Have
a nice day (Liu Jan, 2017)
Voici
l'antithèse absolue de tout ce que l'on voit dans le dessin animé
actuel de Pixar à Mutafukaz pour ne comparer qu'à un film
récent. L'animation des personnages de Have a nice day est
raide, la parole est rare surtout pour le personnage principal. C'est
un jeune homme qui a volé une valise pleine de billets pour payer
une opération de chirurgie esthétique en Corée. Atour de cette
valise, toute une galerie de rapaces commence à tourner autour du
jeune homme pour tenter de récupérer le fric. Quelques gangsters
aux mines patibulaires, un couple de quadragénaires qui se met à
chanter au milieu de l'action, une employée de cyber café, tout le
monde est un vénal, stupide, égoïste, un terrible portrait de la
Chine aux rues désertes, mal éclairées et sales. L'histoire est
découpée en quatre chapitres, elle n'est pas toujours simple à
saisir, je n'aurais pas pu demander à mon voisin de m'expliquer les
rapports entre les personnages, j'étais le seul spectateur dans la
salle.
Ma
fille (Laura Bispuri, 2018)
Filmé
en 35mm avec un grain bien présent, en scope pour filmer les
paysages secs et caillouteux e la Sardaigne et caméra à l'épaule,
Ma fille n'est pas si éloigné que ça de la forme brute de Vittorio de Seta quand il filmait l'île dans les années 1950, la rudesse
de la vie des marins, les logements insalubres dans les collines.
C'est dans ce milieu peu enchanteur que vivent deux femmes, La brune
Valeria Golino débite du poisson ramené par de costauds pécheurs,
la blonde Alba Rohwacher passe son temps à picoler, à coucher avec
les hommes sans parvenir à payer ses dettes. Son créancier Udo Kier
(méconnaissable, sa présence est due à la co-production avec
l'Allemagne) veut récupérer les animaux de sa « ferme »
(une maison aux briques apparentes), cochon et chevaux. Entre les
deux femmes, un secret, Vittoria la fille de 10 ans de Valeria est
celle de Alba. Le film ne joue pas sur le suspense, le spectateur
devine ce secret très vite, ce qui intéresse est comment la
fillette va tenir avec deux mamans si dissemblables, si opposées.
L'idée est une métaphore de famille homoparentale, il est possible
de faire cette lecture-là, de voir entre les deux femmes un couple
séparée par les conventions et les coutumes sardes.
Sans
un bruit (John Krasinski, 2018)
Le
concept est d'une grande astuce, des créatures extra-terrestres
venues après la chute d'un astéroïde, sans yeux mais avec une ouïe
phénoménale, détruisent tout être vivant qui fait du bruit. La
séquence d'ouverture étonne par sa grande cruauté puisque le plus
jeune fils du couple John Krasinski et Emily Blunt, est dévoré tout
cru par une vilaine bébête. Plus d'un an et demi après cet
événement, on retrouve la petite famille qui s'applique à ne pas
faire de bruit, à ne pas parler (d'ailleurs leur fille est
mal-entendante) et à survivre comme ils peuvent (il n'existe plus
aucun mammifère et ils doivent manger surtout des poissons). Et puis
au bout d'un moment, il faut bien faire un peu de terreur. Là, le
film s'écroule, quand Emily Blunt se blesse avec un clou qui se
trouvait sur l'escalier en bois. Pas un petit clou, un énorme machin
et on se demande qui a bien pu le planter là et comment personne n'a
pas s'en apercevoir depuis tant de temps. On se demande aussi d'où
vient cet immense champ de maïs autour de leur maison, si bien
aligné, quand ont-ils pu semer et cultiver ce maïs sans se faire
attraper par les créatures ? Le tout est d'un pathos ridicule
(la fâcherie entre père et fille) appuyé par une musique
insupportable et envahissante.
Le
Doudou (Julien Hervé & Philippe Mechelen, 2018)
De
tous les comiques issus depuis une dizaine d'années en France (Max
Boublil, Manu Payet, Fabrice Eboué) Malik Bentalah est le plus doué.
La première partie du Doudou est mauvaise comme tout, remplie
de clichés sur deux petits cons, machos du bac à sable et dragueurs
à la petite semaine. Mais cette séquence à son utilité, montrer
comment Sofiane, le personnage de Malik Bentalah, va changer au
contact de Kad Merad. Le film est construit très basiquement mais
sur la logique du marabout de ficelle, passant d'un personnage à un
autre (entre autres Guy Marchand, David Salles, Elie Sémoun,
Isabelle Sadoyan), et là le film pétille non seulement dans les
répliques mais aussi dans les situations. En un mot, c'est souvent
très drôle.
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