Le
carton qui ouvre Où se trouve le chef de la prison ?
annonce que le texte qui va se faire entendre date de 1949, écrit
par un prisonnier. Ce texte aux phrases courtes et percutantes, comme
autant de mots qui viennent se cogner est donné, parfois en voice
over, par Raphaël Bouvet. C'est un texte entre la poésie pure et le
slogan, un mélange de propos heurtés et déconnectés comme une
logorrhée qui ne pourrait pas s'empêcher de sortir, en l'occurrence
d'être écrite par ce prisonnier, une libération mentale.
Ces
phrases courtes viennent s'entrechoquer avec les longs plans où
l'acteur se déshabille, va chier, puis commence à se raser la
barbe, les aisselles, les jambes, avant d'enfiler une paire de talons
hauts, de se regarder dans le miroir dans la plus stricte nudité et
de revêtir une robe. Il est dans son appartement, il n'en sortira,
habillé en femme, que pour marcher dans un bois. Ce travestissement
est autant une libération, sensuelle et non spirituelle, que celle
du prisonnier.
Ce
court-métrage de 17 minutes est un objet étrange de Patric Chiha,
il joue sur une énigme qui lie ce que l'on peut voir et ce que l'on
donne à entendre, comme Jean-Luc Godard le disait son image.
Le grand corps élancé de Raphaël Bouvet joue pour beaucoup dans
cette énigme, nu pendant tout le film, il passe de la plus grande
trivialité (être assis sur les toilettes) à une élégance fine
(se faire beau, se faire femme), un film sur les contrastes où le
cinéaste autrichien expérimente les contraires. Un film énigmatique.
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