dimanche 16 avril 2017

L'Emigrant (Charles Chaplin, 1917)

Aller en bateau d'Europe en Amérique, dormir à même le sol, être secoué par le roulis, attendre la maigre pitance, tel est le sort des émigrants en 1917. Parmi eux, le vagabond plié en deux sur la rambarde, il doit souffrir du mal de mer, mais non il a péché un poisson, parmi eux, une fille et sa mère, fichu sur la tête, comme toutes les autres femmes, et tout le monde tangue au rythme du navire, ce vieux bougre qui refile son hoquet à Charlot, ces joueurs de dés qui tentent de prendre les billets de ceux qui sont aussi pauvres qu'eux.

Charlot et Edna, l'émigrant et la jeune femme se rencontrent à la cantine. Le roulis des dés succède à celui du bateau. En plan large, Chaplin filme une grosse bonne femme qui roule sur le sol puis Charlot qui s'affale, sur un mode plus comique, c'est l'assiette de soupe qui passe d'un côté de la table à l'autre, chacun cherche à prendre un peu de soupe avec sa cuiller quand l'assiette daigne venir de son côté. Edna n'a pas de siège, Charlot lui laissera le sien non sans avoir souri longuement devant son charmant visage.

Sur le pont, ils se rejoignent. Charlot vient de gagner un peu d'argent au jeu (non sans avoir mécontenté le costaud moustachu) et Edna s'est aperçu que l'argent de sa mère a disparu. Il met des billets dans la poche de la jeune femme, sans lui dire, mais un second du capitaine croit que Charlot est un pickpocket. Cette première approche de l'injustice se résout bien, le second comprend sa méprise, Edna remercie Charlot, pleine de gratitude. Bientôt c'est le moment de débarquer, la Statue de la Liberté les accueille et les émigrants l'admirent tous.

La mise en scène de Charles Chaplin s'appuie sur la violence de l'accueil des migrants aux Etats-Unis. Les douaniers font porter des étiquettes aux émigrants et les parquent derrière une barrière. Une fois sur terre, la pauvreté gangrène Edna et Charlot qui crèvent la faim. Le géant Eric Campbell joue le serveur d'un restaurant, un serveur peu commode qui juge d'un bien mauvais œil ces indigents qui envahissent le restaurant. Ce qui les sauvera, c'est l'art, encore et toujours, l'art unique voie de la liberté.



















Aucun commentaire: