lundi 24 avril 2017

Dr. Jekyll et les femmes (Walerian Borowczyk, 1981)

Voyant que j'avais écrit sur plusieurs films adaptés ou inspirés de L'Etrange cas du Dr. Jekyll et Mister Hyde de Robert Louis Stevenson, un de mes amis cinéphiles m'a habilement suggéré de voir Dr. Jekyll et les femmes. « Oh, moi, tu sais les films de Borowczyk, ça m'a jamais plus » ai-je répondu subtilement. Mais comme il a le coffret édité par Carlotta, il m'a prêté son DVD. Et là je dois bien avouer que je n'aime toujours pas le cinéma de Walerian Borowczyk.

Le cinéaste fait subir au roman un peu ce qu'avait fait Werner Herzog avec son Nosferatu fantôme de la nuit, une lecture contemporaine mais en costumes d'époque, soit la fin du 19ème siècle, l'Angleterre victorienne. Pas question de tourner à Londres, une simple photo, quelques pavés la nuit suffisent à imaginer la capitale anglaise et cette ouverture où la fameuse canne de Jekyll se brise sur le corps d'une pauvre fillette innocente.

Tout le reste du film se déroule en unité de temps (une nuit), de lieu (une vaste demeure labyrinthique) et d'action (une réception à l'occasion des fiançailles de Jekyll). Les invités arrivent les uns après les autres, accueillis par un majordome indien. Ici le général Carew (Patrick Magee, celui qui se faisait tabasser dans Orange mécanique avant de terminer dans un fauteuil roulant), là le docteur Lanyon (Howard Vernon) et bien d'autres invités qui signent le livre d'or.

Avant que le dîner ne commence, la mère boiteuse de Jekyll se met au piano, une jeune fille se met à danser sur cette musique. Pendant le dîner, le Dr. Henry Jekyll (Udo Kier) discute ardemment de son ouvrage, de chimie et de médecine transcendante et le révérend Guest (Clément Harari) oppose sa foi à la science. La fiancée, Miss Fanny Osbourne (Marina Pierro) observe, filmée en gros plan par Borowczyk dans un flou artistique proche de l'érotisme.

Le récit de Dr. Jekyll et les femmes consiste à éliminer tous les convives dans un jeu de massacre sexuel et morbide. La fille du général Carew est violée et assassinée (on distingue un sexe en érection), un jeune homme blond subit le même sort et le sexe turgescent lui transperce l'abdomen. Tous les invités s'affolent, circulent dans les couloirs, ouvrent des portes qui mènent à des pièces jusque là inconnues, ils éructent et appellent Jekyll à la rescousse.

Valerian Borowczyk a choisi deux acteurs. Udo Kier est Jekyll et Hyde est incarné par Gérard Zalcberg au physique coupé à la hache, au visage inquiétant, aux muscles saillants. La transformation est largement plus baroque que dans les précédentes adaptations, Jekyll ne boit pas sa potion pour devenir Hyde, il plonge dans sa baignoire. Borowczyk filme la transformation en plan séquence, devant un miroir pour accentuer l'idée de narcissisme que vivent Jekyll et Hyde.

L'autre variation est de taille, c'est l'implication de la fiancée Fanny dans la transformation monstrueuse. Elle plonge également dans la baignoire qui contient la potion pour devenir l'alter ego de Hyde, c'est une Fanny qui va au-delà du romantisme, dans une volonté d'être l'égale de la créature. La musique concrète de Bernard Parmegiani, toute en stridence, et la destruction des décors et livres par le nouveau couple, finissent par envoyer le film dans une ineffable bizarrerie.






















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