C'est
sur Facebook que j'ai appris la mort de Tab Hunter survenue le 8
juillet. Aujourd'hui, il aurait fêté son 87 anniversaire. J'ai vu
peu de films avec Tab Hunter si ce n'est Le Cri de la victoire
de Raoul Walsh. En 1981, il joue dans Polyester de John Waters
et chante même la chanson titre (écrite par Debbie Harry) dont les
paroles sont « Francine Polyester Queen ». Polyester est
ce film en odorama, comme l'explique un soi-disant savant. A sa
sortie (mais aussi en DVD) était délivrée une carte à gratter
avec 10 odeurs quand les chiffres apparaissent sur l'écran. Pour
rappel, c'est dans Pink Flamingo que Divine mange une crotte
de chien et non dans Polyester.
Tab
Hunter n'arrive qu'en milieu de film, présenté comme un fantasme
absolu, sourire ravageur et costume blanc chic. D'ailleurs Francine
(Divine) rêve de lui. Elle l'imagine nu, sortant de la douche,
serviette sur les épaules, dans une semi obscurité, le regard
dirigé vers elle donc vers le spectateur. Todd Tomorrow, tel est le
nom du personnage de Tab Hunter, est le séducteur né. L'acteur a
longtemps joué ce rôle d’icône sexuelle dans les années 1950.
John Waters joue avec cette image publique d'autant plus trompeuse
que Tab Hunter était gay, il a été, selon son autobiographie, l'un
des amants d'Anthony Perkins.
Avant
sa rencontre avec Todd Tomorrow, la vie peu amusante de Francine est
décrite. Elle vit dans un petit lotissement de Baltimore. Elle est
mariée avec Elmer (David Samson) aux costumes vulgaire. Elmer tient
un cinéma porno et une manifestation de puritains a lieu devant leur
maison. Ils ont deux enfants. L'aînée s'appelle Lu-Lu (Mary
Garlington), une jeune femme délurée habillée moulant (son
pantalon est rouge), elle sort avec Bo-bo (Stiv Bators, un loubard,
le cadet se prénomme Dexter (Ken King), un obsédé sexuel qui
fantasme sur les pieds des femmes. Il est « l'écraseur »,
un délinquant qui écrase les pieds d'innocentes femmes.
Si
elle tombe si facilement dans les bras de Todd, c'est que le monde de
Francine est en train de s'écrouler. Elmer a une maîtresse, sa
« secrétaire » Sandra Sullivan (Mink Stole), étrangement
coiffée de dreadlocks, tous deux commencent à harceler la pauvre
Francine qui sombre dans l'alcool. Sa mère (Joni Ruth White) ne
cesse de la rabaisser, de la critiquer, de se plaindre de ses choix
de vie. Heureusement, la meilleure amie de Francine, Cuddles (Edith
Massey), ancienne femme de ménage devenue riche héritière de son
patron, vient la réconcilier, c'est la seule qui vient remonter le
moral de son amie.
La
si romantique aventure amoureuse entre Todd et Francine est filmée
comme dans un soap opéra, avec une chanson douce interprétée par
Bill Murray, des ralentis cucul la praline et des chatoyants chromos.
Il se présente comme l'exact inversé d'Elmer, le mari infidèle de
Francine. Todd tient un cinéma Art & Essai où l'on projette des
films de Marguerite Duras (mais en mode drive in, ironie suprême de
John Waters). Todd accompagne Francine partout, ils dansent ensemble,
font les mondains, mais plus important, ils ont une vie sexuelle.
Sa
vie s'améliore, Lu-Lu enceinte a été confiée à des nonnes (elle
a quitté Bo-bo), Dexter a été arrêté et s'est repenti en
devenant peintre (ses tableaux représentent des pieds chaussés de
femme). Mais cette romance est trop enchanteresse pour être vraie.
Dès que Francine ne regarde pas, Todd semble dégoûté par elle.
C'est que l'Apollon est payé par la méchante mère de Francine pour
la faire tourner en bourrique, pour mettre au tapin les enfants et
piquer tout le pognon. Comme d'habitude, John Waters expédie son
finale en mode hautement burlesque dans un happy end exagéré dont
personne n'est dupe.
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