Pour
lancer le road movie du premier film de Virginie Thévenet, il faut
une automobile, si possible décapotable et rouge vif, la couleur la
passion amoureuse, du sang qui circule, de l’effervescence. La
voiture appartient à Louise (Caroline Loeb) qui débarque dans
l'appartement de son amie Jezabel (Jezabel Carpi) en costume pour
homme, conçu par Agnès déclare Louise avec cette petite moue que
l'actrice chanteuse a développé depuis toujours et si
reconnaissable, il s'agissait d'Agnès B.
La
styliste n’apparaît pas dans le film mais on voit Christian
Louboutain (orthographié comme tel) dans une scène de café avec
autour de lui Pascal Greggory ou Eva Ionesco, plus tard Jean-Pierre
Kalfon et d'autres, pour ne parler que des visages les plus connus.
Le film est une plongée en direct dans le milieu des années 1980 et
cette cette scène de repas, très bavarde et censée être
spirituelle, est le lancement de La Nuit porte jarretelles, on y
découvre le partenaire de Jezabel.
Elle
jette son dévolu sur un petit jeune, il se prénomme Ariel (Ariel
Genêt), il est mignon comme tout, timide comme il faut, souriant
sans ostentation. Jezabel décide de l'appeler Arlinino en chantant
ce surnom, un petit nom charmant qui a pour but de l'infantiliser, de
devenir sa maman, mais une maman qui va le dépuceler, qui décide de
lui apprendre la vie, de le délurer. Louise accepte de leur laisser
sa décapotable et c'est parti pour une nuit dans Paris.
Ce
qui tient lieu de scénario pendant 80 minutes, ce sont
essentiellement des discussions au fil des étapes de ce road movie
minimaliste entre Ariel et Jezabel, ils parlent, surtout elle très
bavarde, de tout et de rien, elle le met très vite dans son lit, se
promène toute nue derrière un paravent, il reste en caleçon sous
le drap, la moue au visage. Surtout, ces deux personnages disent tout
ce qu'ils pensent, comme s'ils réfléchissaient à voix haute de ce
qui leur arrive.
Tout
commence vers Strasbourg-Saint-Denis, dans le quartier chaud de
Paris, chez les putes, avec une visite des sex-shops, des
strip-teaseuses, des néons si godardiens, des rencontres interlopes
mais qui se terminent toute bien. Tout le film est centré sur la
sexualité avec un glissement progressif vers le sentiment, car
Jezabel prétend seulement vouloir coucher mais elle comprend petit à
petit qu'elle tombe amoureuse de ce charmant jeune homme si différent
d'elle.
On
croise Arielle Dombasle en secrétaire peu serviable, Dominique
Besnehard gueule devant un bar, on va au bois de Boulogne, on va
voir un film au Majestic la salle de Frédéric Mitterrand, Jezabel
essaie de convaincre son petit jeune de coucher avec des travestis,
avec un homme, comme si elle essayait de se provoquer une séparation
brutale. Et on entend une chanson composée par Virginie Thévenet,
le film agit comme un précipité de Paris en 1984, fascinant.
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