lundi 10 juin 2019

Un Américain (Alain Cavalier, 1958)

Ce premier court-métrage d'Alain Cavalier est tout à fait contemporain de ceux des cinéastes de la Nouvelle Vague et au générique, il y a du beau monde, Maurice Pialat est assistant réalisateur, Pierre Lhomme est chef op'. Comme les courts les plus connus de Jean-Luc Godard, tout commence dans une petite chambre, exiguë et dont les murs sont couverts d'images diverses et variées. Dans un coin, pas loin de la fenêtre, un petit lit et dessus un jeune homme.

Dans une forme de boucle, le premier dialogue est en anglais comme le dernier. Ce jeune homme se présente, dit qu'il est américain et c'est une partie de sa vie que le film va décrire dans un mouvement de balancier, de la nuit au jour, de l'oisiveté au travail car le jeune homme raconte qu'il passe son temps à faire la fête mais qu'il n'a pas le sou, si ce n'est pour se payer un petit coup dans le café qui est sous sa chambre.

La voix off est omniprésente, le film n'est pas en son direct et c'est cette solution qu'Alain Cavalier a choisi pour sa narration, le commentaire de l'Américain est à la fois un récit et des considérations personnelles sur cette vie de patachon qu'il mène, sur ce rêve français de devenir artiste qui s'est évaporé au fil des mois de sa présence à Paris. Il croise aussi certains de ses compatriotes à Montmartre aussi désœuvrés et désargentés que lui.

Il sera toujours habillé de son t-shirt blanc qui commence à être sérieusement élimé. Ce qui l'intéresse, c'est les filles. Mais il doit trouver du boulot et ce sera vendeur de journaux américains. Je ne peux pas m'empêcher de penser à Jean Seberg dans A bout de souffle dans ce personnage et ce court-métrage apparaît alors comme une ébauche du film de Jean-Luc Godard auquel le cinéaste suisse aurait piqué quelques idées. Qui sait ?


Le film montre l'épreuve de la solitude, cet Américain a le regard triste et se rend compte que la vie qu'il est en train de mener est l'inverse de ce pourquoi il a quitté son pays pour venir en France. Il montre l'épreuve de la banalité, de l'amertume, de ce sentiment que plus rien ne tourne très bien et c'est montré quand enfin il rencontre une fille qui tente de le remettre sur la voie de la sculpture, rien n'y fait, il s'ennuie même avec elle.














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