mercredi 26 avril 2017

Boys like us (Patric Chiha, 2014)

Et si le cinéaste autrichien le plus intéressant du moment était Patric Chiha, le réalisateur de l'intrigant Brothers of the night. Vous allez me dire qu'on ne connaît que Michael Haneke (et encore il tourne souvent en France) et Ulrich Seidl. D'ailleurs, on connaît peu de choses de l'Autriche. Comme le dit Gabriel (Raphaël Bouvet) « à part Freud, Sissi, Hitler, Mozart », ce à quoi lui répond Rudolph (Florian Carove) « Marie-Antoinette était bien autrichienne, non ? ». En tout cas, Nicolas (Jonathan Capdevielle) trouve que c'est « calme et reposant, comme dans Shining ».

Avant que le trio d'amis ne se retrouve dans un village des Alpes autrichiennes, Boys like us commence à Paris et je craignais le pire avec l'exposition des personnages. Rudolph, autrichien exilé à Paris depuis 17 ans se fait larguer par son mec. Nicolas et Gabriel l'attendent, en vain, pour faire une partie de ping-pong et ils sont accompagnés par deux gamins et un grand gars tout tatoué. Tout est un peu maladroit, y compris dans le jeu des trois comédiens, mais ça démarre quand Nicolas et Gabriel s'incrustent dans le camion de déménagement de Rudolph.

Il débarquent en pleine nuit en Istrie. Rudolph toque à la porte de l'auberge que tient Johanna (Inge Maux) qui l'accueille en allemand et avec le sourire. Il n'est que 20h30 mais tout le monde dort déjà et elle n'ose pas éclairer les escaliers et couloirs. Plus question de manger, le dîner était à 18h30. Le lendemain matin, c'est la même stricte règle du petit déjeuner, le café viendra après les œufs à la coque. Nicolas tente de demander son café dès le début, mais Rudolph le rappelle à l'ordre. Il faut s'adapter et surtout se désadapter de Paris.

Ce sont dans ces petites règles filmées comme autant de rites immuables que réside le comique du film de Patric Chiha, un humour étrange mais franc que les deux Français découvrent non sans ironie en se moquant gentiment de leur ami autrichien. L'exemple le plus typique est celui de ces petites boîtes tout au long des sentiers de forêt. Elles contiennent un tampon et Rudolph s'arrête devant chacune d'elles pour tamponner une feuille de papier, comme il le faisait dans son enfance. C'est un geste immuable qu'il reprend dès son retour chez lui.

Les trois hommes ont trois caractères très tranchés. Gabriel, grand maigrichon toujours en débardeur, vit dans le souvenir de Franz, son ex. Il est persuadé de l'avoir vu et ne cesse d'appeler sa psy. Nicolas, la mèche sur les yeux, se croit toujours jeune et fait des petites bêtises. Draguer le serveur d'un refuge, faire des selfies torse nu une hache à la main. Rudolph retrouve dans sa terre natale une rigueur que ses amis ne lui avaient jamais vue. Il est comme un père de famille qui promène ses deux enfants en vacances à la montagne.

Au fil des jours qui s'écoulent doucement, des rencontres se créent. Eva (Gisele Vienne), la fille de Johanna, c'est une vieille amie de Rudolph. Avec elle, le trio va en boîte de nuit où ils dansent frénétiquement sous des lumières criardes (étonnante chorégraphie). Le maire du village, la secrétaire de mairie un peu décontenancés par les questions des deux Français. Gerhard (Lorenz Pitzer), un jeune gars que drague Nicolas au bord d'un lac. Un animateur d'une colonie de vacances. Et le fantôme de Nina Hagen, elle chantera Naturträne.

Le film n'est pas composé que de ces saynètes cocasses mais elles contribuent à rendre terriblement attachants les personnages. Dans le dernier tiers, les trois amis se disputent et chacun vaque à ses activités. Rudolph aménage son appartement au cordeau et se met à écrire son roman tandis que les deux autres errent. Gabriel se perd en forêt telle Blanche-Neige, courant dans tous les sens avant de s'échapper en tyrolienne. Boys like us est un peu passé inaperçu à sa sortie mais il existe un DVD (édité par Epicentre) pour le découvrir.
















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