lundi 13 juin 2016

Folles de joie (Paolo Virzi, 2015)

Même si elle avait fait quelques autres films auparavant, la première fois que j'ai vu Valeria Bruni Tedeschi, c'était dans Les Gens normaux n'ont rien d'exceptionnel de Laurence Ferreira Barbosa (1992). Depuis plus de 20 ans, l'actrice trimbale son personnage de femme borderline, un peu hors du monde. C'est sa voix, un peu éraillée, son sourire, souvent mal amorcé, qui font ce personnage de Beatrice dans Folles de joie.

Beatrice règne dans l'institution où elle séjourne. Au milieu de toutes les autres femmes malades, elle trône avec son ombrelle dans tous les coins, donnent des conseils tout autant aux médecins, aux bonnes sœurs, aux psychiatres qu'aux malades. Folles de joie s'élabore d'abord sur des enjeux de comédie, entre la réalité du lieu, un asile de fou, et la réalité de Beatrice qui se croit indispensable et ne cesse de parler, parler, parler.

Ce flot ininterrompu de paroles, épuisant mais tellement drôle, a la grande fonction de présenter les pensionnaires de l'asile, médecins comme malades, de montrer ce qui s'y passe, la thérapie par le travail. En l'occurrence, elles cultivent des plantes aromatiques qui seront ensuite vendues. Elles reçoivent un salaire. Ce n'est pas un hôpital lugubre mais au contraire une vaste maison baignée par le soleil, avec un vaste parc floral.

Beatrice n'a pas encore le droit de sortir de l'institution, contrairement à d'autres malades. Qu'à cela ne tienne, elle va s'occuper largement avec l'arrivée de Donatella (Micaela Ramazotti), aussi taiseuse que Beatrice est bavarde. Par un concours de circonstance, elle se fait passer pour un médecin, s'enquiert des médicaments qu'elle prend, l’ausculte, avant d'être découverte par l'équipe soignante et d'être grondée comme une enfant.

Tout les oppose, Donattella est une grande tatouée brune dans la vingtaine qui s'habille tout en noir, Beatrice est une blonde qui porte des robes colorées. Cette dernière trouve une oreille attentive à tous ses délires. Beatrice peut enfin causer de son passé, de tous ceux qu'elle prétend connaître, un juge, un prince, un riche homme d'affaires. Les autres malades et les médecins sont ravis de ne plus avoir à écouter toutes ses palabres délirantes.

Comme on le voit sur l'affiche, les deux femmes quittent l'asile pour un voyage à travers l'Italie à la recherche de leur passé que l'on découvre petit à petit. Tout commence dans un château (celui de la propre mère de Valeria Bruni Tedeschi) où elles dérobent cette voiture rouge. Paolo Virzi mêle habilement la grande gaudriole avec des moments d'émotion parfois légèrement forcés et alourdis par le flashback. Mais c'est quand même pas mal.

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