Le
meilleur rôle de Madonna c'est jouer Madonna. Avant ce film tout à
sa gloire et produite par elle-même (on n'est jamais aussi bien
servi que par soi-même), il faut bien constater que ça a beaucoup
patiné. J'ai fait l'erreur fatale de regarder Recherche Susan
désespérément, j'aurais du garder mes souvenirs, le film de
Susan Seidleman a terriblement vieilli. Passons sur son film avec
Sean Peann (Shanghai surprise), son mari éphémère dont elle
dit dans le film qu'elle est le seul à avoir aimé, ce qui est sympa
pour Warren Beatty son mec de l'époque qui la suit lors de sa
tournée.
Elle
a tourné pour lui Dick Tracy et c'est ce look blonde platine
qu'elle aborde lors de sa tournée suivant l'album Like A Prayer et
la chanson Vogue. La demi-douzaine de chansons enregistrées en
concert et ultra chorégraphiées sont en couleur, quand tout le
reste est en noir et blanc. On dirait des clips. D'ailleurs, l'un de
ses meilleurs clips Express Yourself a été réalisé par David
Fincher avant qu'il ne passe au cinéma. C'est par cette chanson que
commence le film avec un décor monumental d'où sortent les danseurs
de Madonna tout en muscles et sueur.
La
dernière chanson (il y en moins de dix, presque toute entières) est
Keep It Together, un morceau sur la famille. Voici le leitmotiv du
film. Madonna est la maman de tous ses danseurs, elle les considère
comme des enfants, les siens, et leur parle comme tel. Les danseurs,
tous gay, sauf Oliver (la presse people lui prête une aventure avec
Madonna quand ils sont en concert en Italie), quand ils ne sont pas
sur scène s'entraînent à faire des mouvements coordonnés pour les
chorégraphies (ils sont vraiment géniaux), ils s'amusent comme des
gamins avec leurs chamailleries.
Madonna
ne manque pas d'humour, elle pratique l'autodérision très
contrôlée, mais gare à celui qui se moque un peu d'elle. Ainsi
quand elle s'habille tout en noir, Luis, l'un des danseurs, dit
qu'elle a la tenue de Janet Jackson pour Rhythm Nation, elle fait les
gros yeux. Janet Jackson était la concurrente directe de Madonna.
Les gros yeux, elle les aura aussi quand sa maquilleuse, une gentille
rondouillarde, se retrouve mêlée à une coucherie avec des
inconnus, elle a laissé filtrer des secrets sur Madonna. Le contrôle
avant tout.
Famille
choisie contre famille naturelle, Madonna travaille avec son frère
Christopher Ciccone sur la tournée. Lors des concerts à Detroit, sa
ville natale, elle appelle son père. Ce dernier demande si elle va
se dénuder sur scène, elle affirme que non, elle fait de l'art. Ce
soir-là, il fête son anniversaire devant tout le monde. C'est son
deuxième frère Martin qui est cependant l'objet de la séquence,
alcoolique, peu fiable. Madonna a peur qu'il ne débarque avec toute
sa bande dans son hôtel, finalement, il arrivera des heures après
qu'elle se soit endormie.
La
troisième famille de In bed with Madonna, ce sont les autres
stars et vedettes qu'elle rencontre. C'est fou ce que Madonna peut
être pimbêche. On croise Antonio Banderas en Espagne, il ne la
rappellera pas le lendemain regrette-telle, pourtant il feront
ensemble le pénible Evita. Avec Sandra Bernhardt, elle
cancane, elles étaient alors très amies. A Los Angeles, elle
reconduit sans ménagement Kevin Costner qui a trouvé le concert
« chouette », l'acteur a raison mais Madonna est
persuadée d'avoir donné un show « politique ».
Il
faut dire que le titre original est Truth or Dare, la vérité
toute crue doit apparaître sur l'écran, quitte à dire des horreurs
sur les gens. Cette vérité correspond aussi à l'intégrité
artistique de Madonna, en tout cas celle qu'elle défend. Le climax
du film est lors des concerts à Toronto où la police veut interdire
sa performance sur Like A Virgin, elle simule une masturbation sur un
divan rouge (avec les costumes de Jean-Paul Gaultier). Intégrité
artistique, tu parles. Mais le film est un exemple amusant
d'autoportrait, une confession sur le divan, si on aime Madonna
certes.
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