Dix
ans séparent Au pays des mages
noirs de Moi,
un Noir, et on peut facilement
imaginer que les héros de Treichville vivaient, en 1947, dans le
village que visitait Jean Rouch au Niger pour son premier film. Dans
ce reportage de 12 minutes à la voix off lourdement explicative, ce
sont d'abord les animaux de la savane, comme dans une aventure de
Tarzan, que le spectateur découvre : éléphants, fauves,
antilopes. Jean Rouch s'approche prudemment du village, il observe
les greniers en terre cuite pour conserver les aliments. Enfin, ses
habitants filmés en gros plan comme s'il voulait adopter leur point
de vue, qui vaquent à leur occupation quotidienne, se préparent à
une chasse à l'hippopotame.
Tout
commence par un rite. Le sacrifice d'un mouton permet d'obtenir le
sang pour bénir les lances. Chaque chasseur prend place sur les
pirogues qui s'avancent dans la rivière. L'animal est repéré au
milieu des marécages, la première salve de lances l'atteint, puis
une deuxième. L'hippopotame est ramené au village, découpé en
morceaux. Les danses rituelles commencent et Jean Rouch filme
particulièrement une femme qui entre en transe (le commentaire
utilise les mots d'hystérie, d'hallucination) puis un homme qui se
jette à terre perclus de convulsions. 70 ans après son tournage,
l'enjeu est de faire la part entre le spectaculaire des commentaires
qui tendent au thriller et les images naturalistes du Niger alors
colonie française.
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