Au
poste ! (Quentin Dupieux, 2018)
Au
poste ! est un très bon film mais il serait encore meilleur
si l'encombrement des auteurs surréalistes ne prenait pas autant de
place. Charmant hommage à Luis Buñuel et au Charme discret de la
bourgeoisie, verve des dialogues et répliques à la Bertrand
Blier période Buffet froid, coiffure d'Anaïs Demoustier
comme Catherine Deneuve dans Agent trouble de Jean-Pierre
Mocky. Le sens de l'absurde, dans son acception stricte « de
sourd », fonctionne en boucle désormais que Quentin Dupieux
enferme ses personnages dans une pièce. « C'est pour ça »,
comme dit tout le monde, que le grand air lui sied mieux que le
huis-clos. On s'amuse quand même follement dans cet imaginaire de
toc et de bric-à-brac.
American
nightmare les origines (Gerad MacMurray, 2018)
Cette
nouvelle production Jason Blum (avec Michael Bay, il faut le
préciser, ce dernier avait d'ailleurs produit Sans un bruit)
est moins subtile que Get out mais il est un formidable
pamphlet sur la présidence de Donald Trump. Derrière le film
d'épouvante se cache une attaque en règle du racisme du président
américain où des mercenaires russes habillés comme des nazis
viennent tuer des Noirs à Staten Island (l'un des cinq faubourgs de
New York) rebaptisé pour l'occasion Satan Island. A ma connaissance,
Donald Trump n'a pas twitté sur le film sans doute parce qu'il est
tout à fait d'accord avec ce qu'il voit sur l'écran.
Dogman
(Matteo Garrone, 2018)
Dire
que le nouveau est meilleur que son précédent l'horrible Conte
des contes est une évidence autant qu'un euphémisme. Comme dans
Gomorra, il s'attache à filmer une ville sinistre, un bloc de
béton inhumain où il enferme ses deux personnages, Marcello un
innocent qui exerce la profession de toiletteur pour chiens (sa
boutique s'appelle Dogman) et Simone un gros costaud, une brute sans
conscience qui fait se faire un plaisir pendant une bonne partie du
film à humilier, torturer, abuser du premier. On ne saura jamais ce
qui unit réellement les deux hommes, pourquoi Marcello sauve Simone
quand celui-ci se fait tirer dessus (au grand dam des amis de
Marcello qui n'en peuvent plus), pourquoi il se laisse manipuler.
C'est ce mystère qui fait tenir le film pendant une bonne heure pour
arriver à un finale grandiloquent que Matteo Garrone filme comme
s'il était Quentin Tarantino. Mais dès que les rôles semblent
s'inverser, le film s'écroule et on repart dans un déluge gore
vain.
The
Strange ones (Christopher Radcliff & Lauren Wolkstein, 2017)
Même
si l'on connaît le lien qui unit les deux personnages de The
Strange ones, l'adulte Alex Pettyfer et l'adolescent James
Freedson-Jackson, ce qui importe dans ce premier film indépendant
est la construction en puzzle où les pièces viennent se mettre
petit à petit en place pour dresser ce double portrait. Ce lien est
de l'inceste à moins que ce ne soit de la pédophilie sauf si c'est
plus complexe que cela. Les Cahiers du cinéma trouvent le film
terriblement putassier et je pense l'extrême opposé, c'est ce
trouble qui fait le film et c'est le point de vue de l'ado qui
s'exprime, Alex Pettyfer en un plan sur son visage se transforme en
pur fantasme sexuel. Le montage est certes tarabiscoté pour créer
ce petit malaise mais ça change des films remplis de vide où on
s'emmerde.
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