samedi 29 avril 2017

Où se trouve le chef de la prison (Patric Chiha, 2007)

Le carton qui ouvre Où se trouve le chef de la prison ? annonce que le texte qui va se faire entendre date de 1949, écrit par un prisonnier. Ce texte aux phrases courtes et percutantes, comme autant de mots qui viennent se cogner est donné, parfois en voice over, par Raphaël Bouvet. C'est un texte entre la poésie pure et le slogan, un mélange de propos heurtés et déconnectés comme une logorrhée qui ne pourrait pas s'empêcher de sortir, en l'occurrence d'être écrite par ce prisonnier, une libération mentale.

Ces phrases courtes viennent s'entrechoquer avec les longs plans où l'acteur se déshabille, va chier, puis commence à se raser la barbe, les aisselles, les jambes, avant d'enfiler une paire de talons hauts, de se regarder dans le miroir dans la plus stricte nudité et de revêtir une robe. Il est dans son appartement, il n'en sortira, habillé en femme, que pour marcher dans un bois. Ce travestissement est autant une libération, sensuelle et non spirituelle, que celle du prisonnier.

Ce court-métrage de 17 minutes est un objet étrange de Patric Chiha, il joue sur une énigme qui lie ce que l'on peut voir et ce que l'on donne à entendre, comme Jean-Luc Godard le disait son image. Le grand corps élancé de Raphaël Bouvet joue pour beaucoup dans cette énigme, nu pendant tout le film, il passe de la plus grande trivialité (être assis sur les toilettes) à une élégance fine (se faire beau, se faire femme), un film sur les contrastes où le cinéaste autrichien expérimente les contraires. Un film énigmatique.









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