jeudi 16 juin 2016

La Fille du 14 juillet (Antonin Peretjatko, 2013)

Quand le 29 juillet arrive, c'est le moment de partir en vacances. Ni une ni deux, il n'en faut pas plus à Pator (Vincent Macaigne) pour proposer à Hector (Grégoire Tachnakian) de quitter Paris et proposer aux filles de les accompagner. De toute façon, Pator, médecin fantoche et sans diplôme, vient de se faire virer de son boulot par les flics parce que son patron, le bon Docteur Placenta (Serge Trinquecoste), bon mais frappadingue, exerçait lui aussi la médecine illégalement depuis 1968 (ben oui, la révolution avait supprimé les diplômes cette année-là).

Hector a parlé à son ami de cette fille rencontrée le 14 juillet, elle portait une petite robe bleue et un foulard rouge. Cette fille au prénom énigmatique de Truquette (Vimala Pons) vend, lors du défilé de la Fête Nationale, le magazine révolutionnaire Commune, mais aussi des guillotines miniatures ou des pavés en éponge. Elle passe, sourire aux lèvres, devant les soldats et leurs gros engins, sur la place de l'Etoile. Hector veut partir avec elle et il décide d'appeler sa copine Charlotte (Marie-Lorna Vaconsin) pour les inviter.

Charlotte bosse avec Hector. Munis de leur belle casquette, ils sont gardiens au Louvre. Charlotte a convié Truquette à venir observer cet étrange garçon timide qu'est Hector. Entre deux cocktails aux fruits exotiques (Truquette tranche un ananas avec une hache), elles espionnent Hector, puis Charlotte pousse son amie à amorcer la conversation. Bon, s'ils se plaisent au premier coup d’œil (lui les a bleus, elle marrons), ils ne savent pas bien quoi se dire. Mais c'est parti pour les vacances à bord de la Mercedes de Pator.

Pas de chance. Les deux gars croyaient que les deux filles seraient seules et qu'ils pourraient les draguer tranquilou tandis qu'ils boivent du Champagne dans la bagnole (boire et conduire, ils n'ont pas choisi). C'était sans compter sur la présence inattendue du lourdingue frère de Charlotte. Berthier (Thomas Schmitt) va passer son temps à consulter le « Manuel de séduction », histoire de draguer Truquette. Une drague digne des comédies de Max Pécas, tout en conseils délicats et judicieux. Résultat : toutes ses tentatives sont des bides.

Berthier, au delà de son fonction de gros beauf portant un t-shirt McDo, a une utilité dans le récit de La Fille du 14 juillet, celle de séparer Truquette et Hector. Les deux personnages ne vont plus voyager vers la mer ensemble à cause d'un mauvais coup du frère. Lors d'une fête foraine, il profite d'une cohue, pour embarquer Truquette avec lui en piquant la voiture de Pator. Il avait réussi à leur prendre leurs portables. Hector ne peut plus appeler sa bien aimée. Le film à partir de ce moment suit les deux trajets en parallèle.

Séparés par les kilomètres, Hector et Truquette rêvent aux mêmes songes. Dans plusieurs séquences oniriques, Antonin Peretjatko fait se retrouver les deux amoureux dans la neige comme dans un roman de Tchekov. Tous deux rejouent les personnages de l'écrivain russe avec une once de poésie. Ils rêvent qu'ils se croisent, qu'ils font de la luge ensemble. Ces scènes, comme celle où Truquette et Hector, marchent sur les bouteilles de vin, procurent une respiration dans le film, des moments de calme et de repos pour le spectateur.

Il faut bien le dire, La Fille du 14 juillet ne lésine pas sur le rythme effréné, la diversité du comique et la variété des rencontres que fait la troupe. Des braqueurs déguisés en gendarmes, Pierre Merejkowski en protestataire déjanté, le lion du Tour de France qui prend la poudre d'escampette. Et surtout cette idée loufoque, cette annonce du gouvernement déclarant que les vacances sont annulées et la rentrée avancée d'un mois. Mine de rien, par petites touches bien vues, le film évoque la crise économique.

Je crois que la longue séquence chez le docteur Placenta est la plus forte du film, elle montre toute la folie de la mise en scène, l'astuce du cinéaste qui propose à ses acteurs de jouer facéties sur facéties. Et dans ce jeu-là, Vincent Macaigne et Serge Trinquecoste sont mirifiques. De la télé qui retransmet un jeu où on doit deviner Guy Debord au jazz endiablé en passant par le repas de la soupe à la viande servies dans des assiettes incongrues jusqu'au gamin déguisé en cloporte, tout est plus étonnant et jouissif dans cette séquence que je me lasse pas de regarder.




























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