Une femme en kimono avance
dans une maison de plaisirs. Une main monstrueuse enserre son cou et l’étouffe. Un jeune
policier arrive pour la retrouver. Il s’aperçoit vite que sa bien-aimée a eu la
tête tranchée. Il va lui arriver la même chose. Le meurtrier a un visage
monstrueux. Il quitte la maison, tandis qu’il est dans la rue, un générique de
fin de film se déroule. La caméra recule, ces premières de Inju, la bête dans l'ombre où le générique en français et japonais se déployait, était un film dans le film. Pour dire la vérité, et je le dis en tant qu'admirateur de Barbet Schroeder, cette ouverture est le meilleur de Inju, la bête dans l'ombre.
En l’occurrence un film adapté d’un roman de Shundei Oe, un
écrivain dont personne ne sait rien, que personne n’a vu mais qui a été le
travail de la thèse de Alexandre Fayard (Benoît Magimel). Lui même est écrivain
et son dernier roman a du succès au Japon. Son agent lui a donc concocté un
voyage promotionnel là-bas. Passionné de Oe, qu’il appelle
affectueusement Shundei, Fayard va enquêter pour tenter de le rencontrer et sur
son passage, il va rencontrer la geiko Tamao (Lika Minamoto) qui lui
paraît tout à la fois énigmatique et proche. Tamao va l’aider dans sa recherche
d’autant qu’elle affirme avoir connu Oe dans leur jeunesse et avoir été sa
maîtresse.
Fayard est sujet d’horribles cauchemars dans lequel Shundei Oe
l’étrangle, dans lequel des flots de sang coulent, dans lequel Oe et son visage
monstrueux tue. D’indice en indice, Fayard s’approche de l’écrivain. Une maison
délabrée, un bouton argenté, un masque grotesque, tout semble aller vers la
résolution de l’énigme de son identité. Parallèlement, Fayard et Tamao tombent
amoureux et entreprennent une liaison. Mais devant ses
péripéties, devant tant de rebondissements, on reste étonné par la direction
d’acteur. Les comédiens, et surtout Benoît Magimel, jouent à
l’ancienne, presque avec grandiloquence. Les dialogues sont dits fort et de
manière péremptoire.
Quand arrive la résolution finale, on comprend mieux.
Finalement, Barbet Schroeder cherche à produire, au Japon loin des contraintes
hollywoodiennes, un polar psychologique dont Hitchcock a été le chantre dans
les années 1950. Inju, la bête dans l'ombre, c’est un film
américain des années 1950 égaré au Japon en 2008. La déception devant le
film est probable et sans doute voulue (toutes ces fausses pistes narratives). Mais Barbet Schroeder adore brouiller les
pistes et dans Inju, la bête dans l'ombre, il y arrive partiellement.
Encore, faut-il être prêt à vouloir se laisser mener en bateau pendant tout le
film. Il faut donc faire attention aux indices lancés par le cinéaste, aux
faux-semblants, aux masques et postiches.
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