90's
(Jonah Hill, 2018)
Teen
Movie 1. Ça fait un certain temps que Jonah Hill n'a pas été dans
un film, c'est peut-être une simple impression ou tout simplement il
était occupé à tourner son premier film. Il a fait le choix de
l'extrême simplicité, le genre de film qui demande le plus de
travail. Ce qui frappe dans 90's est l'authenticité qui s'en
dégage, tout autant que dans The Smell of us de Larry Clark mais sur
un mode totalement opposé. Jonah Hill fait le pari de la douceur ce
qui n'exclut pas les disputes, les jalousies (entre les deux plus
jeunes de la bande), les colères, les accidents plus ou moins
graves. L'authenticité au cinéma c'est ce sentiment du spectateur
qui surgit alors qu'on ne connaît rien au sujet (ici le skateboard
par une bande d'ados boutonneux au milieu des années 1990 à Los
Angeles) et que le film me parle quand même. Un peu comme Les
Beaux gosses. Jonah Hill fait une beau travail sur les chansons
et musiques qui illustrent les séquences (une séquence = une
chanson) sans systématisme, cela donne une tonalité à chaque
morceau.
Charlotte
a 17 ans (Sophie Lorain, 2018)
Teen
Movie 2. Loin des parcs à skate Los Angeles, un magasin de jouets du
Québec. La cinéaste choisit de filmer ces ados en noir et blanc et
pour nous Français, leurs dialogues sont sous-titrés en prenant
bien soin d'enlever toutes les expressions locales ainsi que les très
nombreux anglicismes. Cela produit un effet de distanciation
important d'autant que si le parler est cru (l'effet d'authenticité)
et les actes directes (on couche beaucoup, on travaille un peu), le
film se dirige vers le réalisme poétique. La jeune Charlotte du
film vient de comprendre que l'unique petit ami qu'elle n'a jamais eu
est gay. Alors elle se cherche. D'abord dans une sexualité
débordante puis dans l'abstinence, soit l'Amérique libre (celle du
Canada) et l'Amérique pudibonde (celle des USA). Il faut ainsi voir
le film comme une analyse clinique des rapports entre des mineurs
observés de manière anthropologique et du point de vue
cinématographique une comparaison entre le teen movie hollywoodien
et l'authentique vie des ados, soit un abyme, un gap comme diraient
les personnages.
Rocketman
(Dexter Fletcher, 2019)
l'alliance
entre l'histrion Taron Egerton et le tâcheron Dexter Fletcher avait
donné en 2016 l'un des films les plus pénibles du cinéma
britannique Eddie the eagle. Le duo remet ça et le résultat est à
l' hauteur. Rocketman est encore plus nul que Bohemian Rhapsody.
Taron en Elton John en fait des tonnes, je crois qu'il n'y a pas un
plan où il ne torde pas la bouche dans tous les sens, où il ne
roule pas les yeux. Ce biopic partiel (les 15 premières années du
chanteur) cherche pourtant à faire original, non pas en proposant
simplement des chansons connues mais en les transformant en comédie
musicale illustrant la vie d'Elton John (mettons comme dans Mamma mia
avec les chansons d'Abba) et là on se rend compte combien les
chansons de Bernie Taupin et Elton John sont cucul la praline. Autant
dire que j'attends sans aucune impatience les futurs films sur
d'autres chanteurs anglais, Boy George, George Michael, Phil Collins
ou qui sais-je Syd Barrett.
Godzilla
II roi des monstres (Michael Dougherty, 2019)
En
2014, Godzilla
était gentil, Hollywood en
avait décidé ainsi. Cinq ans plus tard, ils en font le roi des
monstres et c'est toute la ménagerie de la Toho qui revient un peu
partout sur la Terre réveillée par des ondes créées par une
savante folle (il n'y a pas que des savants fous). A vrai dire, ce
film joué par tous les acteurs d'une égale médiocrité où
personne ne semble une seconde croire à ce qu'il dit, d'une laideur
absolue, filmée dans une couleur maronnasse qu'on croirait tiré
d'une chiasse de producteurs sans âmes, plonge dans la religiosité
la plus couillonne qu'il m'aie été donnée de voir depuis
longtemps. Inoshiro Honda avait fait un Godzilla en 1954 qui était
l’œuvre de l'homme, de sa folie destructrice, maintenant Godzilla
est représenté comme le premier Dieu apparu sur notre planète et
oublié depuis. Il ne s'agit pas d'hérésie mais de révisionnisme
cinématographique. C'est horrible, honte à ceux qui ont fait ça,
sans doute des partisans de Donald Trump.
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