Ah
les belles tignasses que voilà ! La jeunesse de 1987 des Jeux
d'artifices le deuxième film de Virginie Thévenet, porte une
chevelure libre et ondulée, à l'image de ces groupes de pop qui
fleurissaient sur les bandes FM, je pense aux Max Valentin qui
accompagnait Etienne Daho dans ses tournées, lequel vient faire un
petit tour dans le film pour se faire prendre en photo par Eric (Gaël
Séguin) et Elisa (Myriam David) avec la complicité de leur ami
Jacques (Ludovic Henri).
Etienne
Daho n'est pas le seul à être photographié, c'est toute une
ribambelle qui défile devant l'objectif. Daho est en Joconde, Marco
Prince le chanteur de FFF est en Napoléon, Ariel Genêt, présent
dans La Nuit porte jarretelles, tout en blondeur peroxydé est Al
Johnson soit le chanteur de jazz de 1927 et quelques autres encore.
Les photos sont de Pierre et Gilles mais ce qui plaît est
l'artisanat que le trio met pour créer ces photos. C'est très beau.
Seulement
voilà, Eric en a un peu marre que sa sœur Elisa ramène tant
d'hommes à la maison, il est un peu jaloux. Virginie Thévenet ne le
cache pas, ne serait que le dernier plan pour l'affirmer haut et
fort, Jeux d'artifices est une version moderne des Enfants terribles
de Jean Cocteau. Le frère et la sœur sont en symbiose totale, ils
partagent la même chambre, c'est-à-dire qu'ils ont posé leur
matelas l'un à côté de l'autre.
C'est
presque de l'inceste qui se dégage de leur rapport, de la relation
compliquée qu'ils entretiennent malgré cette symbiose. Eric
n'hésite pas à se masturber sous ses draps et suggère à Elisa de
faire de même, Elisa débarque totalement nue après avoir couché
avec un des ces hommes que son frère a pris en photo. Autant dans La
Nuit porte jarretelles, Virginie Thévenet ne parlait que de
sexualité, autant dans Jeux d'artifices on évite royalement le
sujet.
Aucune
pudeur à cela, c'est qu'Eric et Elisa vivent dans un autre monde.
Comme chez Cocteau, ils s'isolent ne mangeant que quand ils ont faim
et encore, ils ne se font jamais à bouffer, ils ouvrent une boîte
de sardine et s'y jettent dessus comme la vérole sur le bas clergé.
Cette maison est l'un des décors les plus étranges donnés à voir,
là aussi on se croirait dans une demeure à la Cocteau, telle celle
de la Bête.
S'ils
débarquent dans cette maison construite par David Rochline, l'un des
amis de la réalisatrice, c'est qu'ils se sont fait viré de leur
appartement précédent par la propriétaire qui en avait marre
qu'ils ne paient pas le loyer. Car vivre à part, en marge – dans
une métaphore filée de ce cinéma dans lequel Virginie Thévenet
évolue – ce n'est pas ce qui rapporte le plus d'argent, ni permet
de faire des entrées au box office, pour continuer sur la métaphore.
La
sœur et le frère refuse l'aide de leur père (Philippe Colin, le
critique de cinéma, dans une courte scène) mais acceptent les
pellicules photo du père de Jacques (Claude Chabrol, parfait). Puis
arrive Stanislas (Dominic Gould), un Américain qui transformer la
vie d'Elisa, en premier lieu, puis celle d'Eric. Stan est follement
amoureux d'Elisa mais une distance constante est établie entre eux,
toujours ce refus du sexe.
Il
ne sera pas vraiment dit combien de temps dure ce récit,
c'est-à-dire combien de mois vivent reclus Elisa et Eric dans ce
bric-à-brac et ce décor gigantesque. Ils sortent parfois (le
récital d'Arielle Dombasle en compagnie de Chérubin alias Virginie
Thévenet), parfois le monde vient à eux (Frédéric Mitterrand
passe à la télé et radote avec ironie). Un jour, plus aucun homme
ne vient se faire prendre en photo.
Des
projets, Elisa en établit avec Stanislas, il veut l'amener en
Amérique, à New-York. Chaque fois, elle cède au chantage affectif
de son frère, augmentant encore plus cette impression durable
d'inceste. En conséquence, le finale tout en non-dits a de quoi
étonner mais il est finalement logique pour les personnages, il
place le récit hors de ces murs malfaisants dans l'une des rares
scènes hors de l'appartement, hors de Paris.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire