Que
dire sur le dernier « avatar » de Luc Besson, d'abord des
faits financiers, énorme budget, bide colossal aux Etats-Unis où il
est sorti 5 jours avant la France, et, comme je l'écrivais dans mon
hommage à David Bowie constatant que les cinéastes en mal
d'inspiration plaçaient un de ses morceaux pour une scène spatiale,
une chanson (Space Oddity évidemment, oui comme dans Les gardiens
de la galaxie) est présente pour lancer le récit.
La
conception de cette cité aux 1000 planètes est amusante (les
commandants de la station Alpha sont jouées par des cinéastes
français), l'inauguration du « pitch » sur la planète
Mül convenue et terriblement mal conçue (on dirait des effets
spéciaux du début du siècle), la présentation du duo vedette
Valérian et Laureline (Dane DeHaan et Cara Delevingne) est
irritante. Luc Besson n'arrive à mixer la romance entre les deux
jeunes gens et leur mission, les répliques sont insistantes, d'une
naïveté déconcertante (ah, Valérian veut épouser Laureline) et
Besson croit faire des gags récurrents en sortant cette
sempiternelle demande en mariage à chaque séquence d'action.
Justement,
l'un des combats est tout pataud (celui où Valérian se bat contre
les Boulan Bathor ou les soldats). Comme c'était déjà le cas dans
Le Cinquième élément, Luc Besson cherche à créer un
univers tellement foisonnant (l'arrivée sur la Cité, la description
des différentes zones) qu'on ne voit plus aucun détail (c'était
déjà le cas, dans une moindre proportion dans le Big Market en
début de film), c'est un peu comme les églises rococo, ça en jette
plein la vue. Mais c'est écœurant et paradoxalement fort peu
nourrissant (le défilé des plats des Boulan Bathor est la métaphore
de cette gloutonnerie).
On
pourrait faire la liste des emprunts à d'autres films, qu'on pourra
qualifier d'hommages d'un fan à au cinéma de science fiction, mais
ils sont aussi la preuve d'une absence de confiance du cinéaste pour
son propre imaginaire. Besson veut absolument tout montrer au premier
plan, face caméra, au lieu de laisser de quoi explorer l’œil
curieux du spectateur, c'est là la différence majeure entre une
réussite comme Les Gardiens de la galaxie et Valérian.
Et surtout la quête de l'objet est l'unique scénario et non un
McGuffin prétexte à aussi raconter autre chose.
L'apparition
d'Alain Chabat en rasta déglingué rappelle tout autant Bandits
bandits de Terry Gilliam que celle de Richard Ng dans Detective Dee
de Tsui Hark. Le personnage de Commandeur de l'armée que joue Clive
Owen fait terriblement penser à celui de Peter Weller dans Star Trek
into darkness. Le film donne l'impression, toujours dans sa grande
gloutonnerie, de vouloir faire de chaque séquence un morceau
d'anthologie, ce qui n'empêche pas les longueurs, mais plutôt que
se concentrer sur une séquence, tout est du même niveau. Mais c'est
déjà bien bien mieux que Lucy.
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