Ce
sont les meilleures ennemies du monde. La première s'appelle
Madeline (Meryl Streep), la seconde Helen (Holdie Hawn). Quand elles
se retrouvent dans une réception mondaine, elles se surnomment l'une
l'autre Mad et Hel, folle et enfer, histoire de bien
marquer la haine que les deux amies se portent en permanence. Elles
se connaissent depuis si longtemps, Madeline est devenue une actrice
populaire mais vieillissante, Helen n'est rien devenue du tout.
Le
spectacle que donne Madeline à Broadway en cette année 1978 est une
comédie musicale qualifiée par tous de ringarde. Mélange dégénéré
de danse des années 1950 et de disco, lumière blafarde, costumes
clinquants, seule Madeline semble y croire, et encore ce n'est même
pas certain. Les spectateurs quittent la salle par poignée entière,
les applaudissements sont maigres, les visages défaits et navrés.
Ravie de cet échec, Helen va saluer Madeline dans sa loge.
L'enfer
va commencer pour Hel quand elle présente son époux Ernest (Bruce
Willis), le seul à avoir trouvé formidable le spectacle. Bruce
Willis est affligé d'une moustache ridicule, c'était la sinistre
période de l'acteur quand Hollywood pensait qu'il était fini après
le double bide Hudson Hawk (devenu un classique comique
depuis) et Le Bûcher des vanités (pas encore réhabilité).
Ernest est chirurgien esthétique et Madeline va mettre le grappin
dessus.
La
Mort vous va si bien passe sept ans plus tard, milieu des années
1980, le triomphe des années Reagan et celui de Madeline à
Hollywood. Helen, seule et solitaire, est devenue obèse et termine à
l'asile, obsédée qu'elle est par sa haine. Puis sept autres années
passent, Ernest et Madeline habitent une immense maison à Beverly
Hills. Elle a des amants, bien plus jeunes et plus musclés qu'Ernest
et ce dernier se contente de faire en sorte que Madeline reste jeune
et à la mode.
Ah
la jeunesse éternelle, voilà le sujet du film et le passage par une
créature sexy à souhait donc forcément démoniaque relance le
récit, Lisle Von Ruhman (Isabelle Rossellini), figure gothique
kitsch à moitié nue pendant ses quelques apparitions et vêtue
d'une fontaine de colliers de perles et diamants sur la poitrine.
Helen a retrouvé sa jeunesse et Madeline veut retrouver la sienne,
chacune est allée acheter une fiole de la précieuse potion de
Lisle. Tout Hollywood est passé voir Lisle.
Goldie
Hawn est plus à l'aise que Meryl Streep dans le rôle de
l'épouvantable pimbêche. Car c'est une bataille au-delà de la mort
qu'elles se livrent, Helen a convaincu Ernest de revenir (pure
vengeance et jalousie) et de tuer Madeline. Celle-ci dévale
l'escalier et se démembre, son cou ne tient plus son visage. Plus
tard, Helen aura un trou dans l'abdomen. Le corps comme
expérimentation, encore balbutiante, des effets spéciaux est
l'ambition formelle de La Mort vous va si bien.
Seulement
voilà, La Mort vous va si bien veut à la fois être une
comédie burlesque avec ses stars, une vague imitation de La Guerre des Rose, et donner une bonne grosse leçon de morale sur
l'état de Hollywood (comme Robert Altman avec The Player six
mois plus tôt). La férocité n'a jamais été le point fort de
Robert Zemeckis. La critique est puérile (oui, la jeunesse est une
malédiction à Hollywood, oui les actrices n'ont pas le droit de
veillir) mais le comique facétieux est souvent amusant.
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