lundi 19 juin 2017

Barfly (Barbet Schroeder, 1987)

Pour la première fois la mention « directed by Barbet Schroeder » apparaît dans un film hollywoodien. Depuis la fin de la guerre, peu de cinéastes français avaient travaillé aux USA, hormis Louis Malle, revenu en France tourner Au revoir les enfants cette même année. Barbet Schroeder fera 7 films en 15 ans. Barfly est produit par Francis Ford Coppola et la Cannon Group, Golem & Globus, nouveaux moguls du cinéma américain. Après des films d'action bas de gamme, ils se paient les cinéastes les plus prestigieux du moment.

Charles Bukowski est au scénario, un récit très simple où Henry (Mickey Rourke) joue son double cinématographique. L'acteur faisait là son Tchao Pantin, après deux navets au succès international (9 ½ semaines bluette érotique avec Kim Basinger, elle fera également une comédie alcoolisée Boire et déboires de Blake Edwards) et Angel heart polar fantastique années 50). La belle gueule de l'acteur est triturée. Cheveux gras, yeux de travers, dos courbé, démarche de vieillard, élocution en staccato doux.

Les néons colorés des enseignes des bars de ce quartier populaire et pauvre de Los Angeles contrastent avec les fringues grises et sales de Henry. Il ne quittera jamais son caleçon dégueulasse, son t-shirt jaune comme lui fait remarquer un ambulancier venu le soigner après une bagarre. Henry a choisit le Golden Horn. La caméra entre dans le bar, le barman lit un journal, tout se passe dans la cour où Eddie (Frank Stallone) le patron fiche une raclée à Henry qui bave du sang et rigole en titubant devant tous les vieux ivrognes du bar.

Il faut une vingtaine de minutes pour que Henry rencontre Wanda (Faye Dunawaye). Après une nouvelle bagarre contre Frank que Henry gagne grâce au « carburant » qu'il a pris (il s'est introduit dans un appartement à côté du sien, par erreur, et a piqué à bouffer) et qu'il se sente obligé d'aller dans un nouveau bar. Comme Henry, Wanda est un pilier de bar, un barfly. Il va s'installer chez elle, quittant le cloaque immonde aux murs décatis qui lui servait d'appartement. Henry offre un whisky à Wanda, ils ne se quitteront plus.

Ce duo, vaguement un couple, s'accorde sur une chose : trouver de l'argent pour payer de l'alcool. Wanda a Wilbur, personnage que l'on ne verra jamais, mais qui accepte de lui donner du pognon même si elle couche avec Henry. Ce dernier, soûl du matin au soir, garde le sourire quand il s'agit de trouver du boulot, ce qui offre au film quelques séquences comiques lors d'un entretien d'embauche. Henry est écrivain et Tully Sorensen (Alice Krige) le publie, le paie et il va immédiatement engloutir ses 500 $ au bar.

L'une des cohérences des personnages se trouve dans la musique. Le judebox dans le bar favori des deux soûlards diffuse de la soul music plutôt entraînante (Booker T and the MG's) ou du blues mélancolique (The Nighthawks). Dans son appartement crade, Henry possède un seul bien, sa radio qu'il met en marche quand il écrit sur des feuilles de cahier. Il écoute Mozart ou Beethoven. La joie de boire jusqu'à plus soif, la douleur d'écrire des poèmes et de devoir les vendre à Tully ou un autre éditeur pour pouvoir s'acheter à boire.

Barfly est un film plutôt joyeux, où l'on peut se marrer de l'inconséquence de nos deux anti-héros. Ainsi, Wanda va ramasser des maïs verts pour s'amuser. Ses voisins s'engueulent et Wanda trouve ça aussi divertissant qu'une sitcom. Henry débarquera chez eux ce qui fera appeler les deux ambulanciers une nouvelle fois, un des meilleurs gags récurrents. Finissant son récit sous forme de chronique, Barbet Schroeder boucle la boucle avec la même scène et une bagarre entre Henry et Frank sous les yeux énamourés de Wanda.

























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