samedi 22 avril 2017

Dr. Jekyll and Mr. Hyde (John L. Robertson, 1920)

Voici le premier long-métrage adapté du roman de Stevenson. La Paramount décide en 1920 de mettre le paquet pour une production de ce Dr. Jekyll et Mister Hyde. Beaucoup de décors (la fastueuse demeure des Carew, la grande maison de Jekyll, son laboratoire et le cabaret des bas quartiers), des luxueux costumes et se paie John Barrymore, le petit frère de Lionel et Ethel, pour incarner Jekyll et Hyde.

C'est d'abord l'opposition entre Jekyll et son confrère le professeur Lanyon (Charles Lane) qui est mise en avant. Le premier est un philanthrope, on le découvre aller soigner des indigents dans un dispensaire, longue scène où les pauvres sont près de prier le savant, il a une figure de bonté. Lanyon est qualifié de conservateur dans les inter-titres et il est horrifié par les recherches de Jekyll, en l'occurrence il observe des bactéries dans son microscope.

Puis vient l'opposition avec Lord Carew (Brandon Hurst). L'aristocrate a organisé en l'honneur de sa fille un dîner mondain, Jekyll est invité mais tarde à venir. Il n'arrive que pour le digestif au grand dam de Millicent (Martha Mansfield), par ailleurs sa fiancée. C'est une bordée de reproches que reçoit Jekyll de Carew, en substance de ne pas être assez viril. C'est pour cela que Carew met Jekyll à l'épreuve en l'invitant dans un cabaret et qu'il met la danseuse Gina (Nita Naldi) dans ses pattes.

La première transformation se fait sans maquillage, Barrymore semble simplement dilater son visage et ses yeux sont exorbités, c'est un jeu très théâtral. Dans la suite du film, l'apparence de Hyde consiste en deux éléments, des mains caleuses et aux longs ongles et sur la tête de John Barrymore, des cheveux longs mais dégarnis sur une protubérance crânienne. Par certains moments, il semble préfigurer le Nosferatu de Murnau avec ce visage émacié et ces grandes mains.

Jekyll, dans la confrontation finale, avouera que c'est parce que le Lord l'a accusé de faire preuve de trop de bonté qu'il s'est transformé en Hyde. Bizarrement, Hyde fait preuve d'une certaine gentillesse avec les défavorisés et avec Gina. Quand il sera rejeté autant par les aristos que par les pauvres, il deviendra violent, frappera un innocent enfant. Dans cette version, c'est Carew qui meurt sous les coups de sa canne à pommeau.

Au beau milieu du récit, filmé avec des filtres colorés donnant un aspect sépia, Gina raconte une histoire à Hyde sur ses ancêtres italiens dont l'un d'eux avaient une bague pouvant contenir du poison. Là, le flash-back n'est pas teinté mais en noir et blanc simple et agit comme une rupture dans la narration. Il faut aussi noter la grande attention donnée aux inter-titres aux lettrages variés et aux dessins fonctionnant comme un chœur antique.

















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