mercredi 11 juillet 2018

Polyester (John Waters, 1981)

C'est sur Facebook que j'ai appris la mort de Tab Hunter survenue le 8 juillet. Aujourd'hui, il aurait fêté son 87 anniversaire. J'ai vu peu de films avec Tab Hunter si ce n'est Le Cri de la victoire de Raoul Walsh. En 1981, il joue dans Polyester de John Waters et chante même la chanson titre (écrite par Debbie Harry) dont les paroles sont « Francine Polyester Queen ». Polyester est ce film en odorama, comme l'explique un soi-disant savant. A sa sortie (mais aussi en DVD) était délivrée une carte à gratter avec 10 odeurs quand les chiffres apparaissent sur l'écran. Pour rappel, c'est dans Pink Flamingo que Divine mange une crotte de chien et non dans Polyester.

Tab Hunter n'arrive qu'en milieu de film, présenté comme un fantasme absolu, sourire ravageur et costume blanc chic. D'ailleurs Francine (Divine) rêve de lui. Elle l'imagine nu, sortant de la douche, serviette sur les épaules, dans une semi obscurité, le regard dirigé vers elle donc vers le spectateur. Todd Tomorrow, tel est le nom du personnage de Tab Hunter, est le séducteur né. L'acteur a longtemps joué ce rôle d’icône sexuelle dans les années 1950. John Waters joue avec cette image publique d'autant plus trompeuse que Tab Hunter était gay, il a été, selon son autobiographie, l'un des amants d'Anthony Perkins.

Avant sa rencontre avec Todd Tomorrow, la vie peu amusante de Francine est décrite. Elle vit dans un petit lotissement de Baltimore. Elle est mariée avec Elmer (David Samson) aux costumes vulgaire. Elmer tient un cinéma porno et une manifestation de puritains a lieu devant leur maison. Ils ont deux enfants. L'aînée s'appelle Lu-Lu (Mary Garlington), une jeune femme délurée habillée moulant (son pantalon est rouge), elle sort avec Bo-bo (Stiv Bators, un loubard, le cadet se prénomme Dexter (Ken King), un obsédé sexuel qui fantasme sur les pieds des femmes. Il est « l'écraseur », un délinquant qui écrase les pieds d'innocentes femmes.

Si elle tombe si facilement dans les bras de Todd, c'est que le monde de Francine est en train de s'écrouler. Elmer a une maîtresse, sa « secrétaire » Sandra Sullivan (Mink Stole), étrangement coiffée de dreadlocks, tous deux commencent à harceler la pauvre Francine qui sombre dans l'alcool. Sa mère (Joni Ruth White) ne cesse de la rabaisser, de la critiquer, de se plaindre de ses choix de vie. Heureusement, la meilleure amie de Francine, Cuddles (Edith Massey), ancienne femme de ménage devenue riche héritière de son patron, vient la réconcilier, c'est la seule qui vient remonter le moral de son amie.

La si romantique aventure amoureuse entre Todd et Francine est filmée comme dans un soap opéra, avec une chanson douce interprétée par Bill Murray, des ralentis cucul la praline et des chatoyants chromos. Il se présente comme l'exact inversé d'Elmer, le mari infidèle de Francine. Todd tient un cinéma Art & Essai où l'on projette des films de Marguerite Duras (mais en mode drive in, ironie suprême de John Waters). Todd accompagne Francine partout, ils dansent ensemble, font les mondains, mais plus important, ils ont une vie sexuelle.


Sa vie s'améliore, Lu-Lu enceinte a été confiée à des nonnes (elle a quitté Bo-bo), Dexter a été arrêté et s'est repenti en devenant peintre (ses tableaux représentent des pieds chaussés de femme). Mais cette romance est trop enchanteresse pour être vraie. Dès que Francine ne regarde pas, Todd semble dégoûté par elle. C'est que l'Apollon est payé par la méchante mère de Francine pour la faire tourner en bourrique, pour mettre au tapin les enfants et piquer tout le pognon. Comme d'habitude, John Waters expédie son finale en mode hautement burlesque dans un happy end exagéré dont personne n'est dupe.

























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