mardi 4 juillet 2017

La Grande lessive (!) (Jean-Pierre Mocky, 1968)

Tourné juste avant mai 1968, La Grande lessive (!) cause de deux révolutionnaires, un prof de français au langage châtié, Armand Saint Just (Bourvil) et un prof de gym, Missenard (Roland Dubillard) au parlé bien plus relâché, qui décident, de concert, de s'attaquer au grand Mal de la France du Général de Gaulle : la télévision. Ce petit écran, comme le montre si habilement le générique d'ouverture avec ses musiques cacophoniques, qui aspire toute l'énergie de ceux qui le regardent.

Jean-Luc Godard dira bien plus tard, dans les années 1980 celles de ses slogans choc et chic, que la télévision est arrivée dans les foyers en même temps que les poubelles (avant, rien n'était jeté), histoire de bien faire comprendre que la télé, c'est du déchet d'images. Jean-Pierre Mocky n'allait pas aussi loin, il fait coïncider l'épuisement des enfants sur les bancs de l'école avec le temps excessif passé devant les programmes. Saint Just s'entraîne dans le gymnase de son lycée pour accomplir sa mission.

Il lui faudra des forces pour grimper sur les toits de son immeuble pour asperger d'un liquide fabriqué par son complice Benjamin (Jean Tissier), chimiste patenté. Le résultat est immédiat : un orage électro-magnétique provoque des perturbations sur les antennes. La télévision tombe en panne, les visages se déforment, le son s'évanouit. Saint Just jubile. De la fenêtre de son appartement, il interpelle un gamin, l'un de ses élèves, le jeune Pichet, ravi de pouvoir enfin apprendre la fable de Jean de la Fontaine pour ses devoirs.

Un voisin du professeur de français a repéré le petit manège. Il s'agit du docteur Loupiac (Francis Blanch) affublé d'une incroyable perruque blonde, habillé de sa seule blouse blanche. Il fait très chaud dans l'immeuble, l'autre côté de l'immeuble est au contraire glacé, tout le monde s'habille comme en hiver, cela est un des gags récurrents du film, le gérant a dépensé tout l'argent de la co-propriété au tiercé. Malhonnête jusqu'au bout, Loupiac voulait faire chanter les deux enseignants et s'empare des sulfateuses anti-télé.

Le chantage tourne court. Loupiac, contraint forcé, va suivre Saint Just et Missenard dans leur révolution anti télé et provoquer la colère de la brigade radiophonique. Ce sont d'abord deux flics typiques du cinéma de Mocky qui sont à l'œuvre : les inspecteurs Toilu (Marcel Pérès) et Barbic (Jean-Claude Rémoleux), ce dernier fredonnant après chaque réplique le refrain de Marinella. Encombrants et incompétents, ils ont bien du mal à poursuivre correctement le trio qui s'affaire sur les toits et qui leur échappe à chaque occasion.

Comme dans tous les films de Jean-Pierre Mocky, les personnages sont des écrins pour les acteurs. Bourvil jouait habituellement les simples d'esprit (chez Gérard Oury par exemple), dans La Grande lessive (!), il sort des phrases en latin, s'offusque du langage outrancier de Missenard (Dubillard venait lui du théâtre) et de la mauvaise conduite de Loupiac qui ne peut pas s'empêcher de mettre ses mains baladeuses sur les fesses de toutes les dames qu'il croisera. Ce trio est aussi désaccordé qu'une comédie loufoque peut en proposer, des pieds nickelés hilarants.

De toit en toit, de couloir en couloir et d'appartement en appartement, le trio croise des personnages hauts en couleur, parmi eux le très distingué Delaroque (Michael Lonsdale), ivrogne contrarié par son épouse (Alix Mahieux) snobinarde étriquée. Le trio s'incruste chez eux, pique ses costards et commence à picoler, assez vite rejoint par le commissaire Aiglefin (RJ Chauffard), truculent excité qui doit les arrêter pour satisfaire son arrogant et cynique patron (Jean Poiret). Le gag bonus du film : la sirène fantaisiste du camion de police qui arrive.






























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