« Je
n'avais pas fumé de cigarette depuis 13 ans ». C'est par cette
simple phrase que Gavin (Danny DeVito) lance son long récit en
flash-back. Gavin est avocat, ses tarifs sont onéreux, 450 $ de
l'heure, et ce jour-là dans son cabinet de Washington DC, il reçoit
un client à qui il offre une histoire gratuite. Il va expliquer ce
qui l'a forcé à allumer cette cigarette qu'il conservait depuis
tant d'années dans une petite boîte de plastic transparente. Le
cinéaste Danny DeVito filme l'acteur Danny DeVito narrer cette
histoire du couple Rose.
Tout
commence sous la pluie dans un coin perdu de la Nouvelle Angleterre.
Barbara (Kathleen Turner) se rend sous une tente où va se dérouler
une vente aux enchères. Elle repère une petite sculpture blanche et
tente de l'acheter. Mais Oliver Rose (Michael Douglas) la veut aussi
et renchérit. Le couple star du box office des années 1980 se
retrouve après A la poursuite du diamant vert et Le
Diamant du Nil, sans que Danny DeVito ne joue les enquiquineurs,
il observe cette histoire d'amour s'épanouir puis se faner comme une
rose.
Oliver
va devenir un avocat, Barbara est mère de famille, deux enfants, un
garçon et une fille qu'ils laissent vivre selon leurs caprices, ils
deviendront vite obèses. Barbara a décidé de ne jamais les
frustrer. Pour l'instant, le couple habite dans un appartement tant
qu'Oliver n'a pas eu son doctorat de droit. C'est Noël, Barbara
prépare le sapin posant à son sommet une étoile fait maison – ce
qui ne ravit pas Oliver un peu snob – et offre un beau cadeau à
son mari, une vieille voiture, il en rêvait.
Pour
l'instant, tout va bien, les affaires d'Oliver marchent bien, il
travaille dans le même cabinet d'affaires que Gavin (Danny DeVito
passe de narrateur omniscient à personnage secondaire), avocat un
peu vulgaire qui invite à un repas d'affaires une poule de luxe.
Barbara joue les potiches, obligée par son mari de raconter une
histoire drôle devant tous les invités, ce qu'elle n'arrive pas à
faire malgré tous ses efforts, le rire forcé d'Oliver accentue le
malaise. Elle lui en voudra, mais pour l'instant, tout va bien dans
ce couple.
Cependant,
Barbara rêve plus grand, en tout cas pour leur logement. Ça tombe
bien, la maison dont elle rêve est à vendre, la propriétaire vient
de mourir. Petit à petit, La Guerre des Rose prend des
allures de conte, forcément un peu cruel, avec cette succession de
saynètes où le destin joue en leur faveur, amour, gloire et beauté
en quelque sorte. Barbara aime cette maison qu'elle décore à son
goût et avec l'argent d'Oliver. Ce qu'ils aiment tous les deux, ce
sont ces petites sculptures qui les ont liés et qui sont en
profusion dans leur nouvelle maison.
Les
enfants grandissent, ils ne sont désormais plus obèses, ils vont
bientôt entrer à l'université, manière facile pour Danny DeVito
de laisser le couple Rose à sa vie matrimoniale. Maintenant que les
enfants sont partis et que la maison est décorée, que reste-t-il à
Barbara pour s'occuper ? Rien ! Mais en préparant un pâté
de foie où elle taquine le chien de son mari tandis qu'elle cajole
son chat, elle comprend qu'elle peut se lancer comme traiteur. Oliver
est circonspect mais encourage finalement Barbara dans sa nouvelle
carrière.
L'habile
construction narrative est d'un classicisme à toute épreuve et
avance au gré des cigarettes que Gavin s'allume. Barbara est occupée
par son nouveau business, elle décide de ne pas aller voir Oliver à
l'hôpital quand celui-ci pense avoir une attaque, en fait une simple
indigestion, cocasse quand on sait qu'elle passe son temps à
cuisiner. Mais si elle n'a pas jugé bon de se déplacer, c'est
qu'elle n'aime plus son mari. Elle veut divorcer et elle veut garder
la maison, c'est elle qui l'a trouvé, comme on l'a vu précédemment,
c'est elle qui l'a décorée, elle ne veut que cela.
Je
n'avais pas vu La Guerre des Rose depuis des années, j'ai
toujours aimé ce film. Comme tout le monde, c'est la bataille finale
dans la maison qui demeure le clou du spectacle. La destruction
systématique et minutieuse de ce décor gigantesque et l'explosion
des accessoires est une manière radicale de finir les contes. Après
que le décor central n'existe plus, l'histoire est définitivement
achevée. C'est aussi un moyen d'en finir avec le couple Kathleen
Turner Michael Douglas tout autant qu'avec l'idéologie de la
réussite des années 1980.
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