samedi 18 juin 2016

La Femme de mon pote (Bertrand Blier, 1983)

Entre le comique franchouillard (Banzaï) et le drame existentialiste (Tchao Pantin), le producteur Claure Berri concocte, en cette année 1983, pour son protégé Coluche une comédie romantique douce amère. C'est Bertrand Blier qui se colle au scénario (avec Gérard Brach) et à la réalisation. Dans ses années fastes, les films du cinéaste reposaient sur des situations incongrues liées entre elles par un néo surréalisme et un sens inné de l'absurde. La Femme de mon pote repose tout entier sur ses répliques (admirablement bien interprétées) et sur les regards entre les personnages.

C'est un titre à la première personne, chose rare dans le cinéma de Bertrand Blier. Micki le personnage qu'incarne Coluche ne parle pas de lui dans ce titre, mais de Viviane (Isabelle Huppert), la nouvelle petite amie de son meilleur ami Pascal (Thierry Lhermitte). Il est entre les deux amants qui viennent de se rencontrer à Courchevel où les deux potes travaillent en saison, Pascal dans un magasin de fringues de ski et Micky qui est DJ dans une boîte de nuit. Cette absence dans le titre de Micky est au cœur du récit, c'est un personnage qui existe à peine, transparent, sans charme.

Pascal est désigné d'emblée comme un séducteur impénitent. Quand il débarque au petit matin chez Micky, dans un appartement rempli de bric-à-brac, Pascal avec une tête affligée, annonce qu'il est encore tombé amoureux. Encore ! Et il veut l'aval de son pote. Pascal ne se fait pas de souci, Micky ne risque pas de lui piquer sa nouvelle copine. Et Micky vient observer la nouvelle conquête, une superbe bimbo blonde à qui Isabelle Huppert offre toute la sensualité possible. Elle y parvient sans mal, allongée sur le lit. Micky va bien entendu tomber amoureux d'elle.

La Femme de mon pote se déroule dans un décor unique. Une maison de bois au milieu des pistes de neige. Quand le trio déjeune sous le soleil, les skieurs remontent les pentes devant leurs assiettes. « Bonjour », disent-ils. A l'étage, un grand salon (« on pourrait mettre de la musique » dit Viviane « on n'a pas de musique » rétorque Micky). En bas, la chambre (« tu lui as apporté son petit déjeuner ? » demande Pascal, « comme d'habitude » répond Micky). A l'extérieur, un escalier mène à la salle de bains. Micky va s'y installer pour être plus près de Viviane.

Je n'avais pas vu La Femme de mon pote depuis bien 30 ans. Ce qui m'a le plus frappé, c'est sa douceur, les lents mouvements de caméra pour capturer le drame qui va se nouer entre le trio. Bertrand Blier abandonne les confrontations rugueuses qui font son génie pour un glissement des dialogues entres plusieurs scènes dans les différentes pièces. Ce qui m'a encore plus frappé, c'est l'utilisation de la musique de J.J. Cale pour la bande sonore, du blues entraînant mais mélancolique en contrepoint de la dérive des sentiments.























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