Deux
familles s'affrontent dans The Queen. A ma gauche, les Blair.
Tony (Michael Sheen, il jouait un domestique dans Mary Reilly)
vient de remporter les élections législatives. Son épouse Cherie
(Helen McCrory) est républicaine mais elle est obligée de venir
rencontrer la Reine. Cherie n'a aucune sympathie pour sa souveraine
et rien que l'idée de faire une révérence devant elle la met en
rogne, mais elle ira avec son mari à Buckingham. Ils ont trois
enfants.
A
ma droite, les Windsor. La Reine Elizabeth II (Helen Mirren) qui a vu
défiler dans son palais 10 Premiers Ministres, le premier étant
Winston Churchill. Appliquant le protocole à la lettre, elle
s'apprête à demander à Tony Blair de former un gouvernement. Son
mari le Prince consort Philip (James Cromwell) toujours à grommeler,
la Reine Mère (Sylvie Symas) constamment assise et prête à
dégainer. Et entre les deux, la Princesse Diana qui vient de mourir
à Paris.
Les
deux familles vivent comme toutes les autres. Les Blair se la jouent
moderne et cool. Chez eux, Tony porte un maillot de foot, il aide aux
tâches ménagères, leur maison est modeste. Les Windsor passent
l'été au palais de Balmoral, en Ecosse. Un vieux château immense
et mal chauffé, la Reine dort avec une bouillotte quand son
secrétaire particulier, le fidèle Robin Janvrin (Roger Allam) vient
la réveiller en pleine nuit pour annoncer l'accident de son
ex-belle-fille.
« Qu'est-ce
qu'elle a encore fait ? » demande en grommelant Philip.
Comme tous les autres Britanniques, la Reine, la Reine Mère et le
Prince consort regardent la télé en continu pour suivre les
informations. Arrive le Prince Charles (Alex Jennings) qui ne
prévient pas immédiatement ses deux fils. C'est ainsi que commence
le récit de cet affrontement entre deux visions, entre deux
positions, entre deux camps. Pendant ce temps, les Britanniques
viennent déposer des fleurs et des messages devant Buckingham.
La
famille s'élargit. Le camp travailliste se retrouve au 10 Downing
Street pour préparer le discours de Tony Blair. Son conseiller lui
trouve la formule « la Princesse du peuple », formule qui
fera tellement mouche qu'elle met le Prince Philip en colère. Il
grommelle encore plus que d'habitude. Il ira à la chasse au cerf
avec ses petits-enfants. Est-ce une bonne idée demande Elizabeth. La
Reine Mère répond qu'ils peuvent tirer sur les paparazzi s'ils
viennent roder autour de Balmoral.
Stephen
Frears mène son récit comme un suspense, haletant comme un bras de
fer et pourtant on sait exactement comment cela se termine. La Reine
participera-t-elle aux funérailles de Diana ?
S'exprimera-t-elle ? Elle ne veut pas tandis que ses sujets
commencent à gronder. Le drapeau n'est pas en berne. « Même
pour votre grand-père le drapeau n'était pas en berne »
répond sèchement la Reine Mère à Charles. Le protocole, toujours
le protocole.
Ce
fameux protocole est admirablement illustré par une courte scène où
les secrétaires de Buckingham épluchent chaque point des
funérailles. « Ces gens ont-ils un cœur ? »
demande le conseiller à Tony Blair qui passe des coups de téléphone
à la Reine qui soupire avant de répondre avant que le fidèle Robin
ne rappelle le Premier Ministre. Les coulisses du pouvoir passent par
les employés, ce sont eux qui arrangent les choses.
Malgré
la tragédie que vit le Royaume Uni cet été 1997, The Queen
est l'un des films les plus drôles de Stephen Frears. Dès la
séquence d'ouverture, avec ce regard caméra de la Reine, le
cinéaste se place sous le signe de l'ironie. Il rend sympathique la
souveraine en décrivant son intimité : elle se lève le matin,
elle dresse un pique-nique, elle conduit son 4X4. Certes, elle est
plus émue par le cerf à 14 branches que par la mort de Diana mais
elle finira par rejoindre l'avis de Tony Blair pour redevenir la
« Reine du peuple ».
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