samedi 29 avril 2017

Home (Patric Chiha, 2006)

Quand je regarde certains films, je ressens immédiatement leur part d'autoportrait, non pas seulement d'autobiographie où le cinéaste raconte sa vie, mais plutôt un sentiment de connaissance intime du lieu, de la topographie, du passé qui sert de cadre au récit, des souvenirs très personnels. Je trouve tout cela dans Home, moyen métrage de 47 minutes où Patric Chiha trimballe ses deux personnages dans les routes et les forêts de Styrie, exactement le même décor que dans Boys like us (sept ans séparent les deux films).

Soit un vieux prénommé Fouad (Alain Libolt) et un homme plus jeune, Jacques (Julien Lucas), deux homme qui travaillent dans l'export (comme le dit Jacques) partis conquérir une part de marché dans le village du cinéaste. Cette rampe pour le saut à ski, ces maisons fleuries, cette auberge, ce cimetière et ces tampons sur les sentiers de promenade. Ce ne sont pas des détails illustrant le folklore local, les particularismes de l'Autriche, c'est un ancrage de Fouad dans ce pays qu'il a connu.

Tout Home est centré sur les souvenirs que Fouad tente de se remémorer. Tandis que la nuit noire tombe et qu'ils n'ont pas été capables de trouver leur route, le vieil homme commence à écrire les chapitres du roman de sa mère. L'Anschluss, l'exil, la vie au Liban. Les yeux dans la vide, prenant une inspiration, il dicte à voix haute cette histoire qu'il imagine terriblement romanesque, parfois scandée par des images en super 8 des rues et paysages de Beyrouth.

Et ce passé, ces souvenirs se fracassent au présent. Fouad fume clope sur clope et visite le village de son enfance oubliée où il n'a pas remis les pieds depuis 30 ans, comme Rudolph de Boys like us l'avait quitté. Il repousse sans cesse la visite aux clients et délaisse Jacques qui n'ose pas le contredire. Ce passé se fracasse quand il apprend que la tombe de sa mère a été profanée, que des inscriptions racistes (« pute arabe ») ont été tagués. Tout est pareil dans le village mais tout a changé.

Il cherche à se réconcilier avec ses souvenirs et atterrit dans le lit d'une vieille connaissance, mais la mélancolie le submerge. Il erre, hagard, dans l'usine de textile pendant que Jacques règle le contrat. C'est lui qui assimile toute la rigueur et la droiture autrichienne qui était l'un des motifs comiques de Boys like us. Je vois Home comme un galop d'essai, triste et névrosé, à Boys like us. Une névrose parfois un peu trop conceptuelle, sans humour ni sensualité, donc moins aboutie.













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