'elle est veuve. Michel suggère à Terry de l'accompagner et elle trouve la demeure de la grand-mère paradisiaque. La vieille dame a du flair, elle perçoit que Terry serait la compagne parfaite pour Michel. Terry apprend des éléments intimes de la vie de Michel et notamment qu'il est peintre.

Cela constitue la partie la plus mièvre de Elle et lui. La musique doucereuse ne s'interrompt jamais dans cette séquence entre la grand-mère et les deux tourtereaux. Mais c'est le pêché mignon de Leo McCarey qui me gêne le plus : sa bondieuserie. Terry va se recueillir dans la chapelle de la grand-mère et se rend compte, dans ce lieu, que sa vie précédente ne valait rien. Elle décide de se repentir. Pêché mignon, car le cinéaste accentuera encore plus dans ses films suivants ses diatribes religieuses.

Terry et Michel se font une promesse le dernier jour du voyage. Se retrouver le 1er juillet à 17 heures au 102ème étage de l'Empire State Building. Ainsi, s'ils sont seuls, ils se marieront. Pour l'instant, quand ils débarquent à New York, chacun croise le fiancé de l'autre, Leo McCarey fait passer Terry entre Michel et Lois et Michel entre Terry et Ken, comme un signe des croisements amoureux qui vont se produire dans leur vie.

Ce rendez-vous sur l'Empire State Building, haut symbole du romantisme qui sera repris en 1957 dans le remake de Elle et lui par Leo McCarey lui-même n'aura jamais lieu. Après avoir travaillé six mois comme chanteuse de cabaret à Philadelphie, Terry a un accident de voiture au moment précis où elle aurait dû se trouver tout là-haut. Pendant ce temps, Michel attendra jusqu'à minuit l'arrivée de sa belle.

Tout cela commençait en belle comédie et se termine en mélodrame. C'était ainsi en 1939, une personne handicapée avait honte d'elle et se considérée comme un poids. Leo McCarey passe les 20 dernières minutes à tendre des cercles où Terry et Michel puissent enfin à nouveau se rencontrer et à nouveau s'aimer. Lui peint des toiles et des panneaux publicitaires, elle est soutenue par Ken. Dans un dernier geste, Michel accomplit le destin promis par sa grand-mère et offre le châle de cette dernière à Terry.




















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