vendredi 7 juin 2019

La Nuit porte jarretelles (Virginie Thévenet, 1984)

Pour lancer le road movie du premier film de Virginie Thévenet, il faut une automobile, si possible décapotable et rouge vif, la couleur la passion amoureuse, du sang qui circule, de l’effervescence. La voiture appartient à Louise (Caroline Loeb) qui débarque dans l'appartement de son amie Jezabel (Jezabel Carpi) en costume pour homme, conçu par Agnès déclare Louise avec cette petite moue que l'actrice chanteuse a développé depuis toujours et si reconnaissable, il s'agissait d'Agnès B.

La styliste n’apparaît pas dans le film mais on voit Christian Louboutain (orthographié comme tel) dans une scène de café avec autour de lui Pascal Greggory ou Eva Ionesco, plus tard Jean-Pierre Kalfon et d'autres, pour ne parler que des visages les plus connus. Le film est une plongée en direct dans le milieu des années 1980 et cette cette scène de repas, très bavarde et censée être spirituelle, est le lancement de La Nuit porte jarretelles, on y découvre le partenaire de Jezabel.

Elle jette son dévolu sur un petit jeune, il se prénomme Ariel (Ariel Genêt), il est mignon comme tout, timide comme il faut, souriant sans ostentation. Jezabel décide de l'appeler Arlinino en chantant ce surnom, un petit nom charmant qui a pour but de l'infantiliser, de devenir sa maman, mais une maman qui va le dépuceler, qui décide de lui apprendre la vie, de le délurer. Louise accepte de leur laisser sa décapotable et c'est parti pour une nuit dans Paris.

Ce qui tient lieu de scénario pendant 80 minutes, ce sont essentiellement des discussions au fil des étapes de ce road movie minimaliste entre Ariel et Jezabel, ils parlent, surtout elle très bavarde, de tout et de rien, elle le met très vite dans son lit, se promène toute nue derrière un paravent, il reste en caleçon sous le drap, la moue au visage. Surtout, ces deux personnages disent tout ce qu'ils pensent, comme s'ils réfléchissaient à voix haute de ce qui leur arrive.

Tout commence vers Strasbourg-Saint-Denis, dans le quartier chaud de Paris, chez les putes, avec une visite des sex-shops, des strip-teaseuses, des néons si godardiens, des rencontres interlopes mais qui se terminent toute bien. Tout le film est centré sur la sexualité avec un glissement progressif vers le sentiment, car Jezabel prétend seulement vouloir coucher mais elle comprend petit à petit qu'elle tombe amoureuse de ce charmant jeune homme si différent d'elle.


On croise Arielle Dombasle en secrétaire peu serviable, Dominique Besnehard gueule devant un bar, on va au bois de Boulogne, on va voir un film au Majestic la salle de Frédéric Mitterrand, Jezabel essaie de convaincre son petit jeune de coucher avec des travestis, avec un homme, comme si elle essayait de se provoquer une séparation brutale. Et on entend une chanson composée par Virginie Thévenet, le film agit comme un précipité de Paris en 1984, fascinant.


























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