jeudi 26 juillet 2018

Piège de cristal (John McTiernan, 1988) 2/2

Hans Gruber veut voler l'argent du milliardaire Takagi et John McLane va l'en empêcher. Voici l'intégralité du scénario de Piège de cristal. Cette maigreur narrative était ce que reprochait la critique de 1988. Par chance John McTiernan est un metteur en scène de génie et Piège de cristal est un chef d’œuvre de mise en scène. On prend du plaisir à l'histoire mais on en prend parce que tout mise sur l'action immédiate dans un axe vertical, évidemment c'est une tour, et un axe horizontal, plus discret mais qui décèle parmi les plans les plus beaux du film.

Comme il avait présenté la vie de John McLane, John McTiernan présente les étages de la tour. C'est en courant que McLane grimpe les escaliers passe d'étage en étage du 29e jusqu'au toit. Pieds nus donc et en marcel, il débarque dans les bureaux d'études de Takagi où d'immenses maquettes de ses projets architecturaux sont présentés. Ce sont des endroits idéaux pour se cacher quand arrivent Gruber et plusieurs sbires, ils ont emmené Takagi. McLane observe couché (axe horizontal), pistolet à la main prêt à dégainer, mais Gruber lui vole le geste et abat le milliardaire.

C'est une nouvelle échappée de McLane vers les étages supérieurs d'où il peut observer ce qui se passe qui relance l'action. Il lui faut un maximum de renseignements sur Gruber et sa bande, il lui en sera donné l'occasion avec une bonne blague (il met l'un des terroristes dans l'ascenseur) et s'allonge au dessus de l'ascenseur, en le faisant descendre, John McTiernan combine les deux axes et montre que McLane domine la situation. Ainsi placé, il peut écouter, en bon flic, les ordres de Gruber et apprendre combien il a d'hommes dans la tour.

L'ascenseur est au centre de cette première partie de chasse à l'homme, McLane l'emprunte de manière détournée, sur sa trappe puis à l'intérieur même de ses fondations pour échapper aux hommes, enfin dans les conduits d'aération, là encore il est couché mais dans un espace extrêmement réduit, sans lumière naturelle (il allume son zippo). John McTiernan s'amuse à filmer son acteur dans des jeux de lumières opposées et donnera l'image la plus iconique du film, John McLane allongé dans un mouvement horizontal douloureux, face caméra.

Il est temps de faire intervenir l'extérieur dans cet imbroglio en huis-clos pour apporter l'aide qui manque à McLane. Au fur et à mesure qu'il décime les hommes de Gruber, des personnages s'agglutinent au pied de la tour. Le premier, tout en rondeur, en circonvolution, à l'allure lente, au physique bonhomme est Powell (Reginald VelJohnson). Venu faire une ronde après l'alerte de McLane, il pense à un canular mais un corps jeté du haut de l'immeuble atterri sur le capot de sa voiture, la première chute verticale spectaculaire avant celle de Gruber.

Cette fois le film se partage entre trois lieux, McLane seul dans des conduits étroits où son débardeur devient noir, où ses pieds saignent, où il se met finalement torse nu, le dénuement physique n'est contrecarré que par les prises de guerre, chaque fois qu'il tue un terroriste, il prend ses armes. En dessous, Gruber perd pied, ses troupes panique et circulent dans tous les sens, inversant progressivement les données initiales sur le plan parfait de Gruber et l'improvisation de McLane.

Troisième situation, au pied de la tour. La mécanique narrative fait que à chaque homme de main de Gruber tué par McLane correspond l'arrivée d'un personnage au pied de la tour. Chacun veut devenir le héros qui va vaincre Hans Gruber. Robinson (Paul Gleason) le chef-adjoint du LAPD borné qui brime Powell, le journaliste sans scrupules Dick Thornburg (William Atherton, déjà un affreux dans SOS fantômes) et deux agents du FBI Johnson et Johnson (Robert Davi et Grand L. Bush) variation belliqueuse des Dupont et Dupond de Tintin.

« Il n'y a que John pour rendre dingues les gens » dit Holly à une de ses collègues. Outre les flingues et les explosions, McLane affronte Gruber par joutes verbales via talkie-walkie. Avec sa propension au sarcasme, il débine le moral de son ennemi peu habitué au « yippee-ki-yay motherfucker » du flic newyorkais, devenu le symbole du film. Piège de cristal, sublime production de Joel Silver a changé le cinéma d'action à Hollywood, le film a longtemps cantonné Bruce Willis dans ce rôle. Le film a 30 ans, il paraît rajeunir à chaque vision.

































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