Ce
qui nous lie (Cédric Klapisch, 2017)
Les
fans vont adorer dès le début : images de la vigne en cartes
postales saisonnières, voix off de Jean (Pio Marmaï) qui présente
la situation (sans oublier de bien donner les prénoms de chacun à
chaque réplique), flashback au ralenti, musique de Duris. C'est
klapischissime. Pour moi, c'est un peu pénible, tout se répète ad
libidum, le sempiternel récit de l'enfant prodigue, ancien rebelle
qui retourne sur les terres familiales après la mort de son père
vigneron. Comment couvrir les frais de succession ? Avec son
frère Jérémie (François Civil) et sa sœur Juliette (Ana
Girardot) (que des prénoms qui commencent par un J), c'est la
question de fond de tout le film. Vendra, vendra pas ? Quelles
parcelles ? Et à qui ? Etre propriétaires d'un domaine
qui vaut 6 millions d'euros, ce douloureux problème. Personne n'a
pensé à aller voir un banquier pour faire un crédit ou
hypothéquer. A cela, on ajoute un peu de sentimentalisme, et une
musique lourdingue, et des dialogues soap opéra, et le tour est
joué : 110 minutes de guimauve. Le titre du film a-t-il un
rapport avec la lie de vin ? Plutôt, est-ce volontaire ?
Avec Klapisch, difficile de savoir tant ses films donnent toujours
l'impression qu'il n'est pas conscient de leur écriture.
La
Madre (Alberto Morais, 2016)
Le
cinéma des frères Dardenne fait des petits en Espagne. La Belgique
est remplacée par les terres arides de la région de Valence (pas en
Drôme, sur la côte espagnole) et le jeune héros, qui n'esquissera
aucun sourire pendant tout le film, est suivi à la trace dans sa
quête d'une vie meilleure. Caméra à l'épaule le réalisateur le
suit de dos, de face, de profil, en train de dormir, de bosser, de
manger, de dormir, un travail d'ethnologue. Le tableau est sombre, le
cœur de la mère du titre est aussi aride que le paysage.
L'adolescent est livré à lui-même, exploité par l'ancien amant de
sa mère et méprisé par le fils de ce dernier. Un peu long, La
Madre dresse un portrait de l'Europe ultra libérale sobre et
souvent déprimant.
The
Wall (Doug Liman, 2017)
L'une
des grandes incompréhensions devant ce film est l'emploi de l'acteur
anglais Aaron Taylor-Johnson pour jouer un soldat de l'armée
américaine. Il fait beaucoup d'effort pour avoir un accent du sud
profond (qu'il perd parfois dans certains dialogues). Cela peut
sembler un détail, je semble chipoter, mais le film joue à fond la
carte du réalisme (très théâtral avec son unité de temps, de
lieu et d'action) et c'est précisément ce genre de détail qui fait
la différence. Ensuite, il y a le message politique, ou ce qui en
tient lieu, qui renvoie dos à dos le sniper américain et l'irakien,
c'est là que l'on remarque la terrifiante subtilité de Clint
Eastwood dans American sniper et qu'on se rend compte qu'elle
manque à The Wall.
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