mardi 21 juin 2016

Ça t'la coupe - Girl shy (Fred Newmeyer & Sam Taylor, 1924)

Girl shy fait partie de la veine romantique d'Harold Lloyd, comme Le Talisman de grand-mère, où son personnage est extrêmement timide, incapable de parler à une fille. En l'occurrence, Harold est ici atteint qu'un bégaiement particulièrement handicapant. Il n'arrive jamais à finir la moindre phrase, il a même du mal à regarder une dame arriver dans la boutique où il travaille. Il est tailleur pour dames dans le magasin de son oncle qui sort un sifflet pour arrêter son neveu de bégayer. Comment filmer le bégaiement dans un film muet ? Les intertitres ne sont pas utilisés (avec les lettres qui se répéteraient par exemple), tout se joue avec le visage d'Harold Lloyd, ses mimiques et le comique se poursuit jusqu'à ce coup de sifflet.

Harold est timide mais il se voit comme un grand séducteur. Il a écrit un livre sur l'art de la drague. Les séquences fantasmées où il décrit ses prétendues conquêtes féminines montrent un tout autre Harold. Il est alors ce personnage d'insupportable capricieux et arrogant. Le but du film est de parvenir à un équilibre entre ces deux facettes. Harold présente ce livre à un éditeur de Los Angeles et quitte pour une journée son patelin. L'éditeur le reçoit bien gentiment mais à la lecture du manuscrit, tout le monde se met à rire devant le ridicule des chapitres. Les secrétaires font semblant de se pâmer devant Harold qui ne rend pas compte qu'on se moque de lui. Si le livre n'est pas pris au sérieux pas l'éditeur, il pourrait être publié comme un livre comique, histoire de se faire un peu d'argent.

Dans ce train pour Los Angeles, Harold a rencontré Mary Buckingham (Jobyna Ralston) dont le patronyme dit bien qu'elle est une jeune femme riche. Le matérialisme de leur romance, coup de foudre spontané, se concrétise avec deux boites de biscuits vides qu'ils se sont échangées. Une fois séparés, les tourtereaux contemplent ces boites et se rappellent leur amour. Jusqu'à présent, c'est le meilleur film d'Harold Lloyd que j'ai vu. Les 20 dernières minutes sont composées d'une course poursuite effrénée, mise en scène comme un mouvement perpétuel. Harold Lloyd change de nombreuses fois de véhicule : train, voiture, cheval, moto, tramway. Tous les obstacles, toutes les personnes qui se trouvent sur son chemin constituent autant de gags hilarants. Je trouve émouvant, lors de ces séquences en décors naturels loin des studios, de découvrir le Los Angeles de 1924.


















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