Et
si le cinéaste autrichien le plus intéressant du moment était
Patric Chiha, le réalisateur de l'intrigant Brothers of the night. Vous allez me
dire qu'on ne connaît que Michael Haneke (et encore il tourne
souvent en France) et Ulrich Seidl. D'ailleurs, on connaît peu de
choses de l'Autriche. Comme le dit Gabriel (Raphaël Bouvet) « à
part Freud, Sissi, Hitler, Mozart », ce à quoi lui répond
Rudolph (Florian Carove) « Marie-Antoinette était bien
autrichienne, non ? ». En tout cas, Nicolas (Jonathan
Capdevielle) trouve que c'est « calme et reposant, comme dans
Shining ».
Avant
que le trio d'amis ne se retrouve dans un village des Alpes
autrichiennes, Boys like us
commence à Paris et je craignais le pire avec l'exposition des
personnages. Rudolph, autrichien exilé à Paris depuis 17 ans se
fait larguer par son mec. Nicolas et Gabriel l'attendent, en vain,
pour faire une partie de ping-pong et ils sont accompagnés par deux
gamins et un grand gars tout tatoué. Tout est un peu maladroit, y
compris dans le jeu des trois comédiens, mais ça démarre quand
Nicolas et Gabriel s'incrustent dans le camion de déménagement de
Rudolph.
Il
débarquent en pleine nuit en Istrie. Rudolph toque à la porte de
l'auberge que tient Johanna (Inge Maux) qui l'accueille en allemand
et avec le sourire. Il n'est que 20h30 mais tout le monde dort déjà
et elle n'ose pas éclairer les escaliers et couloirs. Plus question
de manger, le dîner était à 18h30. Le lendemain matin, c'est la
même stricte règle du petit déjeuner, le café viendra après les
œufs à la coque. Nicolas tente de demander son café dès le début,
mais Rudolph le rappelle à l'ordre. Il faut s'adapter et surtout se
désadapter de Paris.
Ce
sont dans ces petites règles filmées comme autant de rites
immuables que réside le comique du film de Patric Chiha, un humour
étrange mais franc que les deux Français découvrent non sans
ironie en se moquant gentiment de leur ami autrichien. L'exemple le
plus typique est celui de ces petites boîtes tout au long des
sentiers de forêt. Elles contiennent un tampon et Rudolph s'arrête
devant chacune d'elles pour tamponner une feuille de papier, comme il
le faisait dans son enfance. C'est un geste immuable qu'il reprend
dès son retour chez lui.
Les
trois hommes ont trois caractères très tranchés. Gabriel, grand
maigrichon toujours en débardeur, vit dans le souvenir de Franz, son
ex. Il est persuadé de l'avoir vu et ne cesse d'appeler sa psy.
Nicolas, la mèche sur les yeux, se croit toujours jeune et fait des
petites bêtises. Draguer le serveur d'un refuge, faire des selfies
torse nu une hache à la main. Rudolph retrouve dans sa terre natale
une rigueur que ses amis ne lui avaient jamais vue. Il est comme un
père de famille qui promène ses deux enfants en vacances à la
montagne.
Au
fil des jours qui s'écoulent doucement, des rencontres se créent.
Eva (Gisele Vienne), la fille de Johanna, c'est une vieille amie de
Rudolph. Avec elle, le trio va en boîte de nuit où ils dansent
frénétiquement sous des lumières criardes (étonnante
chorégraphie). Le maire du village, la secrétaire de mairie un peu
décontenancés par les questions des deux Français. Gerhard (Lorenz
Pitzer), un jeune gars que drague Nicolas au bord d'un lac. Un
animateur d'une colonie de vacances. Et le fantôme de Nina Hagen,
elle chantera Naturträne.
Le
film n'est pas composé que de ces saynètes cocasses mais elles
contribuent à rendre terriblement attachants les personnages. Dans
le dernier tiers, les trois amis se disputent et chacun vaque à ses
activités. Rudolph aménage son appartement au cordeau et se met à
écrire son roman tandis que les deux autres errent. Gabriel se perd
en forêt telle Blanche-Neige, courant dans tous les sens avant de
s'échapper en tyrolienne. Boys
like us est un peu passé
inaperçu à sa sortie mais il existe un DVD (édité par Epicentre)
pour le découvrir.
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