vendredi 1 juin 2018

Balance maman hors du train (Danny DeVito, 1987)

Un écrivain ça écrit. Le slogan que Larry (Billy Crystal) donne à ses élèves adultes du cours d'écriture ne fonctionne pas sur lui. Il a l'angoisse de la plage blanche, pour l'instant la seule phrase qu'il parvient à écrire pour son nouveau roman est la suivante « la nuit était... », trois mots, il n'arrive même pas à trouver un adjectif pour qualifier cette nuit. Larry fait une boule avec la page de papier, la jette dans la poubelle qui en contient bien d'autres. Et Larry se lève, s'assoit à nouveau et part faire une pause.

Il regarde un peu la télé et tombe sur l'émission d'Oprah Winfrey. L'invitée est Margaret Donner (Kate Mulgrew), l'ex de Larry. Elle a écrit un roman à succès Hot Fire, un bestseller que Larry prétend avoir écrit et que Margaret lui aurait volé. Même son agent (Rob Reiner), trop occupé de toute façon à aménager sa nouvelle maison avec son chéri, sait que le bouquin a été volé. Mais peu lui importe le talent, ce qui compte est l'agent, que le livre se vende or Larry ne vend pas un seul livre depuis des années.

Un écrivain ça apprend à écrire. Mais sa classe, quelle misère. Parmi tous les éléments comiques de Balance maman hors du train, la lecture des œuvres des élèves est un grand moment de gène. Surtout celle de M. Pinsky, un type a priori propre sur lui mais obsédé sexuel qui envisage d'écrire des récits érotiques. Le seul qui voit son texte rester sur le tas est Owen (Danny DeVito), à son grand dam. Mais il va s'incruster dans la vie de Larry surtout quand ce dernier pète les plombs devant tout le monde.

L'idée d'Owen est clarifiée quand il va voir au cinéma L'Inconnu du Nord Express d'Alfred Hitchcock. Une vision toute personnelle où la promesse de Robert Walker d'échanger ses meurtres ne cesse de se répéter sur l'écran comme dans son cerveau. Owen tuera Margaret et Larry tuera Maman (Anne Ramsey). Comme lui suggérait Larry, pour faire un crime parfait, il faut que le mobile soit mis de côté et avoir un bon alibi. Mais Larry ne faisait que parler littérature et donner des conseils d'écriture à Owen.

Maman est un personnage terrible. Physiquement, Anne Ramsey s'est fait un visage proche du monstre de Frankenstein et à côté de Danny DeVito elle paraît immense, surtout avec les angles choisis pour les cadrer. C'est une mère castratrice, elle insulte constamment Owen et lui donne des ordres à longueur de journée avec un voix forte et cassante. Ils vivent tous les deux dans une grande maison et apparemment le fiston, faut dire pas très futé, n'est jamais parvenu à partir. Mais là, c'est bon, il va enfin la voir mourir.

Owen part à Hawaii, là où habite Margaret pour accomplir sa part de l'échange. Larry passe par tout un choix de mauvaises décisions : confesser à Beth (Kim Greist) sa petite amie l'échange de meurtre, ainsi qu'à son voisin Lester (Brandford Marsalis) dont la copine, hôtesse de l'air affirme qu'avec les horaires d'avion, il aurait tout à fait été en mesure de faire l'aller-retour pour tuer son ex-épouse, Larry décide de fuir devant les deux policiers qui viennent enquêter sur la disparition de Margaret.


La folie gagne Larry et Owen mais c'est une folie très éloignée de la névrose œdipienne chère à Hitchcock. Tout ce qui se passe après l'assassinat de Margaret par Owen est un pur délire cartoonesque, genre Looney Tunes Bib-Bip et le Coyote. Cette deuxième partie de Balance maman hors du train se passe dans la maison de maman où Larry trouve refuge, un refuge précaire puisque ce monstre de maman est bien plus coriace que prévue, peut-être le personnage le plus sain de cette histoire de fous, c'est dire.


























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