lundi 3 avril 2017

Beautiful boxer (Ekachai Uekrongtham, 2003)

Le générique inaugural décrit très bien ce que sera Beautiful boxer. Nong Toom s’habille pour boxer. Pirinya se maquille et met sa robe rouge. Jamais le visage ne sera montré en gros plan. Le réalisateur s’attarde sur les gestes précis que demande chacune des deux activités. C’est le même rituel qui est décrit, sauf que chacun est l’inverse de l’autre. Mais par-dessus tout, il s’agit pour chacune de deux facettes du protagoniste de se mettre en scène. Nong Toom est la partie masculine et Pirinya la féminine d’une même personne. Pour Toom, il s’agira de ne plus être que Pirinya et chaque jour passé à boxer est une avancée pour s’affirmer.

Le récit étant réel, le cinéaste choisit de faire se rencontrer Toom avec un journaliste américain à qui il pourra narrer son histoire. Tout commence donc dans l’enfance de Toom. Il vit avec sa famille dans la province de Chiang Mai, au nord de la Thaïlande. Sa famille est très pauvre. Lui-même est brimé par ses camarades à l’école. Toom prend conscience que son âme de femme est enfermé dans un corps d’homme très tôt. Il est à la Fête du Temple. Il assiste successivement à un match de boxe puis à un opéra populaire. La chanteuse laisse tomber son rouge à lèvres. Toom, une fois chez lui, se maquille et chante l’air entendu au spectacle, pendant le repas familial devant les yeux médusés de ses parents.

Le destin de Toom bascule une nouvelle fois lors d’une autre Fête du Temple. Il accompagne son frère qui doit boxer et c’est finalement Toom qui monte sur le ring et remporte le match. Ce qui bien entendu provoque la jalousie du frère. Tous deux iront dans une école de muy thaï. L’entraînement est difficile et la promiscuité avec les autres élèves est encore plus rude, car comme on le sait si l’on vu un jour un reportage sur la muaythaï, tous dorment dans la même pièce. Toom est fasciné par le corps de ses collègues. Ses camarades décident quoi qu’il en soit de lui offrir une prostituée. Là-bas, il dit à la jeune femme qu’il n’a pas encore de poitrine, mais qu’un jour il en aura.

La femme du coach lui offre un jour une boîte de maquillage. Désormais Toom combattra maquillé. Il subit les moqueries de ses adversaires. Et moquerie est un euphémisme. Le cinéaste réussit pourtant dans ses scènes un peu dures à apporter de l’humour. L’entraîneur n’était pas partisan du maquillage et des fanfreluches qu’arbore Toom, mais un constat s’impose : Toom reste un grand champion, même maquillé. Le seul conseil que donnera l’entraîneur à ce sujet est que Toom devrait s’acheter du maquillage waterproof. Parce que la sueur fait couler le mascara.

Dès lors, Toom deviendra la coqueluche des médias thaïs. Et Toom va se présenter en tant que Pirinya. Ses manières et ses vêtements deviendront de plus en plus excentriques et sa crédibilité en prendra un coup. Le boxeur ne deviendra rien d’autre qu’une caricature aux yeux de tous, devant cette surenchère de la presse. Le cinéaste n’accable ni Toom, ni la presse, mais décrit précisément la grandeur et la décadence du jeune homme. Mais ce qu’il décrit le mieux est le désespoir de Toom, ou plutôt de Pirinya. Il devient une bête de foire. Jusqu’à ce qu’il prenne la décision de se faire opérer pour oublier définitivement sa vie d’homme.
















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