vendredi 3 juin 2016

Aventures en Birmanie (Raoul Walsh, 1945)

Le scénario d'Aventures en Birmanie ne pouvait pas être plus simple. Le Capitaine Nelson (Errol Flynn) a une mission. Avec son escouade de parachutistes, il va être largué au beau milieu de la jungle infestée de soldats japonais pour faire sauter un radar. Voilà, l'objectif est on ne peut plus clair, il est expliqué par les supérieurs de Nelson. Ensuite, les paras devront revenir à la base, et c'est que Raoul Walsh va instiller à son récit le suspense : comment vont-ils s'en sortir, qui ne survivra pas, où se cachent les Japonais ?

En cette dernière année de seconde guerre mondiale, le public américain a encore besoin d'être renseigné sur le conflit. Voilà pourquoi les cinq premières minutes du film sont consacrées à l'explication de la situation en Asie. Avec de nombreux stock shots (on voit d'ailleurs le général Merrill, celui des Maraudeurs attaquent, le très sous-estimé film de Samuel Fuller), le montage permet d'installer une forme inédite chez Raoul Walsh, celle du film documenté. Son film sera plus réaliste que d'habitude.

Pour accentuer ce côté documentaire, Nelson et ses hommes seront accompagnés par Mark Williams (Henry Hull), un journaliste venu écrire un long papier sur ces hommes. Les 35 parachutistes, comme les officiers et généraux en place pour diriger les troupes, sont tous très jeunes. Le reporter est plus vieux, Nelson lui fait remarquer, son âge pourrait être un obstacle à leur retour. Ils devront marcher 200 km pour revenir à la base. L'un des volets du suspense repose sur l'affaiblissement du journaliste.

Avec autant de personnages en mission, il est impossible de tous les caractériser, de développer leurs différences et leurs ressemblances. Raoul Walsh les filme d'abord dans leur quotidien, dans l'attente de la mission, avec un humour guilleret. Ils se baignent dans une marre, ils vont au coiffeur ou se font soigner une dent, ils jouent au baseball, font des balades à dos d'éléphant ou plus simplement font la lessive. La routine va être abandonnée dès qu'ils grimpent dans l'avion cargo duquel ils vont sauter.

Parmi tous ces soldats, seule une poignée va être développée. Jacobs (William Prince) porte la carte et contacte la base comme les pilotes qui vont larguer des vivres et des munitions pendant leur parcours. L'élément comique est dévolu à George Tobias, l'acteur qui jouera 20 ans plus tard Monsieur Kravitz dans la série Ma sorcière bien aimée. Il sort régulièrement une blague pour remonter le moral de ses camarades. Mais le film ne sort pas des clichés sur les soldats : ils ne pensent qu'à leur premier geste revenus au pays.

Raoul Walsh s'attache à filmer l'escouade dans la difficile traversée de la jungle birmane (filmée en Californie du nord). L'enjeu principal : qui va survivre à la chaleur, la faim, la peur ? Tant que les Japonais ne sont pas là, le ton reste celui de la comédie, dès qu'ils canardent les parachutistes, le terrible suspense, largement phagocyté par une musique tonitruante, se lance. Gros plans sur la sueur, barbe naissante, uniformes détériorés, la photographie de James Wong Howe magnifie ce voyage de douleurs.


















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