Le
générique inaugural décrit très bien ce que sera Beautiful
boxer. Nong Toom s’habille
pour boxer. Pirinya se maquille et met sa robe rouge. Jamais le
visage ne sera montré en gros plan. Le réalisateur s’attarde sur
les gestes précis que demande chacune des deux activités. C’est
le même rituel qui est décrit, sauf que chacun est l’inverse de
l’autre. Mais par-dessus tout, il s’agit pour chacune de deux
facettes du protagoniste de se mettre en scène. Nong Toom est la
partie masculine et Pirinya la féminine d’une même personne. Pour
Toom, il s’agira de ne plus être que Pirinya et chaque jour passé
à boxer est une avancée pour s’affirmer.
Le
récit étant réel, le cinéaste choisit de faire se rencontrer Toom
avec un journaliste américain à qui il pourra narrer son histoire.
Tout commence donc dans l’enfance de Toom. Il vit avec sa famille
dans la province de Chiang Mai, au nord de la Thaïlande. Sa famille
est très pauvre. Lui-même est brimé par ses camarades à l’école.
Toom prend conscience que son âme de femme est enfermé dans un
corps d’homme très tôt. Il est à la Fête du Temple. Il assiste
successivement à un match de boxe puis à un opéra populaire. La
chanteuse laisse tomber son rouge à lèvres. Toom, une fois chez
lui, se maquille et chante l’air entendu au spectacle, pendant le
repas familial devant les yeux médusés de ses parents.
Le
destin de Toom bascule une nouvelle fois lors d’une autre Fête du
Temple. Il accompagne son frère qui doit boxer et c’est finalement
Toom qui monte sur le ring et remporte le match. Ce qui bien entendu
provoque la jalousie du frère. Tous deux iront dans une école de
muy thaï. L’entraînement est difficile et la promiscuité avec
les autres élèves est encore plus rude, car comme on le sait si
l’on vu un jour un reportage sur la muaythaï, tous dorment dans la
même pièce. Toom est fasciné par le corps de ses collègues. Ses
camarades décident quoi qu’il en soit de lui offrir une
prostituée. Là-bas, il dit à la jeune femme qu’il n’a pas
encore de poitrine, mais qu’un jour il en aura.
La
femme du coach lui offre un jour une boîte de maquillage. Désormais
Toom combattra maquillé. Il subit les moqueries de ses adversaires.
Et moquerie est un euphémisme. Le cinéaste réussit pourtant dans
ses scènes un peu dures à apporter de l’humour. L’entraîneur
n’était pas partisan du maquillage et des fanfreluches qu’arbore
Toom, mais un constat s’impose : Toom reste un grand champion,
même maquillé. Le seul conseil que donnera l’entraîneur à ce
sujet est que Toom devrait s’acheter du maquillage waterproof.
Parce que la sueur fait couler le mascara.
Dès
lors, Toom deviendra la coqueluche des médias thaïs. Et Toom va se
présenter en tant que Pirinya. Ses manières et ses vêtements
deviendront de plus en plus excentriques et sa crédibilité en
prendra un coup. Le boxeur ne deviendra rien d’autre qu’une
caricature aux yeux de tous, devant cette surenchère de la presse.
Le cinéaste n’accable ni Toom, ni la presse, mais décrit
précisément la grandeur et la décadence du jeune homme. Mais ce
qu’il décrit le mieux est le désespoir de Toom, ou plutôt de
Pirinya. Il devient une bête de foire. Jusqu’à ce qu’il prenne
la décision de se faire opérer pour oublier définitivement sa vie
d’homme.
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