vendredi 2 juin 2017

Inju, la bête dans l'ombre (Barbet Schroeder, 2008)



Une femme en kimono avance dans une maison de plaisirs. Une main monstrueuse enserre son cou et l’étouffe. Un jeune policier arrive pour la retrouver. Il s’aperçoit vite que sa bien-aimée a eu la tête tranchée. Il va lui arriver la même chose. Le meurtrier a un visage monstrueux. Il quitte la maison, tandis qu’il est dans la rue, un générique de fin de film se déroule. La caméra recule, ces premières de Inju, la bête dans l'ombre où le générique en français et japonais se déployait, était un film dans le film. Pour dire la vérité, et je le dis en tant qu'admirateur de Barbet Schroeder, cette ouverture est le meilleur de Inju, la bête dans l'ombre.

En l’occurrence un film adapté d’un roman de Shundei Oe, un écrivain dont personne ne sait rien, que personne n’a vu mais qui a été le travail de la thèse de Alexandre Fayard (Benoît Magimel). Lui même est écrivain et son dernier roman a du succès au Japon. Son agent lui a donc concocté un voyage promotionnel là-bas. Passionné de Oe, qu’il appelle affectueusement Shundei, Fayard va enquêter pour tenter de le rencontrer et sur son passage, il va rencontrer la geiko Tamao (Lika Minamoto) qui lui paraît tout à la fois énigmatique et proche. Tamao va l’aider dans sa recherche d’autant qu’elle affirme avoir connu Oe dans leur jeunesse et avoir été sa maîtresse.

Fayard est sujet d’horribles cauchemars dans lequel Shundei Oe l’étrangle, dans lequel des flots de sang coulent, dans lequel Oe et son visage monstrueux tue. D’indice en indice, Fayard s’approche de l’écrivain. Une maison délabrée, un bouton argenté, un masque grotesque, tout semble aller vers la résolution de l’énigme de son identité. Parallèlement, Fayard et Tamao tombent amoureux et entreprennent une liaison. Mais devant ses péripéties, devant tant de rebondissements, on reste étonné par la direction d’acteur. Les comédiens, et surtout Benoît Magimel, jouent à l’ancienne, presque avec grandiloquence. Les dialogues sont dits fort et de manière péremptoire.

Quand arrive la résolution finale, on comprend mieux. Finalement, Barbet Schroeder cherche à produire, au Japon loin des contraintes hollywoodiennes, un polar psychologique dont Hitchcock a été le chantre dans les années 1950. Inju, la bête dans l'ombre, c’est un film américain des années 1950 égaré au Japon en 2008. La déception devant le film est probable et sans doute voulue (toutes ces fausses pistes narratives). Mais Barbet Schroeder adore brouiller les pistes et dans Inju, la bête dans l'ombre, il y arrive partiellement. Encore, faut-il être prêt à vouloir se laisser mener en bateau pendant tout le film. Il faut donc faire attention aux indices lancés par le cinéaste, aux faux-semblants, aux masques et postiches.


























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