mercredi 12 juillet 2017

Plan B (Marco Berger, 2009)

Au départ, le plan de Bruno (Manuel Vignau), raconte-t-il à un de ses potes, était de feindre l'indifférence quand sa copine l'a largué. Mais depuis Laura (Mercedes Quinteros) s'est mise avec Pablo (Lucas Ferraro), il faut passer au plan B, s'approcher du nouveau mec de son ex, de le rencontrer et de tester sa sexualité. Rien que ça. Première approche : observer Pablo d'un coin de l’œil, assis sur un banc dans un jardin public et ne pas se faire remarquer. Pablo embrasse Laura tandis que Bruno caresse un chaton.

Bruno avait demandé des conseils à une amie, pas forcément bien avisés, mais elle lui apprend que Pablo avait eu une aventure avec un homme. Pour aborder Pablo, Bruno se rend à la salle de sport et entame la conversation. Un sujet simple, une série télé. Pablo porte un t-shirt avec le titre d'une série, ils commencent à en parler, Bruno affirme en être fan et l'autre gars l'invite à venir regarder l'ultime épisode de la saison chez lui. Il reste même dormir, dans la chambre du coloc. Pour l'instant.

Ils nouent une franche camaraderie dont Marco Berger filme les silences, car il faut le souligner, les deux gars ne sont pas des bavards. C'est ce qui frappe le plus dans le film, cette économie de dialogues signifiant, mais aussi la manière de montrer les corps, les peaux, les gestes plutôt que filmer des répliques qui expliqueraient l'évolution de la relation entre Bruno et Pablo. Ils ont des conversations badines, prétextes de Bruno à capter l'attention de Pablo et en faire sa marionnette.

Les deux amis se ressemblent physiquement, ni vraiment beaux, ni franchement à la mode, cheveux longs un peu gras et maillots d'équipe de football sur le dos, filmés en slip dans le lit qu'ils commencent à partager, parce que le coloc a fermé la sienne à clé. Glandeurs nés, on ne saura jamais s'ils sont étudiants, s'ils ont un boulot. Le film observe les détails, il parvient à ne surtout pas copier les films américains où un tel scénario aurait mené à une abondance d'explications psychologiques grossières.

L'appartement de Pablo devient rapidement le centre du récit. Filmé d'abord de très loin aux sons d'une musique sourde. Marco Berger varie ces plans d'immeuble à chaque changement de décor, un manière de dessiner une carte de Buenos Aires. Un appartement réduit à l'essentiel. La cuisine où ils sont debout, le lit couchés, sur la terrasse clope au bec. Il filme la tension sexuelle avec un sens consommé du suspense quand Bruno commence à être pris à son piège et à s'amouracher de Pablo. C'est très beau.





















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