mardi 25 juillet 2017

Absent (Marco Berger, 2011)

Une poussière dans l’œil, à moins que ce ne soit un bris de verre de la fenêtre cassée dans les vestiaires. Martin (Javier de Petrio) ne sait pas pourquoi il a mal, mais son entraînement à la piscine est interrompu. Il faut aller à l'hôpital. Il remet son uniforme de lycéen et son prof, Sebastian (Carlos Echevarria) le conduit dans sa voiture. L'ophtalmo ne trouve rien, Martin peut rentrer chez lui, Sebastian va le ramener chez sa grand-mère chez qui il vit.

Martin a laissé son téléphone à la piscine, Sebastian prête le sien, la grand-mère ne répond pas. Ils vont là-bas, personne n'est là et Martin n'a pas ses clés, il les a laissées dans son sac et le sac, là aussi, est à la piscine, confié à son camarade de classe Juan Pablo (Alejandro Barbero). Il ne peut pas le laisser à la rue, Sebastian héberge, pour la nuit, Martin chez lui. Il dormira sur le canapé. Sebastian annule le rendez-vous qu'il avait prévu avec Mariana (Antonella Costa).

Le prétexte dans Absent à lancer la fiction est encore plus minimaliste que dans Plan B, une autre histoire de manipulation où Martin tente de jeter son dévolu sur son professeur, de tisser une toile d'araignée composée de multiples petits mensonges pour s'incruster chez lui. Le visage de Sebastian reste abasourdi, totalement interdit devant ce qui lui arrive, anesthésié par les sourires et l'aplomb du jeune homme.

Marco Berger choisit un adulte pour jouer son adolescent qu'il observe sous toutes les coutures, les premières minutes détaillent son anatomie, des gros plans sur ses pieds, jambes, mains, épaules, yeux, entre-jambe. Une approche clinique de son corps qui file rapidement vers le voyeurisme. Il prend du plaisir à filmer les corps à moitié nus de ses acteurs et quoi de mieux qu'une piscine pour déshabiller des jeunes hommes.

C'est la tension sexuelle entretenue par Martin qui reste le plus fort dans Absent. Les regards échangés avec Sebastian sont filmés comme une chasse à l'homme, un jeu du chat et de la souris et s'approchent du thriller. Martin passe comme une ombre dans les pièces de l'appartement de Sebastian. Ils ne se toucheront jamais, sauf dans ce coup de poing que donne le professeur à son élève quand il comprend ses mensonges.

La présence du jeune homme est un poids, le regard baissé de l'enseignant est lourd, il ne voit pas Martin assis au fond de la classe, avachi sur son bureau et quand il lève la tête, c'est un regard plein d’ambiguïté, arrogance et bonheur mêlés, fier de son coup mais pour lequel il va s'excuser. Le trouble en est grandi, Sebastian est incapable d'en parler à Mariana, Juan Pablo ne comprend pas pourquoi Martin ne drague pas leur jolie camarade de classe.

L'absence de Martin, après un bête accident fatal, permet de mener le récit vers le fantastique, Sebastian imagine ce qui se serait passé s'il avait eu d'autres réactions, s'il avait accepté de l'embrasser, s'il avait succombé à son charme. Le fantôme de Martin tourne autour de lui, physiquement, sans que Sebastian ne puisse plus rien faire, son souvenir se modifie, s'amplifie et libère enfin ses désirs si longtemps enfouis.



















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