Une
pluie sans fin (Dong Yue, 2018)
Comme
dans Sev7en, il pleut tout le temps, comme dans Memories of
murder, des jeunes femmes sont assassinées et retrouvées dans
un champ. La comparaison s'arrête là, ce film noir part vers
d'autres pistes pas toujours abouties. Hong Kong par exemple, puisque
le film se déroule pour l'essentiel en 1997 année de la
rétrocession, n'est évoqué que lointainement, la protégée du
personnage principal rêve d'y partir pour vivre une vie meilleure.
L'arrivée du capitalisme est plus précisément décrit, la
célébration du travail collectif en début de film cède la place à
la destruction de l'usine. Censure oblige, contrairement au film de
Bong Joon-ho, l'incompétence de la police à retrouver l'assassin
n'est jamais appuyé. Ce qui donne cet épilogue tarabiscoté qui
donne une explication comme résolution de l'enquête. Ce qui
convainc est ce personnage de vigile, l'air ahuri, le regard
halluciné, qui se rêve policier. Tout le monde le méprise sauf un
autre gars, plus jeune, qui le considère comme son maître
spirituel. Tout le récit est vu comme le long flash-back de ce
vigile et il ne se donne pas toujours le beau rôle. Mais un deuxième
épilogue tendrait à montrer que le vigile a peut-être fantasmé et
imaginé toute cette enquête sans fin. C'est cette tension entre le
réel noir et le fantasme qui importe dans ce premier film.
The
Guilty (Gustav Möller, 2018)
Jadis
on a eu Ryan Reynolds enfermé dans un cercueil (Buried), Tom
Hardy dans une voiture (Locke), maintenant Jakob Cedergren
dans un centre d'appel de secours danois. Le numéro pour avoir ces
policiers est le 512. Unité d'action, de temps et de lieu, du
théâtre filmé sur grand écran. Pendant 84 minutes, il est tout
seul (ou presque) à composer le récit de ce qui se passe à l'autre
bout du fil, à remettre en place les pièces du puzzle. Ça marche
un moment, les twists s'enchaînent et le film s'effondre dans ses
dernières minutes quand notre héros considère ce cas qu'il a à
traiter comme un moyen de rédemption car lui-même est dans la
situation décrite.
Paul
Sanchez est revenu ! (Patricia Mazuy, 2018)
Que
dire de gentil sur ce nouveau film de Patricia Mazuy, encore un polar
de l'été (il ne semble y avoir que ça cet mois de juillet) ?
Pas grand chose. Le récit se lance avec une voix extérieure, celle
d'un journaliste qui raconte cette histoire lors d'une interview télé
lors de la sortie de son roman. Dès le départ, tout sonne très
faux, je ne comprend pas vraiment ce narration qui se veut,
j'imagine, objective face aux deux subjectivités, celle de la jeune
policière qui rêve de résoudre seule l'enquête et celle de ce
Paul Sanchez joué par Laurent Lafitte engoncé dans son regard pas
content. Entre les deux, quelques flics aux caractères variés (le
vieux sage, le chien fou) et ce journaliste à la recherche de scoop
pour partir bosser à BFM (la chaîne info des faits divers
crapuleux). Le film semble dater des années 1980 même la grande
révélation finale ne soulève plus le moindre intérêt.
Roulez
jeunesse (Julien Guetta, 2018)
J'aime
beaucoup Eric Judor. Roulez jeunesse n'est pas aussi
croustillant que Problemos, pas aussi drôle, pas aussi bien
écrit, mais il recèle quelques moments non seulement cocasses mais
également d'une rare justesse dans le milieu de la comédie
française. Le rythme du film est proche de celui du Doudou,
un road movie (en voiture de dépannage) en mode minimaliste pour
trouver la maman de trois enfants particulièrement pénibles. Ça
serait épatant si Malik Bentalah faisait un duo avec Eric Judor dans
un bon film.
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