lundi 16 juillet 2018

J'ai aussi regardé ces films en juillet


Au poste ! (Quentin Dupieux, 2018)
Au poste ! est un très bon film mais il serait encore meilleur si l'encombrement des auteurs surréalistes ne prenait pas autant de place. Charmant hommage à Luis Buñuel et au Charme discret de la bourgeoisie, verve des dialogues et répliques à la Bertrand Blier période Buffet froid, coiffure d'Anaïs Demoustier comme Catherine Deneuve dans Agent trouble de Jean-Pierre Mocky. Le sens de l'absurde, dans son acception stricte « de sourd », fonctionne en boucle désormais que Quentin Dupieux enferme ses personnages dans une pièce. « C'est pour ça », comme dit tout le monde, que le grand air lui sied mieux que le huis-clos. On s'amuse quand même follement dans cet imaginaire de toc et de bric-à-brac.

American nightmare les origines (Gerad MacMurray, 2018)
Cette nouvelle production Jason Blum (avec Michael Bay, il faut le préciser, ce dernier avait d'ailleurs produit Sans un bruit) est moins subtile que Get out mais il est un formidable pamphlet sur la présidence de Donald Trump. Derrière le film d'épouvante se cache une attaque en règle du racisme du président américain où des mercenaires russes habillés comme des nazis viennent tuer des Noirs à Staten Island (l'un des cinq faubourgs de New York) rebaptisé pour l'occasion Satan Island. A ma connaissance, Donald Trump n'a pas twitté sur le film sans doute parce qu'il est tout à fait d'accord avec ce qu'il voit sur l'écran.

Dogman (Matteo Garrone, 2018)
Dire que le nouveau est meilleur que son précédent l'horrible Conte des contes est une évidence autant qu'un euphémisme. Comme dans Gomorra, il s'attache à filmer une ville sinistre, un bloc de béton inhumain où il enferme ses deux personnages, Marcello un innocent qui exerce la profession de toiletteur pour chiens (sa boutique s'appelle Dogman) et Simone un gros costaud, une brute sans conscience qui fait se faire un plaisir pendant une bonne partie du film à humilier, torturer, abuser du premier. On ne saura jamais ce qui unit réellement les deux hommes, pourquoi Marcello sauve Simone quand celui-ci se fait tirer dessus (au grand dam des amis de Marcello qui n'en peuvent plus), pourquoi il se laisse manipuler. C'est ce mystère qui fait tenir le film pendant une bonne heure pour arriver à un finale grandiloquent que Matteo Garrone filme comme s'il était Quentin Tarantino. Mais dès que les rôles semblent s'inverser, le film s'écroule et on repart dans un déluge gore vain.

The Strange ones (Christopher Radcliff & Lauren Wolkstein, 2017)
Même si l'on connaît le lien qui unit les deux personnages de The Strange ones, l'adulte Alex Pettyfer et l'adolescent James Freedson-Jackson, ce qui importe dans ce premier film indépendant est la construction en puzzle où les pièces viennent se mettre petit à petit en place pour dresser ce double portrait. Ce lien est de l'inceste à moins que ce ne soit de la pédophilie sauf si c'est plus complexe que cela. Les Cahiers du cinéma trouvent le film terriblement putassier et je pense l'extrême opposé, c'est ce trouble qui fait le film et c'est le point de vue de l'ado qui s'exprime, Alex Pettyfer en un plan sur son visage se transforme en pur fantasme sexuel. Le montage est certes tarabiscoté pour créer ce petit malaise mais ça change des films remplis de vide où on s'emmerde.

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