vendredi 29 juin 2018

Une heure près de toi (Ernst Lubitsch, 1932)

Comme Sérénade à trois et La Huitième femme de Barbe-bleue, Une heure près de toi ressort ce mois-ci en vidéo (Criterion a édité les quatre films tournés par Ernst Lubitsch avec Maurice Chevalier il y a déjà dix ans), une opérette chantée et un peu (très peu dansée) située dans un Paris où l'on parle anglais, mais Maurice Chevalier conserve cet anglais qui a fait de lui une star à Hollywood (ce qui m'a toujours étonné).

André et Colette, Maurice Chevalier et Jeannette MacDonald s'aiment comme au premier jour après trois ans de mariage. La police municipale chargée de surveiller les parcs publics s'étonne de voir un couple marié (et heureux) alors que tous les autres pratiquent l'adultère. Un couple heureux pense Ernst Lubistch, il faut mettre du piment dans cette relation idéale sans quoi le film n'aurait aucun intérêt.

Ce piment se prénomme Mitzi (Genevieve Tobin), la meilleure amie de Colette qui revient de Lausanne pour passer quelques jours à Paris. Mitzi est une vraie pimbêche et se lance un audacieux défi dès qu'elle croise André, en faire son amant, ne serait-ce que pour une heure. L'époux de Mitzi, le distingué et flegmatique professeur Olivier (Roland Young) engage un détective pour suivre l'infidélité de sa femme.

Mitzi et son époux ne se croisent presque jamais dans leur appartement parisien. Les portes sont fermées et ils se lancent des mots doux à travers les cloisons qui sonnent dans leur bouche comme des insultes, là est l'ironie salutaire d'Une heure près de toi. De la même manière, Colette force André à aller ausculter Mitzi (il est médecin), c'est au son de musique militaire qu'il se rend chez elle, comme s'il partait à la guerre.

Chacun doit rester à sa place, tenir son rang, ce qui pose un problème à André le seul personnage à comprendre le manège de Mitzi. Cette place à garder dans le repas mondain organisé par Colette risque de remettre en cause leur mariage, Colette ne voit rien, ne comprend rien dans ces moments où elle met en danger son couple, pas plus que dans les danses où on change de partenaire. André a bien du mal à rester l'époux modèle que Colette voit en lui.


Il faut bien cela et d'autres facéties pour supporter l'aspect terriblement désuet de l'ambiance bourgeoise de ces adultères : Maurice Chevalier s'adresse directement au spectateur en fixant la caméra, certains dialogues riment, Colette a aussi un prétendant le cocasse Adolph (Charles Ruggles). J'ai toujours un gros problème avec les chansons (une demi-douzaine en tout) malgré le charme de Maurice Chevalier, son swing et son déhanché légendaires.


















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