Woman
at war est la jolie surprise de ce mois de juillet. Les plaines
d'Islande en format scope sur l'écran et au milieu cette femme en
guerre, Halla (Halldóra Geirharðsdóttir) – son prénom se
prononce Atla – qui prépare son arc et sa flèche pour tirer sur
des lignes à haute tension qui traverse ce paysage que le spectateur
a bien le droit d'admirer. Son combat est de faire capoter un accord
commercial entre l'Islande et une entreprise chinoise qui veut mettre
des pylônes partout en Islande.
C'est
donc sous des atours politiques que commence le récit entièrement
vu du point de vue de son héroïne. Un héroïne qui se bat avec des
moyens rudimentaires et ridiculise les autorités. C'est sur cette
opposition que l'humour léger mais permanent se distille. Des drones
sont envoyés pour trouver ce « terroriste », des
policiers armés patrouillent, des chiens sont lancés à sa
poursuite, rien n'y fait, Halla connaît la lande comme sur sa poche.
Une
autre woman entre dans le décor, c'est le nom de la chienne
de Sveinbjörn (Jóhann Sigurðarson) un vieux paysan qui va
participer, bien malgré lui, à la résistance contre les lignes
électriques. Plusieurs fois, il va protéger Halla, la transporter
dans son camion sous les brebis puantes, lui laisser sa vieille
voiture bleue et aussi la sauver quand elle se blessera à force
d'avoir attaquée, tel Don Quichotte, ces moulins de l'ère moderne.
Elle
est aidée par un fonctionnaire du gouvernement, Baldvin (Jörundur
Ragnarsson) participe à la chorale dirigée par Halla. Les autres
choristes soupirent de jalousie quand elle demande à Baldvin de
venir l'aider à faire des photocopies. Hop, ils glissent leur
smartphone dans le freezer (l'une des récurrences comiques) et
commencent à discuter du prochain plan d'attaque mais aussi des
risques encourus car la police est de plus en plus sur ses gardes.
D'ailleurs,
elle ne cesse d'arrêter un touriste espagnol (Juan Camillo Roman
Estrda) qui parcourt l'Islande en vélo (quel courage), là encore
dans un gag récurrent, décidément nombreux. Ces petites touches
d'humour ouvrent le film vers un portée politique décontractée,
tout comme ce groupe de musique islandais (trois jolis barbus en
costumes de gentlemen farmers) ou ces choristes ukrainiennes.
Le
film ne se contente pas d'être un sympathique brûlot politique aux
forts accents écologiques, Halla joue aussi dans un autre registre.
La solide quadragénaire apprend qu'elle a été acceptée pour
adopter une petite fille ukrainienne (c'est pour cela qu'elle
aperçoit le trio de chanteuses en costume local). Pour Halla la
question essentielle est désormais de savoir si elle pourra
continuer son combat quand elle sera maman, compte tenu des risques.
L'actrice
joue deux rôles. Halla et Asa sa sœur jumelle qui rêve de faire
une retraite chez un gourou en Inde. Asa apporte un peu de douceur à
Halla et au film. Ce double rôle accentue la dualité de Halla qui
multiplient les personnages dans un seul film, plus précisément les
personnalités avec une sensibilité d'équilibriste épatante sans
que Woman at war ne tombe dans les écueils démagogiques du
« feel good movie ».
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