mercredi 22 juin 2016

A bout portant (Donald Siegel, 1964)

Dans le coffret La Collection cinéma cinémas, deux reportages ont pour objet A bout portant, ceux autour de Don Siegel et d'Angie Dickinson, de quoi éveiller ma curiosité. Le générique du film, tout en couleurs rouge sang, est très beau et n'est pas sans me rappeler l'imagerie des films de gangsters de Seijun Suzuki auquel je suis plus habitué que les polars américains. La sophistication de la mise en scène de Donald Siegel (ainsi qu'il est nommé dans le générique) prend souvent le pas sur le récit, somme toute classique.

Lee Marvin et Clu Gulager sont respectivement Charlie et Lee, duo de tueurs à gages portant des lunettes noires, impeccablement coiffés, revêtant de beaux costumes. Dans le cadre, parfois oblique histoire de bien rappeler à quel point ils sont hors contrôle, Charlie cause, pose des questions et flingue et Lee tourne autour de lui, comme dans un ballet, se saisit des objets, hume une fleur, mange un bout avec un sourire mutin. Etrange duo, sont-ils simples associés, père et fils ou, et pourquoi pas, un couple ?

Les deux tueurs rentrent dans une école pour aveugles. Fabuleuse scène d'ouverture où ils avancent avec leurs lunettes noires au milieu d'aveugles aux yeux morts, mais eux sans lunettes. Leur cible : Johnny North (John Cassavetes), l'un des professeurs de l'école. A mon grand étonnement, il est tué dans les cinq premières minutes du film. Et au grand étonnement de Charlie et Lee, il se laisse tuer, sans rien dire, sans protester avec un léger rictus de contentement. Les deux tueurs vont devoir laisser tomber leurs lunettes noires pour éclaircir ce mystère.

A bout portant est construit autour de plusieurs flashbacks au gré des rencontres avec ceux qui ont connu Johnny North. Première rencontre : Earl (Claude Akins) le mécanicien. North aime les bolides et fait des courses de voiture. Sur un circuit, il fait la connaissance de Sheila Farr (Angie Dickinson) qui l'allume comme une durite dans un moteur à explosion. Earl ne voit pas d'un bon œil les visites de cette croqueuse d'hommes, femme libérée qui aime aussi la vitesse et n'hésite pas à bousculer Johnny dans les virages dans une course de kart.

Deuxième rencontre : Mickey Farmer (Norman fell) que Charlie connaît bien. Mickey est le bras droit de Jack Browning (Ronald Reagan, c'est le première fois que je vois un de ses films, quel médiocre acteur), un ancien filou devenu promoteur immobilier. Browning est le régulier de Sheila, et on comprend vite que tout tourne autour d'elle. Et petit à petit, Charlie et Lee commencent à comprendre ce qui unira les quatre hommes et la femme : le braquage d'un convoi postal qui transporte un million de dollars. Browning est le cerveau, North est le conducteur.

Don Siegel dresse le portrait d'hommes et d'une femme englués dans une sale histoire. Et pour montrer cela à l'écran, il multiplie les fluides (sueur pour Mickey ou Earl), la crasse (North a le visage plein de cambouis), les coups (Sheila se fait gifler et son visage est tuméfié plusieurs fois), le sang (sur les chaussures de Charlie). Il n'y a guère que Ronald Reagan qui garde sa coiffure bien gominée pendant tout le film à grands coups de gros plans, comme s'il était le seul à ne pas avoir compris qu'il est dans un pastiche. Seymour Cassel fait un court passage en fin de film.
























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