Voici
le premier long-métrage adapté du roman de Stevenson. La Paramount
décide en 1920 de mettre le paquet pour une production de ce Dr.
Jekyll et Mister Hyde. Beaucoup de décors (la fastueuse demeure
des Carew, la grande maison de Jekyll, son laboratoire et le cabaret
des bas quartiers), des luxueux costumes et se paie John Barrymore,
le petit frère de Lionel et Ethel, pour incarner Jekyll et Hyde.
C'est
d'abord l'opposition entre Jekyll et son confrère le professeur
Lanyon (Charles Lane) qui est mise en avant. Le premier est un
philanthrope, on le découvre aller soigner des indigents dans un
dispensaire, longue scène où les pauvres sont près de prier le
savant, il a une figure de bonté. Lanyon est qualifié de
conservateur dans les inter-titres et il est horrifié par les
recherches de Jekyll, en l'occurrence il observe des bactéries dans
son microscope.
Puis
vient l'opposition avec Lord Carew (Brandon Hurst). L'aristocrate a
organisé en l'honneur de sa fille un dîner mondain, Jekyll est
invité mais tarde à venir. Il n'arrive que pour le digestif au
grand dam de Millicent (Martha Mansfield), par ailleurs sa fiancée.
C'est une bordée de reproches que reçoit Jekyll de Carew, en
substance de ne pas être assez viril. C'est pour cela que Carew met
Jekyll à l'épreuve en l'invitant dans un cabaret et qu'il met la
danseuse Gina (Nita Naldi) dans ses pattes.
La
première transformation se fait sans maquillage, Barrymore semble
simplement dilater son visage et ses yeux sont exorbités, c'est un
jeu très théâtral. Dans la suite du film, l'apparence de Hyde
consiste en deux éléments, des mains caleuses et aux longs ongles
et sur la tête de John Barrymore, des cheveux longs mais dégarnis
sur une protubérance crânienne. Par certains moments, il semble
préfigurer le Nosferatu de Murnau avec ce visage émacié et ces
grandes mains.
Jekyll,
dans la confrontation finale, avouera que c'est parce que le Lord l'a
accusé de faire preuve de trop de bonté qu'il s'est transformé en
Hyde. Bizarrement, Hyde fait preuve d'une certaine gentillesse avec
les défavorisés et avec Gina. Quand il sera rejeté autant par les
aristos que par les pauvres, il deviendra violent, frappera un
innocent enfant. Dans cette version, c'est Carew qui meurt sous les
coups de sa canne à pommeau.
Au
beau milieu du récit, filmé avec des filtres colorés donnant un
aspect sépia, Gina raconte une histoire à Hyde sur ses ancêtres
italiens dont l'un d'eux avaient une bague pouvant contenir du
poison. Là, le flash-back n'est pas teinté mais en noir et blanc
simple et agit comme une rupture dans la narration. Il faut aussi
noter la grande attention donnée aux inter-titres aux lettrages
variés et aux dessins fonctionnant comme un chœur antique.
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