Ce
premier court-métrage d'Alain Cavalier est tout à fait contemporain
de ceux des cinéastes de la Nouvelle Vague et au générique, il y a
du beau monde, Maurice Pialat est assistant réalisateur, Pierre
Lhomme est chef op'. Comme les courts les plus connus de Jean-Luc
Godard, tout commence dans une petite chambre, exiguë et dont les
murs sont couverts d'images diverses et variées. Dans un coin, pas
loin de la fenêtre, un petit lit et dessus un jeune homme.
Dans
une forme de boucle, le premier dialogue est en anglais comme le
dernier. Ce jeune homme se présente, dit qu'il est américain et
c'est une partie de sa vie que le film va décrire dans un mouvement
de balancier, de la nuit au jour, de l'oisiveté au travail car le
jeune homme raconte qu'il passe son temps à faire la fête mais
qu'il n'a pas le sou, si ce n'est pour se payer un petit coup dans le
café qui est sous sa chambre.
La
voix off est omniprésente, le film n'est pas en son direct et c'est
cette solution qu'Alain Cavalier a choisi pour sa narration, le
commentaire de l'Américain est à la fois un récit et des
considérations personnelles sur cette vie de patachon qu'il mène,
sur ce rêve français de devenir artiste qui s'est évaporé au fil
des mois de sa présence à Paris. Il croise aussi certains de ses
compatriotes à Montmartre aussi désœuvrés et désargentés que
lui.
Il
sera toujours habillé de son t-shirt blanc qui commence à être
sérieusement élimé. Ce qui l'intéresse, c'est les filles. Mais il
doit trouver du boulot et ce sera vendeur de journaux américains. Je
ne peux pas m'empêcher de penser à Jean Seberg dans A bout de
souffle dans ce personnage et ce court-métrage apparaît alors
comme une ébauche du film de Jean-Luc Godard auquel le cinéaste
suisse aurait piqué quelques idées. Qui sait ?
Le
film montre l'épreuve de la solitude, cet Américain a le regard
triste et se rend compte que la vie qu'il est en train de mener est
l'inverse de ce pourquoi il a quitté son pays pour venir en France.
Il montre l'épreuve de la banalité, de l'amertume, de ce sentiment
que plus rien ne tourne très bien et c'est montré quand enfin il
rencontre une fille qui tente de le remettre sur la voie de la
sculpture, rien n'y fait, il s'ennuie même avec elle.
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