mardi 19 juin 2018

Une idylle aux champs (Charles Chaplin, 1919)

Après Charlot soldat, Charles Chaplin poursuit son exploration de l'onirisme dans Une idylle aux champs, il en trouvera l'épanouissement dans The Kid puis La Ruée vers l'or. C'est un onirisme utopique donc joyeux où les personnages s'extraient quelques instants de leur sinistre condition avant de replonger dans une réalité maussade. C'est ici que le titre original Sunnyside (la partie ensoleillée) prend toute son ironie.

Charlot est ainsi paisiblement assoupi sur son lit quand son patron vient le réveiller à coups de pied au cul pour aller travailler. Si on regarde le réveil-matin, il est fort tôt pour partit au champ (cinq heures du matin). Chaque fois, la patron retourne se coucher et Charlot fait de même. Chaque fois, avec un visage de plus en plus colérique, le patron revient à la charge. Charlot sort par la porte et revient par la fenêtre dans un ballet échappatoire.

Le premier rêve est la conséquence d'une chute, faut dire que Charlot poursuivait des vaches qui s'étaient dispersées un peu partout dans le village de Sunnyside. Au lieu de les surveiller, il lisait. Quatre demoiselles lui apparaissent alors (dont Edna Purviance) avec des bandoulières de fleurs. Elles dansent autour de Charlot qui entre dans le mouvement avec ses petits sautillements si caractéristiques. Ce rêve doux et enchanteur disparaît dès le réveil de Charlot.

Edna Purviance est une habitante du village mais contrairement à la nymphe rêvée, c'est une femme collet-monté qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Peu importe, Charlot est amoureux d'elle. Dans le magasin de la ferme, admirant sa beauté, il en oublie son patron et les marchandises pour sourire comme un benêt. Comme dans la séquence initiale le matin, le patron le remet dans le droit chemin en houspillant brutalement le pauvre Charlot.


Là débute le deuxième rêve d'Une idylle aux champs, cette fois il tourne au cauchemar. Un client de la ville, habillé d'un beau costume, sortant d'une belle voiture, tape dans l’œil de la belle qui lui répond à ses avances et repousse Charlot. Jusqu'à la résolution finale, le spectateur doit ignorer que Charlot rêve. Aucune chute, aucun sommeil n'est là pour annoncer le rêve. C'est une avancée dans la mise en scène de Chaplin, il cherche à maintenir un suspense avec ces deux rêves consécutifs.





















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