Bruce
Willis tire la gueule, débraillé, mal rasé, le corps rempli de
whisky, avachi dans sa bagnole où il décuve de sa terrible nuit, il
est embêté par trois gamins qui lui jette un rat crevé à la
gueule. Il sort son flingue et les effraie. Bruce Willis est Joe
Hellenbeck un détective privé à l'ancienne avec un bureau mal
éclairé, son nom écrit en majuscules sur la porte vitrée. Et il
fume cigarette sur cigarette avant de répondre au téléphone de son
meilleur ami qui lui propose une affaire, à la clé 500 $.
Cette
tonyscotterie tournée entre Jours de tonnerre, cet
irregardable film de bagnoles avec Tom Cruise et Nicole Kidman le
symbole du cinéma MTV et True romance polar grossier, est un
sommet de vulgarité, d'incohérences narratives, de chromos aux
couleurs criardes ne vaut que par le duo entre Bruce Willis et Damon
Wayans, variation de L'Arme fatale. Le film est cité, la
fille de Joe le regarde à la télé (la scène où Mel Gibson est
torturé). Depuis deux ans, Damon Wayans joue Roger Murtaugh dans la
série L'Arme fatale.
Alors
cette affaire donnée à Hellenbeck concerne une danseuse
strip-teaseuse (jouée par Halle Berry dans un de ses premiers rôles,
elle danse sur Get Off de Prince, l'une de ses chansons les plus
triviales). Assez vite, elle est assassinée, tout comme le meilleur
ami de Hellenbeck qui meurt d'une explosion de sa voiture. Ça meurt
beaucoup dès que notre anti-héros pointe le bout de son nez, mais
pour son meilleur ami, il n'est pas triste, Joe avait compris qu'il
était l'amant de sa femme Sarah (Chelsea Field).
Halle
Berry était la petite amie de Jimmy Dix, le personnage de footballer
américain que joue Damon Wayans, les deux hommes vont faire équipe,
chacun jouant sur un mode différent. Damon Wayans se voit attribuer
le sidekick comique, punchline à chaque réplique et Bruce Willis
est le bougon de service à qui on ne la fait pas. On imagine que le
duo aurait pu faire d'autres films, mais il n'en a pas été ainsi.
Dans Le Dernier samaritain, Joe est gêné par la présence de
Jimmy Dix qu'il prétend ne pas supporter.
Si
dissemblables a priori, les deux hommes se ressemblent beaucoup,
chacun possède une fêlure, un passé qu'ils n'arrivent pas à
enterrer, le côté psychologique du scénario. Jimmy Dix est accro à
la drogue à cause des douleurs aux genoux (c'est dur le football
comme le montre les rares scènes de match), Joe Hellenbeck a été
un garde du corps respectable, il bossait pour le sénateur Banyard
(Chelsie Ross). Mais un jour, Joe a frappé son patron quand il a
découvert qu'il frappait une prostituée dans son bureau. Depuis Joe
est tricard et alcoolique.
Ce
que Jimmy ignore est que Joe était son plus grand fan. Il
l'apprendra par la fille de Joe Darian (Danielle Harris) une
adolescente rebelle mais attachante. Elle sort un déluge d'insultes
à son père (pas facile d'être papa) avant de rejoindre le duo sans
avoir rien demandé. Ce sont d'ailleurs les meilleures scènes du
film, ce trio désaccordé qui ne cesse de se contredire, de tomber
dans les pièges de leurs ennemis mais ce sont ces caractères si
opposés qui vont devenir complémentaires et à la fin, Darian
admirera son papa.
Tout
le sel du film repose sur un suspense simple : qui peut bien en
vouloir à nos amis ? La corruption politique et sportive mon
ami ! Le sénateur Banyard demande de l'argent à Marcone (Noble
Willingham), le riche patron d'une équipe de football de Los
Angeles, look ad hoc de cow-boy sur un physique de nabab du pétrole.
Un type qui croit à l'ultra-libéralisme et fait tout pour
poursuivre son rêve américain. Tous les mauvais coups sont permis
et ça n'arrête pas, c'est évidemment plaisant surtout quand les
invraisemblances prennent le dessus.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire