vendredi 21 avril 2017

Les Gardiens de la galaxie (James Gunn, 2014)

Pas facile de se faire un nom quand on est un chasseur de trésor. Notre héros s'appelle Peter Quill (Chris Pratt), blondin d'une trentaine d'années. Il rentre dans les ruines d'un ancien palais, se dirige vers l'objet convoité qu'il récupère juste avant d'autres ne viennent chercher cette même sphère énigmatique et antique. Cette entrée en matière des Gardiens de la galaxie n'est pas sans évoquer les séquences d'ouverture des Indiana Jones, Peter Quill est un héros d'aventures et le film de James Gunn ne cache jamais sa filiation avec le cinéma de Steven Spielberg. Immédiatement le capital de sympathie envers ce personnage est à son maximum.

Cette ouverture dans une planète de l'espace inter-sidéral avec force gadgets du futur, navettes spatiales et extra-terrestres au langage incompréhensible suit un prologue sur notre bonne vieille planète Terre. Nous somme en 1988, Peter est encore un enfant et sa mère meurt, à l'hôpital, d'un cancer. L'unique héritage qu'elle a laissé à son fils est une vieille cassette avec des tubes des années 1970 – 1980, idée géniale qui permet, alors que l'on est à l'autre bout de la galaxie, d'entendre de bonnes chansons funk sur des paysages, des horizons et des décors en total décalage avec ces morceaux. Tout le film est construit sur ces oppositions.

Prenons par exemple Peter Quill lui-même. Il se prend vraiment pour Indiana Jones, il porte d'ailleurs une tenue spécifique pour chasser les trésors mais le fouet et le chapeau d'Harrison Ford sont remplacés par le walkman et les écouteurs. Il prétend être le meilleur mais quand les ennemis arrivent, ils ne le reconnaissent pas. C'est alors qu'il annonce son nom de super héros Star-Lord. Cette identification sera l'un des gags récurrents du film, il subit chaque fois la même humiliation quand il s'annonce, on se moque de lui. Peter Quill est un blanc-bec qui aimerait être un héros. C'est ce qui va lui arriver.

Mais il n'y parviendra pas seul. Il doit constituer son équipe de gardiens. Il ne les choisit pas, ce sont les circonstances qui les lui imposent. Des personnages hybrides, à l'image de tout le film. Un raton-laveur colérique et arrogant nommé Rocket (voix de Bradley Cooper) accompagné d'un arbre humanoïde (voix de Vin Diesel) dont les seuls mots sont « I am Groot ». « Il ne sait dire que I et Am et Groot, uniquement dans cet ordre » dit Rocket au sujet de son comparse. Tout deux sont des chasseurs de primes et le butin du jour est Peter Quill, recherché pour une quelconque raison sans grande importance.

Quill est également recherché par Gamora (Zoe Saldana), femme à la peau verte. Elle agit pour le compte de Ronan (Lee Pace) grand manitou, super méchant du film, tortionnaire en chef et il veut récupérer la sphère par tous les moyens. Quand le quatuor se retrouve en prison, ils s'acoquinent avec Drax (Dave Bautista) au cerveau inversement proportionnel à la taille de ses muscles aux chatoyantes couleurs rouges. Il suit la troupe pour sa vengeance personnelle. Sa femme et sa fille ont été massacrées par Ronan. C'est parti pour une longue série d'aventures, de rebondissements et d'explosions.

Certes, Les Gardiens de la galaxie est un film d'action, merveilleusement efficace, jamais ennuyeux et souvent d'une grande beauté plastique, mais le film est surtout centré autour des personnages, pour une fois dénué de la psychologie habituelle des productions Marvel ou de la franchise X-Men. Leurs passés sont à peine évoqués, on sait à peine ce qui s'est passé dans la vie de Peter Quill entre 1988 et 26 ans plus tard quand il devient l'un des hommes de main de Yondu (Michael Rooker). Yondu, à la peau bleue et au crâne surmonté d'une plaque rouge, menace avec d'une flèche ses ennemis (et parfois ses amis).

Ces passés comme les psychologies n'ont pas besoin d'être racontés, le spectateur habitué aux comédies d'action les imagine, comme dans un hors-champ cinématographique. L'élégance de la mise en scène est arquée sur deux objets, autant de MacGuffin. La sphère qui tient le récit, sa quête comme un Graal qui ouvrirait vers un univers inconnu (encore un hommage à Indiana Jones) et cette cassette audio de Quill, symbole tout à la fois de son passé et métaphore de son puissant matérialisme. Plus prosaïquement, sa cassette donne quelques gags hilarants (après l'évasion de la prison) et des danses endiablées (la séquence d'ouverture).

Certaines répliques de Star-Lord sont particulièrement croustillantes. En tant que hors-la-loi, il se considère l'égal de « Billy the Kid, Bonnie and Clyde ou John Stamos », ce dernier était le personnage rebelle d'une sitcom qui passait lorsqu'il était enfant. La meilleure réplique concerne Pollock et des tâches blanches visibles à la lumière noire dans son vaisseau spatial où il aurait invité de nombreuses femmes. Cette trivialité plaisante est contrecarrée par la poésie autour de Groot. Quand il s'illumine, on se croirait dans un film de Hayao Miyazaki. Pour le dire simplement, je considère Les Gardiens de la galaxie comme le meilleur film de l'année 2014.
























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