samedi 15 juin 2019

J'ai aussi regardé ces films en juin


90's (Jonah Hill, 2018)
Teen Movie 1. Ça fait un certain temps que Jonah Hill n'a pas été dans un film, c'est peut-être une simple impression ou tout simplement il était occupé à tourner son premier film. Il a fait le choix de l'extrême simplicité, le genre de film qui demande le plus de travail. Ce qui frappe dans 90's est l'authenticité qui s'en dégage, tout autant que dans The Smell of us de Larry Clark mais sur un mode totalement opposé. Jonah Hill fait le pari de la douceur ce qui n'exclut pas les disputes, les jalousies (entre les deux plus jeunes de la bande), les colères, les accidents plus ou moins graves. L'authenticité au cinéma c'est ce sentiment du spectateur qui surgit alors qu'on ne connaît rien au sujet (ici le skateboard par une bande d'ados boutonneux au milieu des années 1990 à Los Angeles) et que le film me parle quand même. Un peu comme Les Beaux gosses. Jonah Hill fait une beau travail sur les chansons et musiques qui illustrent les séquences (une séquence = une chanson) sans systématisme, cela donne une tonalité à chaque morceau.

Charlotte a 17 ans (Sophie Lorain, 2018)
Teen Movie 2. Loin des parcs à skate Los Angeles, un magasin de jouets du Québec. La cinéaste choisit de filmer ces ados en noir et blanc et pour nous Français, leurs dialogues sont sous-titrés en prenant bien soin d'enlever toutes les expressions locales ainsi que les très nombreux anglicismes. Cela produit un effet de distanciation important d'autant que si le parler est cru (l'effet d'authenticité) et les actes directes (on couche beaucoup, on travaille un peu), le film se dirige vers le réalisme poétique. La jeune Charlotte du film vient de comprendre que l'unique petit ami qu'elle n'a jamais eu est gay. Alors elle se cherche. D'abord dans une sexualité débordante puis dans l'abstinence, soit l'Amérique libre (celle du Canada) et l'Amérique pudibonde (celle des USA). Il faut ainsi voir le film comme une analyse clinique des rapports entre des mineurs observés de manière anthropologique et du point de vue cinématographique une comparaison entre le teen movie hollywoodien et l'authentique vie des ados, soit un abyme, un gap comme diraient les personnages.

Rocketman (Dexter Fletcher, 2019)
l'alliance entre l'histrion Taron Egerton et le tâcheron Dexter Fletcher avait donné en 2016 l'un des films les plus pénibles du cinéma britannique Eddie the eagle. Le duo remet ça et le résultat est à l' hauteur. Rocketman est encore plus nul que Bohemian Rhapsody. Taron en Elton John en fait des tonnes, je crois qu'il n'y a pas un plan où il ne torde pas la bouche dans tous les sens, où il ne roule pas les yeux. Ce biopic partiel (les 15 premières années du chanteur) cherche pourtant à faire original, non pas en proposant simplement des chansons connues mais en les transformant en comédie musicale illustrant la vie d'Elton John (mettons comme dans Mamma mia avec les chansons d'Abba) et là on se rend compte combien les chansons de Bernie Taupin et Elton John sont cucul la praline. Autant dire que j'attends sans aucune impatience les futurs films sur d'autres chanteurs anglais, Boy George, George Michael, Phil Collins ou qui sais-je Syd Barrett.

Godzilla II roi des monstres (Michael Dougherty, 2019)
En 2014, Godzilla était gentil, Hollywood en avait décidé ainsi. Cinq ans plus tard, ils en font le roi des monstres et c'est toute la ménagerie de la Toho qui revient un peu partout sur la Terre réveillée par des ondes créées par une savante folle (il n'y a pas que des savants fous). A vrai dire, ce film joué par tous les acteurs d'une égale médiocrité où personne ne semble une seconde croire à ce qu'il dit, d'une laideur absolue, filmée dans une couleur maronnasse qu'on croirait tiré d'une chiasse de producteurs sans âmes, plonge dans la religiosité la plus couillonne qu'il m'aie été donnée de voir depuis longtemps. Inoshiro Honda avait fait un Godzilla en 1954 qui était l’œuvre de l'homme, de sa folie destructrice, maintenant Godzilla est représenté comme le premier Dieu apparu sur notre planète et oublié depuis. Il ne s'agit pas d'hérésie mais de révisionnisme cinématographique. C'est horrible, honte à ceux qui ont fait ça, sans doute des partisans de Donald Trump.

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