lundi 5 juin 2017

Marie-Francine (Valérie Lemercier, 2017)

Le film décolle avec l'arrivée de Patrick Timsit au bout d'une vingtaine de minutes de présentation. Marie-Francine (Valérie Lermercier) se fait larguer par son mari (Denis Podalydès), Marie-Francine perd son boulot (à cause de l'amiante), Marie-Francine ne trouve pas d'appart (à l'agence immobilière se fait rabrouer par un gamin venu faire son stage de troisième). Autant de petites situations en forme de sketches où son personnage de chercheuse est perdue dans un monde qu'elle ne maîtrise pas.

Miguel, le personnage de Patrick Timsit, débarque dans la boutique de cigarettes électroniques que tient Marie-Francine bien malgré elle, forcée par ses parents (Hélène Vincent et Philippe Laudenbach) à revenir dans le monde de l'emploi. Miguel est tout doux, petit sourire, voix en murmures, tout l'inverse de Marie-Francine, stressée de la vie, fumant des clopes dans son magasin de vapotage. Le lendemain, Miguel fait porter un bol Félix Potin rempli d'un petit plat pour que Marie-Francine mange autre chose que des barres céréales.

L'idée de la mise en scène de Valérie Lermercier est très simple, elle l'avait déjà appliquée dans Le Derrière et Palais royal, la vitrine (ce qu'on dit aux autres, des petits mensonges pour faire passer la pilule, pour se rassurer soi-même) et l'arrière boutique (Miguel comme Marie-Francine sont retournés vivre chez leurs parents), mensonge et vérité. Miguel le chef de restaurant portugais dans un quartier chic et Marie-Francine la scientifique, pour prolonger la métaphore culinaire, c'est l'alliance sucré-sacré, aigre-douce, terre-mer.

Le film cherche par tous les moyens à s'extraire du schéma basique rencontre rupture réconciliation. Parfois un quiproquo (Miguel console une cuisinière, Marie-Francine croit qu'il l'embrasse) est très rapidement dégoupillé. Ces quiproquos, épouvantables écueils de nombreuses comédies amoureuses, permettent de découvrir les pans cachés des deux protagonistes, la jumelle snob de Marie-Francine, le fils de Miguel, les habitudes et les tics des parents protecteurs et gaffeurs. Ce sont les scènes de repas qui cristallisent les rapports amoureux.

La bizarrerie du film tient aux choix musicaux de Valérie Lemercier, pas de musique originale ni de chansons à la mode et surtout les séquences où l'un des personnages chante ou danse (les deux jumelles et leur maman Hélène Vincent sur L'amour c'est comme une cigarette) ne sont pas des scènes cathartiques et exutoires de leur soucis quotidiens. On entend un duo entre Nana Mouskouri et Michel Legrand, des chansons de Moustaki, Julio Iglesias, Aznavour et Amalia Rodrigues. Bref, la touche Lemercier en mode sourire complice, à défaut d'éclats de rire.

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