Pas
facile de se faire un nom quand on est un chasseur de trésor. Notre
héros s'appelle Peter Quill (Chris Pratt), blondin d'une trentaine
d'années. Il rentre dans les ruines d'un ancien palais, se dirige
vers l'objet convoité qu'il récupère juste avant d'autres ne
viennent chercher cette même sphère énigmatique et antique. Cette
entrée en matière des Gardiens de la galaxie n'est pas sans
évoquer les séquences d'ouverture des Indiana Jones, Peter Quill
est un héros d'aventures et le film de James Gunn ne cache jamais sa
filiation avec le cinéma de Steven Spielberg. Immédiatement le
capital de sympathie envers ce personnage est à son maximum.
Cette
ouverture dans une planète de l'espace inter-sidéral avec force
gadgets du futur, navettes spatiales et extra-terrestres au langage
incompréhensible suit un prologue sur notre bonne vieille planète
Terre. Nous somme en 1988, Peter est encore un enfant et sa mère
meurt, à l'hôpital, d'un cancer. L'unique héritage qu'elle a
laissé à son fils est une vieille cassette avec des tubes des
années 1970 – 1980, idée géniale qui permet, alors que l'on est
à l'autre bout de la galaxie, d'entendre de bonnes chansons funk sur
des paysages, des horizons et des décors en total décalage avec ces
morceaux. Tout le film est construit sur ces oppositions.
Prenons
par exemple Peter Quill lui-même. Il se prend vraiment pour Indiana
Jones, il porte d'ailleurs une tenue spécifique pour chasser les
trésors mais le fouet et le chapeau d'Harrison Ford sont remplacés
par le walkman et les écouteurs. Il prétend être le meilleur mais
quand les ennemis arrivent, ils ne le reconnaissent pas. C'est alors
qu'il annonce son nom de super héros Star-Lord. Cette identification
sera l'un des gags récurrents du film, il subit chaque fois la même
humiliation quand il s'annonce, on se moque de lui. Peter Quill est
un blanc-bec qui aimerait être un héros. C'est ce qui va lui
arriver.
Mais
il n'y parviendra pas seul. Il doit constituer son équipe de
gardiens. Il ne les choisit pas, ce sont les circonstances qui les
lui imposent. Des personnages hybrides, à l'image de tout le film.
Un raton-laveur colérique et arrogant nommé Rocket (voix de Bradley
Cooper) accompagné d'un arbre humanoïde (voix de Vin Diesel) dont
les seuls mots sont « I am Groot ». « Il ne sait
dire que I et Am et Groot, uniquement dans cet
ordre » dit Rocket au sujet de son comparse. Tout deux sont des
chasseurs de primes et le butin du jour est Peter Quill, recherché
pour une quelconque raison sans grande importance.
Quill
est également recherché par Gamora (Zoe Saldana), femme à la peau
verte. Elle agit pour le compte de Ronan (Lee Pace) grand manitou,
super méchant du film, tortionnaire en chef et il veut récupérer
la sphère par tous les moyens. Quand le quatuor se retrouve en
prison, ils s'acoquinent avec Drax (Dave Bautista) au cerveau
inversement proportionnel à la taille de ses muscles aux chatoyantes
couleurs rouges. Il suit la troupe pour sa vengeance personnelle. Sa
femme et sa fille ont été massacrées par Ronan. C'est parti pour
une longue série d'aventures, de rebondissements et d'explosions.
Certes,
Les Gardiens de la galaxie est un film d'action,
merveilleusement efficace, jamais ennuyeux et souvent d'une grande
beauté plastique, mais le film est surtout centré autour des
personnages, pour une fois dénué de la psychologie habituelle des
productions Marvel ou de la franchise X-Men. Leurs passés sont à
peine évoqués, on sait à peine ce qui s'est passé dans la vie de
Peter Quill entre 1988 et 26 ans plus tard quand il devient l'un des
hommes de main de Yondu (Michael Rooker). Yondu, à la peau bleue et
au crâne surmonté d'une plaque rouge, menace avec d'une flèche ses
ennemis (et parfois ses amis).
Ces
passés comme les psychologies n'ont pas besoin d'être racontés, le
spectateur habitué aux comédies d'action les imagine, comme dans un
hors-champ cinématographique. L'élégance de la mise en scène est
arquée sur deux objets, autant de MacGuffin. La sphère qui tient le
récit, sa quête comme un Graal qui ouvrirait vers un univers
inconnu (encore un hommage à Indiana Jones) et cette cassette audio
de Quill, symbole tout à la fois de son passé et métaphore de son
puissant matérialisme. Plus prosaïquement, sa cassette donne
quelques gags hilarants (après l'évasion de la prison) et des
danses endiablées (la séquence d'ouverture).
Certaines
répliques de Star-Lord sont particulièrement croustillantes. En
tant que hors-la-loi, il se considère l'égal de « Billy the
Kid, Bonnie and Clyde ou John Stamos », ce dernier était le
personnage rebelle d'une sitcom qui passait lorsqu'il était enfant.
La meilleure réplique concerne Pollock et des tâches blanches
visibles à la lumière noire dans son vaisseau spatial où il aurait
invité de nombreuses femmes. Cette trivialité plaisante est
contrecarrée par la poésie autour de Groot. Quand il s'illumine, on
se croirait dans un film de Hayao Miyazaki. Pour le dire simplement,
je considère Les Gardiens de la galaxie comme le meilleur
film de l'année 2014.
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