Embarquement
immédiat pour le Burkina Faso. Il faut à peine 5 minutes à Berni
Goldblat (jeune cinéaste suisse né en Suède installé depuis des
années au Burkina Faso) pour qu'on comprenne que son jeune héros
Ady (Makan Nathan Diarra) est le prototype du petit con qui fait du
boucan sur un scooter sans casque le soir. Pour calmer ses ardeurs et
lui éviter des ennuis avec les flics, son père (le film commence en
banlieue lyonnaise) décide de l'envoyer chez l'oncle du gamin.
Voilà
donc Ady, solitaire dans son monde, écouteur sur les oreilles,
Reebok aux pieds, fringues de marque, au milieu d'un village africain
où il n'a pas encore compris la leçon que veut lui donner son
paternel. Ady est persuadé qu'il est là en vacances, pour le
week-end et qu'il va rentrer rapidement à Lyon. Il parade, arrogant,
dans les rues, fier de ses signes extérieurs de richesse, au milieu
des maisons de tôle de Goa. Il est d'ailleurs ravi de retrouver ses
racines africaines.
C'est
son cousin Jean (Ibrahim Koma) qui vient le chercher à l'aéroport
et lui fait comprendre qu'il n'est pas en vacances. Et l'oncle Amadou
(Hamadoum Kassogué), qui lui ne parle pas un mot de français – en
tout c'est ce qu'il fait croire – a comme mission de changer les
habitudes d'Ady. Solution toute trouvée de l'ado, appeler son père
et rentrer en France. Problème, son père ne répond pas aux appels.
Qui plus est, Ady n'a pas d'argent pour payer le téléphone.
Il
fait tout pour contredire son oncle. Ce dernier lui suggère de
bosser pour gagner cet argent pour téléphoner. Trop dur pour Ady,
il préfère chercher à vendre ses affaires, ses écouteurs, ses
chaussures, ses fringues. Il va bien devoir se résoudre à calmer
son caractère. Berni Goldblat filme cette évolution tout en douceur
au travers de quelques étapes où Ady va rencontrer sa grand-mère
(Joséphine Kaboré), l'un des éléments de comédie du film.
C'est
la grande naïveté de l'adolescent qui constitue le second élément
comique. Jean le fait traverser la brousse pendant deux jours pour se
rendre chez la grand-mère. Cela permet au film de sortir du village
de briques et d'explorer de plus jolis paysages. La grand-mère
habite à quelques mètres du village mais c'est ce détour qui
comptait, loin de la facilité dans laquelle Ady se complaisait. Ils
ne parlent pas la même langue, mais ils se comprendront
immédiatement.
Cette
grand-mère aimante et décontractée (qui ne cesse de critiquer
Amadou de sa fierté exacerbée) va devenir la confidente d'Ady, elle
l'appelle « mon petit mari ». L'adolescent va draguer la
jeune voisine, un peu plus âgée que lui, là encore convaincu de
son charme naturel. On découvrait le gamin en parfait insolent, en
petit crétin et on se prend de sympathie pour lui. Il est
admirablement dirigé, un film à hauteur d'enfant qui, malgré
quelques longueurs, séduit petit à petit.
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