Comme
Sérénade à trois et La Huitième femme de Barbe-bleue,
Une heure près de toi ressort ce mois-ci en vidéo (Criterion
a édité les quatre films tournés par Ernst Lubitsch avec Maurice
Chevalier il y a déjà dix ans), une opérette chantée et un peu
(très peu dansée) située dans un Paris où l'on parle anglais,
mais Maurice Chevalier conserve cet anglais qui a fait de lui une
star à Hollywood (ce qui m'a toujours étonné).
André
et Colette, Maurice Chevalier et Jeannette MacDonald s'aiment comme
au premier jour après trois ans de mariage. La police municipale
chargée de surveiller les parcs publics s'étonne de voir un couple
marié (et heureux) alors que tous les autres pratiquent l'adultère.
Un couple heureux pense Ernst Lubistch, il faut mettre du piment dans
cette relation idéale sans quoi le film n'aurait aucun intérêt.
Ce
piment se prénomme Mitzi (Genevieve Tobin), la meilleure amie de
Colette qui revient de Lausanne pour passer quelques jours à Paris.
Mitzi est une vraie pimbêche et se lance un audacieux défi dès
qu'elle croise André, en faire son amant, ne serait-ce que pour une
heure. L'époux de Mitzi, le distingué et flegmatique professeur
Olivier (Roland Young) engage un détective pour suivre l'infidélité
de sa femme.
Mitzi
et son époux ne se croisent presque jamais dans leur appartement
parisien. Les portes sont fermées et ils se lancent des mots doux à
travers les cloisons qui sonnent dans leur bouche comme des insultes,
là est l'ironie salutaire d'Une heure près de toi. De la même
manière, Colette force André à aller ausculter Mitzi (il est
médecin), c'est au son de musique militaire qu'il se rend chez
elle, comme s'il partait à la guerre.
Chacun
doit rester à sa place, tenir son rang, ce qui pose un problème à
André le seul personnage à comprendre le manège de Mitzi. Cette
place à garder dans le repas mondain organisé par Colette risque de
remettre en cause leur mariage, Colette ne voit rien, ne comprend
rien dans ces moments où elle met en danger son couple, pas plus que
dans les danses où on change de partenaire. André a bien du mal à
rester l'époux modèle que Colette voit en lui.
Il
faut bien cela et d'autres facéties pour supporter l'aspect
terriblement désuet de l'ambiance bourgeoise de ces adultères :
Maurice Chevalier s'adresse directement au spectateur en fixant la
caméra, certains dialogues riment, Colette a aussi un prétendant le
cocasse Adolph (Charles Ruggles). J'ai toujours un gros problème
avec les chansons (une demi-douzaine en tout) malgré le charme de
Maurice Chevalier, son swing et son déhanché légendaires.
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