Après
Charlot soldat, Charles Chaplin poursuit son exploration de
l'onirisme dans Une idylle aux champs, il en trouvera
l'épanouissement dans The Kid puis La Ruée vers l'or.
C'est un onirisme utopique donc joyeux où les personnages
s'extraient quelques instants de leur sinistre condition avant de
replonger dans une réalité maussade. C'est ici que le titre
original Sunnyside (la partie ensoleillée) prend toute son
ironie.
Charlot
est ainsi paisiblement assoupi sur son lit quand son patron vient le
réveiller à coups de pied au cul pour aller travailler. Si on
regarde le réveil-matin, il est fort tôt pour partit au champ (cinq
heures du matin). Chaque fois, la patron retourne se coucher et
Charlot fait de même. Chaque fois, avec un visage de plus en plus
colérique, le patron revient à la charge. Charlot sort par la porte
et revient par la fenêtre dans un ballet échappatoire.
Le
premier rêve est la conséquence d'une chute, faut dire que Charlot
poursuivait des vaches qui s'étaient dispersées un peu partout dans
le village de Sunnyside. Au lieu de les surveiller, il lisait. Quatre
demoiselles lui apparaissent alors (dont Edna Purviance) avec des
bandoulières de fleurs. Elles dansent autour de Charlot qui entre
dans le mouvement avec ses petits sautillements si caractéristiques.
Ce rêve doux et enchanteur disparaît dès le réveil de Charlot.
Edna
Purviance est une habitante du village mais contrairement à la
nymphe rêvée, c'est une femme collet-monté qui ne se laisse pas
marcher sur les pieds. Peu importe, Charlot est amoureux d'elle. Dans
le magasin de la ferme, admirant sa beauté, il en oublie son patron
et les marchandises pour sourire comme un benêt. Comme dans la
séquence initiale le matin, le patron le remet dans le droit chemin
en houspillant brutalement le pauvre Charlot.
Là
débute le deuxième rêve d'Une idylle aux champs, cette fois
il tourne au cauchemar. Un client de la ville, habillé d'un beau
costume, sortant d'une belle voiture, tape dans l’œil de la belle
qui lui répond à ses avances et repousse Charlot. Jusqu'à la
résolution finale, le spectateur doit ignorer que Charlot rêve.
Aucune chute, aucun sommeil n'est là pour annoncer le rêve. C'est
une avancée dans la mise en scène de Chaplin, il cherche à
maintenir un suspense avec ces deux rêves consécutifs.
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